L’Église catholique du Luxembourg se place dans la contre-offensive. Sur tous les plans, elle entre dans un Kulturkampf. Même le Musée national d’Histoire et d’Art (MNHA) doit se prêter à cette finalité. Une vaste exposition, «Blood and Tears» (Le sang et les larmes), commémore le peintre néerlandais Albrecht Bouts (1451-1455, décédé en 1549), dont l’atelier était situé à Louvain et qu’il a dirigé après la mort de son père, Dirk Bouts (1475). L’art sacré de Bouts est communément associé à une dévotion moderne populaire, que les jésuites ont transposée vers 1666 avec le culte de la Vierge Marie, Consolatrice des Affligés, au Luxembourg. L’art de Bouts se situe dans l’esprit du XVe et du début du XVIe siècle.
Ses sujets sont le martyre du Christ, la tête tranchée de Jean-Baptiste, la pénitence de saint Jérôme.
Nous prépare-t-on (symboliquement) aux prochaines épidémies de peste et de choléra ? Avec la sanctification de Mère Teresa, qui prétendait que la souffrance et la maladie conduisent les êtres humains plus près de Dieu, l’on se doutera que le pire se déroule dans l’esprit du soi-disant pape des pauvres, François. L’atelier des Bouts fonctionnait comme de nombreux autres ateliers de l’époque, recopiant et revendant des centaines de fois des images pieuses. Certains (et on peut dire que c’étaient les meilleurs) se sont mis carrément au service de la Réforme (luthérienne, Cranach, Dürer) qui a au moins eu le mérite de nous transmettre des alternatives au faste morbide de la chrétienté romaine catholique.
Jean Rhein