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Terres rares au Grand-Duché

Le Grand-Duché s’enorgueillit chaque année de compter de plus en plus d’habitants. Et il a raison. Ce paramètre est aussi un indicateur de bonne santé économique. Qu’il est loin le temps où la courbe démographique du pays s’était tassée à cause de la crise sidérurgique entre les années 1970 et 1980 et où des villes comme Esch-sur-Alzette ou Dudelange avaient perdu des centaines d’habitants.

En 2010, le demi-million d’habitants a été largement franchi et les autorités évoquent même aujourd’hui le chiffre de 1,1 million d’habitants en 2060! Ces données provoquent le vertige… et sûrement de gros maux de tête aux services de l’État. En effet, la question est de savoir si cet élan démographique se concrétisera en une accélération maîtrisée ou bien s’il se terminera en perte de contrôle… voire en crash. Car, évidemment, le Grand-Duché n’est pas extensible! Comment concilier qualité de vie et nouveaux habitants? Quid des zones vertes qui doivent faire respirer le pays? Est-ce que les champs des agriculteurs du pays ont vocation à être bétonnés pour y faire pousser des lotissements ou plutôt de vastes résidences pouvant accueillir un maximum de personnes? Pour couronner le tout, certaines communes commencent à sérieusement se poser la question de leur avenir devant ces bataillons de nouveaux habitants.

Cette question précise, les élus de la commune de Schifflange l’ont déjà tranchée. La cité du sud compte aujourd’hui un peu plus de 10 000 habitants et le conseil communal a décidé, à travers son plan d’aménagement général conçu en 2013, de limiter le nombre de Schifflangeois à environ 12 000. Ainsi, logiquement, dans peu de temps, plus aucun logement supplémentaire ne sera construit sur le territoire communal! L’objectif est ici de préserver le cadre de vie des habitants car Schifflange est déjà densément peuplée et fortement urbanisée. Problème : c’est le cas aussi de très nombreuses villes du pays! L’équation devient de plus en plus difficile à résoudre et cette belle courbe démographique risque de devenir une malédiction et non plus une chance.

Laurent Duraisin (lduraisin@lequotidien.lu)