Dudelange-Bettembourg – Les ministres François Bausch et Etienne Schneider ont donné le premier coup de pelle, hier. La livraison est prévue pour 2016.
Le long de la collectrice du Sud, les travaux pour le nouveau hub intermodal rail-route battent leur plein. (Photo : Fabrizio Pizzolante)
Voilà un projet dont le pays attend beaucoup. L’agrandissement spectaculaire du hub qui fait la liaison entre les camions et les trains permettra au Grand-Duché de renforcer son rôle de plaque tournante dans le transport de fret européen.
Associer la route et le rail dans le transport de fret, c’est une idée qui a de l’avenir. En tout cas, que ce soit aux CFL ou au gouvernement, la confiance règne. « Nous sommes idéalement situés au croisement des axes nord-sud et est-ouest en Europe. D’ici, nous pouvons facilement atteindre toutes les grandes régions industrielles d’Europe », vante Marc Wengler, le directeur général des CFL.
Le choix de l’ancien site de WSA, à proximité immédiate d’un nœud autoroutier et d’un aéroport dont le fret n’est pas la moindre des activités, tombait donc sous le sens.
> Un réseau européen à mettre en place
Maintenant que l’autoroute ferroviaire Bettembourg-Le Boulou (près de Perpignan), la première du genre en Europe, a démontré que la demande existait, il ne reste qu’à convaincre d’autres pays d’Europe d’investir dans ce système pratique et efficace. Ici, les transbordements sont réduits au minimum, puisque ce sont les camions qui installent directement les remorques sur le plancher pivotant des wagons. Un train peut ainsi contenir entre 35 et 40 camions.
Car un tel investissement (221 millions d’euros) n’a de sens que si l’exploitation peut être multidirectionnelle. « Nous sommes en train d’étudier la possibilité de créer une nouvelle liaison vers la Pologne (NDLR : Luxembourg-Poznan-Varsovie), indique Fraenz Benoy, directeur des activités de fret aux CFL. La suivante pourrait mener vers l’Atlantique : Calais ou Zeebruges ».
De telles liaisons ne sont pas simples étant donné que les infrastructures, les normes de sécurité et même la tension électrique des caténaires diffèrent selon les pays. « C’est un nouveau réseau européen qui est en train de se créer », affirme Barbara Chevalier (CFL Multimodal). À Bettembourg, deux plateformes de 700 mètres permettant de transporter 300 000 camions par an sont ainsi en train d’être construites.
L’affaire est plus simple pour le transport combiné car ce ne sont pas les camions qui prennent le train mais des conteneurs. Et ces infrastructures de transbordements utilisant de grandes grues sont plus courantes. « Il y aura la place pour six rangées de conteneurs installés sous un pont roulant et une aire spéciale pour le stockage des matières dangereuses », explique l’ingénieur en chef des CFL, Marc Widong.
Le site comprendra également une aire sécurisée où les routiers pourront s’arrêter sans craindre que leur réservoir d’essence ne soit vidé pendant la nuit. Ils pourront profiter là de sanitaires, loger dans un motel et manger dans un restaurant « à prix avantageux » qui leur sera réservé. « Une station-service proposant un service de lavage sera également à leur disposition, ce qui permettra de désengorger celles qui sont situées à l’entrée de Dudelange », promet l’ingénieur qui pilote le projet.
> Le ruisseau renaturé, une forêt plantée
François Bausch a souligné que si le hub causera nécessairement des nuisances pendant sa construction, les deux communes (Bettembourg et Dudelange) en sortiront forcément gagnantes. « Il y aura des bénéfices collatéraux ! a-t-il promis. Un nouvel échangeur Dudelange-Burange sera créé, ainsi qu’un rond-point. Pour diminuer le bruit venant de l’autoroute, qui est d’ailleurs plus élevé que celui qui émanera de l’Eurohub, nous installerons des murs antibruit le long de l’A3. Une piste cyclable sera également créée entre Dudelange et Bettembourg ».
En collaboration avec l’administration de la Nature et des Forêts, le ruisseau de Dudelange (Diddelengerbaach), aujourd’hui canalisé et qui coupe le site en deux, sera renaturé sur 300 mètres dans le but de créer un nouvel habitat humide. Sur les berges, 1,2 hectare de végétation herbacée, trois mares et un bois de chênes et de charmes de deux hectares seront implantés.
Sans compter que l’impact de la diminution du nombre de camions sur les routes aura un impact sur la qualité de l’air. On évalue que les économies en termes d’émission de CO2 seront multipliées par trois.
De notre journaliste Erwan Nonet