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Des oscars très politiques


Outre le succès de « Birdman », la cérémonie des Oscars, dimanche, a été riche en discours militants.

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Patricia Arquette, qui a reçu l’Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation dans « Boyhood », a appelé à « l’égalité de droits et salaires » pour les américaines. (Photos : AFP)

Birdman, du Mexicain Alejandro Inarritu, partait favori avec neuf nominations. Il en a remporté quatre dont meilleur scénario, meilleur réalisateur et meilleur directeur de la photographie. Le film interprété par Michael Keaton, Edward Norton, Naomi Watts et Emma Stone, entre autres, raconte un ex-acteur de films de superhéros qui tente de renouer avec la gloire au théâtre. « Un scénario qui démarrait avec un homme d’âge moyen assis en tailleur, ça ne menait nulle part, et pourtant nous sommes là », a ironisé le réalisateur mexicain.

Invité à annoncer le nom du meilleur film de l’année, l’acteur et réalisateur Sean Penn a plaisanté au moment de dévoiler le vainqueur, avec un « mais qui a donné à ce fils de p*** sa green card ? ». Notons que l’acteur a tenu le rôle principal du deuxième film d’Alejandro Inarritu (21 grammes). Ce dernier a affirmé avoir trouvé la plaisanterie « hilarante », a dédié son Oscar à ses « compatriotes mexicains » et a demandé à l’Amérique de « traiter les immigrés avec respect et dignité ».

Patricia Arquette, qui a reçu l’Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation de mère-courage dans Boyhood, n’a pas été en reste. Elle a salué « toutes les femmes qui ont porté un enfant », et appelé à « l’égalité de droits et salaires » pour les américaines. Prononcé quelques mois après que le piratage de Sony a montré que les actrices de Hollywood, à commencer par Jennifer Lawrence, étaient moins bien payées que leurs collègues masculins, ce discours a été très applaudi dans la salle et par les internautes, qui lui ont attribué l' »Oscar du féminisme » pour ce plaidoyer.

> « Selma » et la cause noire

Dès l’ouverture de la soirée, le présentateur Neil Patrick Harris avait donné le ton politique en lançant : « Ce soir nous honorons les films plus blancs… pardon les plus brillants d’Hollywood », référence à la critique de la sélection de cette année, accusée d’être trop blanche et trop masculine. Il a poursuivi dans la même veine un peu plus tard en s’adressant à l’acteur noir David Oyelowo, qui incarne Martin Luther King dans l’acclamé Selma, mais qui n’a pas été nommé pour l’Oscar du meilleur acteur.

« Ah ! Vous l’aimez bien maintenant », a-t-il lancé à l’assistance. La chanson principale du film Selma, Glory, a remporté l’Oscar de la meilleure chanson, saluée par deux fois par une ovation debout, et faisant couler les larmes de David Oyelowo, bouleversé. Common, qui l’interprète avec John Legend, a déclaré que « l’esprit » du pont de Selma, l’une des étapes marquantes de la lutte pour les droits des noirs américains, « transcende les races, les orientations sexuelles ». Le rappeur a rendu hommage à « ceux qui ont marché pour la liberté d’expression en France et au peuple de Hong Kong » qui a manifesté pour plus de démocratie. « Il y a plus d’hommes noirs en prison ici maintenant que d’esclaves en 1850 », a renchéri John Legend.

> « Citizenfour » et le lanceur d’alerte

Autre instant fort de la soirée, Citizenfour, film coup-de-poing sur le lanceur d’alerte Edward Snowden, qui a révélé le programme de surveillance massif du gouvernement américain, a remporté l’Oscar du meilleur documentaire. Edward Snowden « a révélé les menaces qui pèsent non seulement sur notre vie privée mais sur notre démocratie », a déclaré sa réalisatrice, Laura Poitras, accompagnée par le journaliste Glenn Greenwald, à qui Snowden avait également fait ses révélations. Dans un communiqué, l’ex-conseiller de la CIA poursuivi par les États-Unis et réfugié en Russie a félicité la réalisatrice, ajoutant que « quand les citoyens travaillent ensemble, ils peuvent changer le monde ».

Le Quotidien (avec AFP)


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