Des hommes armés ont enlevé une trentaine de musulmans de la minorité chiite, régulièrement visée par des extrémistes sunnites, voyageant en bus dans le sud de l’Afghanistan.
La minorité chiite hazara, aux traits asiatiques qui la rendent plus facile à repérer par les extrémistes, est régulièrement visée dans la région par des attaques. (Photo : AFP)
Les passagers, membres de l’ethnie hazara, ont été enlevés lundi soir dans le district de Shahjoy de la province de Zaboul (sud), a déclaré le gouverneur du district, Abdul Khaliq Ayoubi.
« Un chauffeur a vu un groupe d’hommes vêtus de l’uniforme de l’armée afghane et le visage recouvert d’une cagoule noire lui faisant signe d’arrêter. Il pensait que ces hommes étaient des soldats. Et il s’est arrêté », a déclaré Nasir Ahmad, un responsable de la compagnie de transport privée Ghazni Paima, à laquelle appartenaient les deux bus.
« Les hommes armés ont ensuite emmené les 30 passagers hazaras avec eux », a ajouté Nasir Ahmad avant de préciser que seuls les hommes ont été enlevés et non les femmes et les enfants. Selon ce responsable, les ravisseurs parlaient entre eux une « langue étrangère », ce qu’ont aussi affirmé des rescapés selon Abdul Khaliq Ayoubi, le gouverneur de ce district. « La police fait tout ce qu’elle peut pour assurance leur libération », a déclaré le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur, Sediq Sediqqi, se refusant à tout autre commentaire.
> Une population régulièrement prise pour cible
La minorité chiite hazara, aux traits asiatiques qui la rendent plus facile à repérer par les extrémistes, est régulièrement visée dans la région par des attaques, plus fréquentes toutefois au Pakistan voisin qu’en Afghanistan.
En 2013, près de 200 chiites hazaras avaient été tués dans deux attentats à Quetta, la capitale de la province pakistanaise du Baloutchistan (sud-ouest), frontalière de l’Afghanistan.
L’enlèvement lundi soir de ces 30 chiites hazaras n’avait pas été revendiqué mardi, mais pourrait avoir été perpétré par des coupeurs de route exigeant une rançon, une milice locale, voire un groupe extrémiste mieux organisé au moment où des responsables craignent la propagation de l’organisation Etat islamique (EI), et de son programme antichiite, dans la région.
Une dizaine d’ex-commandants talibans afghans et pakistanais ont annoncé ces derniers mois leur ralliement à l’EI, qui a proclamé un califat sur une partie de la Syrie et de l’Irak, et à son chef Abou Bakr al-Baghdadi. Mais ce phénomène du ralliement de talibans à l’EI est resté jusqu’ici limité au Pakistan et en Afghanistan, où les rebelles islamistes sont historiquement proches d’Al-Qaïda, nébuleuse rivale de l’EI sur le front jihadiste international.
AFP