Et voilà, un nouveau scandale lié à la Commission européenne – chargée officiellement de «promouvoir l’intérêt général de l’Union européenne – a éclaté. Pendant son mandat de commissaire à la Concurrence (2004-2009), la Néerlandaise Neelie Kroes était directrice d’une société offshore aux Bahamas.
Mais hélas, la Commission dirigée par le Portugais José Manuel Barroso (2004-2014) n’a point besoin de révélations fracassantes de journalistes chevronnés pour être dans la pratique le meilleur allié des europhobes de tout poil. Il suffit pour cela de simplement observer la trajectoire suivie par les anciens membres de l’exécutif européen : selon un rapport de Corporate Europe Observatory et de LobbyControl, un tiers (9 sur 26) d’entre eux exercent aujourd’hui des rôles au sein d’entreprises ou d’autres organisations reliées à des grandes compagnies. Et la Luxembourgeoise de l’étape, Viviane Reding, n’est pas en reste. Elle est membre du conseil d’administration de la société minière Nyrstar, d’Agfa-Gevaert et administratrice de la Fondation Bertelsmann, tout en étant élue du Parlement européen. La palme du pantouflage revient évidemment à Barroso lui-même, devenu consultant pour la banque américaine Goldman Sachs, qui, aux yeux de nombreux citoyens européens, représente le diable en personne. Entre parenthèses, Neelie Kroes est actuellement conseillère rémunérée de Bank of America et d’Uber…
Oh, bien sûr ! Ces anciens commissaires n’ont enfreint aucune loi, argueront-ils, ils ont suivi les différentes procédures de contrôle, les avis du comité d’éthique ad hoc de l’actuelle Commission. Mais sérieusement, se rendent-ils compte que de telles pratiques sont intenables et injustifiables politiquement ? Qu’ils donnent raison aux critiques de tous horizons qui considèrent la Commission comme le paradis des lobbys et des multinationales ?
Il ne reste plus qu’à souhaiter bon courage à Jean-Claude Juncker pour redorer le blason d’une institution totalement discréditée, lui qui part déjà avec le handicap d’être l’ancien Premier ministre du Grand-Duché, perçu à l’étranger comme un paradis de l’évasion fiscale.
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)