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Nord mosellan : des coiffeuses dénoncent les magouilles


Pour le moment, quatre plaignantes sont montées au créneau devant les prud'hommes. (photo RL)

Ce ne serait pas un cas isolé : dans le Nord mosellan, les ex-salariées d’une même patronne multiplient les procédures pour dénoncer notamment des salaires impayés. Et les prud’hommes leur donnent raison.

Estelle a décidé d’être coiffeuse à son compte. Et Linda envisage également de suivre cette voie. Toutes deux se remettent à peine d’une bataille judiciaire qui les oppose à leur ancienne patronne. Les sociétés détenues par cette dernière ont en effet été condamnées par le conseil des prud’hommes de Thionville pour avoir accumulé les retards dans le versement de salaires et pour avoir carrément manqué de payer ses coiffeuses.

Estelle, 39  ans, et Linda, 36  ans, qui ont travaillé rue Foch à Hayange pendant plusieurs années, ne sont pas les seules plaignantes à qui les prud’hommes ont donné raison. Leur avocat, M e Jérôme Tiberi, a également assisté deux autres salariées, employées par la même patronne, mais dans un salon à Thionville. Car cette gérante aux méthodes jugées illégales a détenu, et possède toujours, plusieurs boutiques dans le secteur.

Des salons qui ouvrent et qui ferment au gré de liquidations judiciaires… « Les problèmes de versement de salaire ont duré près d’un an », souffle Estelle, ex-employée du salon Natur’Elle à Hayange. Elle a saisi le conseil des prud’hommes en référé (procédure d’urgence) en février 2014  : 4 800  euros d’indemnités lui ont été accordés dans la foulée. Mais si le jugement a été rendu rapidement, Estelle n’a touché qu’une partie de son dû en août 2015, une fois la liquidation judiciaire de la société propriétaire du salon prononcée. Soit 2  800  euros, correspondant aux impayés constatés.

Pour le reste, qui comprend les dommages et intérêts, cette trentenaire, mère de famille célibataire, attend toujours. S’agissant de Linda, la situation est encore plus tordue. Les retards de salaire et le comportement de la patronne (la même qu’Estelle) lui ont fait « péter les plombs ». Pas question pour la coiffeuse de risquer le licenciement pour faute grave (non sans conséquence financière) en abandonnant son poste.

Après six mois d’arrêt maladie pour dépression, elle est parvenue à obtenir une rupture conventionnelle il y a tout juste un an. « Car tant que le contrat n’est pas rompu, le salarié n’a droit à rien en termes d’indemnités chômage », rappelle son avocat M e Jérôme Tiberi.

Décision juridique en urgence

Au printemps dernier, les prud’hommes de Thionville ont là encore statué en urgence. Ils ont condamné la société, dont dépend cet autre salon hayangeois où Linda travaillait, à lui verser près de 8  500  euros (indemnités salariales, dommages et intérêts inclus). « Linda n’a pas pu s’inscrire à Pôle emploi avant que les prud’hommes ne statuent. Car l’employeur ne lui a jamais donné trace de la rupture de contrat », certifie M e Tiberi.

Cette maman de deux enfants a dû composer avec cela pendant des mois. Aujourd’hui, malgré l’ordonnance rendue par les prud’hommes, Linda n’a toujours rien touché. Son avocat a fait le nécessaire auprès d’un huissier pour entamer une procédure de recouvrement en vue de toucher l’argent. « Pour l’heure, nous n’avons pas de nouvelles », déplore-t-il.

Frédérique Thisse (Le Républicain lorrain)