Le centre de compostage du sud du pays, qui broie les déchets verts des 200 000 habitants du bassin de vie, passe sous gestion publique. Les onze emplois du site sont sauvegardés et même renforcés.
Dans le sud du pays, les habitants savent pourquoi ils trient. Les milliers de tonnes de déchets verts mises de côté chaque année – 30 921 en 2015 – sont transformées en compost sur place, puis réinjectées dans le circuit local. En clair, n’importe quel jardinier du coin peut acheter son engrais à la sortie du centre de Mondercange, sur la zone industrielle Um Monkeler. «Six euros le sac de terre prête à l’emploi, glisse René Manderscheid, le président du syndicat d’exploitation Minett-Kompost. C’est un peu moins cher que dans le commerce, mais il n’y a pas de concurrence déloyale.»
Depuis 2011, le site produit même du gaz par processus de méthanisation : 1,1 million m3 en 2015. «Nous étions précurseurs sur le sujet, avec une réflexion engagée dès 2001, explique un employé. Il nous a fallu dix ans, mais aujourd’hui, le résultat est là.» Certains restaurateurs sont même dans la boucle, pour recycler en gaz des «déchets de bouches». Ce gaz-là est réinjecté dans le réseau Sudgaz, encore une fois en locale. La démarche écologique est complète.
Reste que le syndicat Minett-Kompost, qui regroupe les 28 communes membres du recyclage, vient de se séparer de l’opérateur historique, Sovacom. «Cela ne va rien changer pour les habitants, précise d’entrée René Manderscheid. Pour nous en revanche, il s’agit de reprendre la main en régie directe. La gestion passe donc d’un opérateur privé à un opérateur public.»
Pas de casse sociale au passage
Pas sûr que Sovacom ait apprécié ce changement de cap, elle qui avait fait le pari du traitement des déchets verts dès 1993. Pour les salariés en tous cas, cela ne change rien. Lundi soir, René Manderscheid a remis un CDI aux onze agents du centre de compostage sous les applaudissements. Façon de graver dans le marbre l’avenir du site aussi. «Un projet de modernisation du hall de compostage est en cours, précise un agent. Il ne s’agit pas d’un agrandissement mais d’un carénage, qui devrait nous permettre d’être plus efficaces.»
D’un point de vue économique, le syndicat n’a pas voulu communiquer de chiffres précis sur l’intérêt de l’opération. Globalement, la fin du partenariat avec l’opérateur privé doit permettre d’économiser 20% du budget de fonctionnement. «Nous allons tendre vers le coût réel de production, tout simplement», lâche René Manderscheid. L’histoire ne dit pas si le prix du sachet d’engrais va baisser… Plus que jamais en tout cas, les 200 000 habitants du Sud pourront être fiers d’avoir un produit local et écologique à portée de main !
Hubert Gamelon