La Sainte Église catholique romaine renferme en son sein bien des personnages lugubres. Les uns finissent par être sanctifiés, d’autres sont même répudiés par leurs pairs. La peine de l’excommunication a été prononcée à l’encontre du prêtre aux origines luxembourgeoises (jusqu’au point d’invalider post mortem «ipso facto – latae sententiae» son ordination en Suisse [NDLR : pour avoir trahi le secret de la confession]) Robert Nicolas Alesch, natif d’Aspelt, qui, le 25 janvier 1949 à Montrouge (Hauts-de-Seine), est passé, à l’âge de 43 ans, devant le peloton d’exécution, pour avoir trahi d’innombrables résistants contre le nazisme, dont Germaine Tillion et Samuel Beckett qui avaient appartenu au même réseau de résistance clandestin.
C’est le dernier livre de Guy Wagner Doppelleben (paru à Esch-sur-Alzette en 2015, ISBN 978-99959-37-16-4) qui nous remémore l’épisode sinistre. Quels ont été les motifs de l’abbé Robert Alesch ? La réponse est aussi simple que révoltante : la cupidité, l’abbé avait besoin de beaucoup d’argent pour financer son train de vie. Les contacts d’Alesch avec le contre-espionnage allemand remontaient aux années 1930, en particulier avec le préposé de l’Abwehr de Trèves (Oscar Reile). En tant qu’agent (V-Mann), Alesch avait l’avantage pour le contre-espionnage de parler couramment l’allemand, le français et l’anglais, et comme il se faisait passer pour un Lorrain, il n’éveillait pas les soupçons dans les rangs des réseaux de la Résistance française.
Jean Rhein