Sans solutions en première période (comme d’habitude), bien plus consistante en deuxième (comme souvent), l’équipe eschoise a repris sa marche en avant. Et reste droite dans ses bottes : ses matches, elle les réfléchit plus qu’elle ne les emballe.
Les journées passent et rien ne change pour la Jeunesse : elle rentre invariablement sous les sifflets de ses supporters à la pause, se faire engueuler par Carlo Weis. Bon, lundi soir, pour une fois, elle n’est pas menée au score au moment où M. Richartz renvoie tout le monde aux vestiaires, mais au vu du nombre de fois où la Frontière a grondé de mécontentement, on peut se douter que personne ne se satisfait d’avoir vu la Vieille Dame ne tirer qu’une fois dans les nuages, de 25 mètres, par Mertinitz. «Pas une seule frappe» gronde Jean Cazzaro, président dépité, en s’arrachant de son siège et ne comptabilisant même pas cette tentative désespérée…
D’autres, plus exigeants, se sont agacés de voir les Eschois repasser trop souvent à leur goût vers l’arrière. La question est donc rhétorique : n’y a-t-il que des fans rumelangeois à avoir applaudi la tête plongeante du Rumelangeois Diallo sur un centre astucieux de Rodrigues (31e) ? Évidemment que non. Même très replié, même ostensiblement en position d’attente du contre qui tue, les principes de jeu de l’USR sont plus vendeurs pour un public en manque parce qu’ils sont cohérents avec son budget et son standing.
C’est peut-être injuste, mais c’est comme ça. Alors René Peters, en bon chez de file, repasse derrière pour faire du pédagogique sauce Carlo Weis : «On ne doit pas se laisser rendre fous par nos supporters, qui sont très exigeants ici. On sait qu’ils veulent du spectacle, mais ceux qui connaissent le foot savent qu’on ne peut pas jouer 90 minutes à fond, qu’il faut en passer par des moments plus agaçants.» Ou comment expliquer que si on n’a pas produit grand- chose, c’est avant tout par calcul : il faut savoir fatiguer un taureau avant de l’achever…
Les gars de Christian Joachim (le taureau, donc…), eux, ont au moins quelques menues opportunités en première période. Il s’en faut d’un souffle que Sahin ne parvienne à contrôler un petit ballon en profondeur d’Albuquerque, qui avait réussi à l’isoler (22e). Et sur une immense relance de sa défense (grâce à un ballon perdu par Deidda), Diallo est tout près d’allumer Oberweis des six mètres, avant d’être repris par un Kühne intraitable (45e). Bref, cette Jeunesse est d’une effarante médiocrité (consentie), mais elle a prouvé depuis début août qu’elle est plus une équipe de fin de soirée qu’autre chose.
L’USR plonge en moins de 15 minutes
La confirmation tombe sitôt la reprise, conformément aux analyses d’avant-match de Carlo Weis : il y a toujours un cap physique au-delà duquel la plupart des équipes de DN ne parviennent plus à suivre cette Jeunesse qui semble si peu inspirée lorsqu’elle commence ses matches. Pour Rumelange, la 45e, c’était la limite. On voit enfin Stumpf, qui bute sur un très grand Schinker à même sa ligne (60e). Il faut un Inacio solide du front pour repousser à ses six mètres un plat du pied bien cadré de Delgado, d’un coup libéré offensivement par la disparition de la circulation d’Albuquerque (63e). C’est de son côté, par Kühne, que vient la passe en profondeur décisive, sur un bel appel de Corral. L’attaquant élimine Schinker d’un bon coup de rein et conclut dans le but vide (1-0, 65e). Sardarian profite ensuite d’une erreur grossière de Majerus devant sa surface pour attraper le petit filet du gauche (2-0, 77e). Puis un tir puissant de Peters rebondit sur le poteau avant d’être poussé au fond par Stumpf (3-0, 78e). Bref, Rumelange craque, fidèle au plan de jeu de la Jeunesse.
Ce n’est pas une victoire à minima. Surtout pas un soir où le Progrès, autrement plus ambitieux que la Vieille Dame, chute contre la lanterne rouge bascharageoise (lire ci-dessous). Non, ce succès se défend largement pour la puissance collective déployée pendant, une nouvelle fois, 45 minutes et pas une de plus. Mais à force de fonctionner de la sorte plutôt que d’en imposer par son jeu sur un match en entier, la Vieille Dame va très vite reconquérir ses galons d’équipe gagne-petit. Weis, malgré ce pragmatisme qui est sa marque de fabrique depuis des années, a d’autres ambitions pour elle. Construire une dynamique ne passe pas que par les points, mais aussi par ce qu’on inspire sur et en dehors du terrain. Hier, la Jeunesse a refait une partie de son retard dans ce domaine. À confirmer.
Julien Mollereau
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