Voici le cabot « Charlie Hebdo » de retour, demain, dans les kiosques.
Au sens propre comme au sens figuré, la une du journal, dévasté par l’attaque du 7 janvier contre sa rédaction, a été dévoilée hier. Un chien tient dans sa gueule un numéro de Charlie, détalant devant une meute de clébards furieux. En tête de celle-ci, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, un jihadiste à kalachnikov, le pape, la finance internationale… Ils sont tous là, les meilleurs ennemis de Charlie. Et Luz, l’auteur de cette une, de leur rappeler en un dessin qu’ils seront à nouveau la cible du provocateur hebdo. Charlie est debout et n’a pas fini d’emmerder son monde, pour la plus grande joie des irrévérencieux de tous bords et à la stupéfaction des tristes contempteurs de la liberté d’expression.
Cette une du 25 février est rouge comme le sang versé par Charlie, le sang des douze victimes de la folie meurtrière des frères Kouachi. Cette une est aussi un message d’espoir, dans sa naïveté enfantine, ce « C’est reparti ! » qui veut tout dire, cette course effrénée du cabot. Car Charlie, c’est avant tout une âme d’enfant pour traiter de sujets graves qui dépassent l’entendement.
L’équipe de doux dingues de Charlie est sur pied et la machine est relancée. Forcément différente, puisque les historiques ne sont plus de la fête, mais nul doute que l’esprit sera là, irrévérencieux et insoumis. Et le lectorat, élargi depuis le drame, donnera une tout autre résonance au jusqu’ici trop confidentiel canard. Si l’esprit Charlie, celui du 11 janvier, s’est quelque peu évaporé, espérons maintenant que les idées défendues dans ses pages se diffuseront. Car ceux qui font Charlie provoquent, choquent et s’amusent des codes de la société. Mais ce ne sont pas les méchants.
Comme le montre cette une de Luz, Charlie, c’est avant tout un petit chien idiot qui aime à rendre fou ceux qui jouent avec lui. Rien de plus. Mais c’est aussi un chien de garde, indispensable, qui défend nos valeurs. Un peu Rantanplan, un peu Lassie, mais surtout totalement corniaud.
De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin