Pas facile d’inciter les Italiens à faire des enfants : après avoir dû réviser il y a quelques semaines une campagne jugée sexiste, le gouvernement a dû supprimer une nouvelle affiche aux relents racistes.
Alors que la péninsule affiche le taux de natalité le plus bas de l’Union européenne, le ministère de la Santé a décrété le 22 septembre « Journée de la fertilité », avec une campagne sur les causes de l’infertilité. Début septembre, une partie des premiers visuels avait déjà provoqué une vague de contestations contre cette campagne perçue comme une mise en demeure sexiste et condescendante. « Bouge-toi, n’attend pas la cigogne », lançait l’un. « La beauté n’a pas d’âge, mais la fertilité si », disait un autre illustré par une jeune femme brandissant un sablier et semblant sous-entendre que les femmes ne parvenant pas à avoir d’enfants ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes.
Les blancs sont sains, les noirs se droguent
Après avoir promis de revoir sa copie, le ministère a dû retirer mercredi en urgence un nouveau visuel destiné à opposer les « bonnes » et les « mauvaises » habitudes susceptibles d’influer sur la fertilité. Les bonnes habitudes sont illustrées par deux couples blancs, blonds et souriant sur une plage, tandis que l’image des mauvaises montre un groupe de jeunes bruns, noirs ou aux cheveux crépus, apparemment en train de se droguer, persiennes fermées.
Dans un communiqué publié mercredi soir, la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, a annoncé le lancement d’une enquête internet et le limogeage du directeur de la communication du ministère. « Je suis consciente des polémiques (…) mais ce sont les faits qui sont importants. Et les faits sont qu’en Italie il y a 700 000 personnes qui veulent avoir des enfants mais n’y arrivent pas, et des millions de jeunes qui ne connaissent pas les questions de fertilité », a insisté la ministre en lançant le « Fertility Day » jeudi matin.
Dans les médias et sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix se sont cependant élevées pour rappeler qu’il existait aussi des obstacles sociaux et économiques à la natalité : taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes, congés de maternité mal protégés, crèches limitées… Avec seulement 8 naissances pour 1 000 habitants en 2015, l’Italie a l’un des taux de natalité les plus bas du monde. Au total, le pays a vu naître 485 000 enfants l’année dernière, moins de la moitié du niveau des années 1960.
Le Quotidien/AFP