Ben Gastauer, qui prendra part à son 4e Tour d’affilée, aura la chance de passer à la maison lors d’une 3e étape qu’il gardera sans doute longtemps en mémoire. C’est avec une belle émotion, mais aussi un grand sens du devoir que le Luxembourgeois s’apprête à prendre le départ samedi.
Le Quotidien : Vous vous imaginez dans cette fameuse étape de lundi entre Verviers et Longwy qui passe durant plus de 110 kilomètres par le Grand-Duché et surtout par Schifflange, votre ville?
Ben Gastauer : Oui, ce sera énorme pour moi. Un moment fort dans ma carrière. Quelque chose qui ne se produit forcément qu’une fois. J’ai la chance d’être au départ de ce Tour de France-là…
Vous vous imaginez vous glisser dans un coup pour en profiter?
Non, pour le moment, je n’y ai pas encore vraiment réfléchi, mais je pense que ce sera assez difficile à faire, à moins que l’équipe ne me donne le feu vert. Mais avec le final de Longwy, j’imagine plutôt que les échappées n’iront pas au bout. Le grand objectif sera de protéger Romain (Bardet) d’une cassure, qui pourrait toujours se produire, puisque les derniers kilomètres ne sont pas simples à aborder. Et il ne faudra pas faire n’importe quoi.
Justement, cette étape de Longwy sera dans doute le premier moment chaud du Tour. Vous avez reconnu le final. Qui va l’emporter, un puncheur style Sagan, Van Avermaet, Gilbert. Ou un sprinteur comme Degenkolb, Kittel ou Démare?
C’est compliqué de répondre. J’ai remarqué qu’avec l’arrivée sur le territoire français, les routes deviennent plus compliquées, moins belles. La route se rétrécit à certains endroits, puis s’élargit à d’autres. Du côté de Longwy, on passe d’une deux fois deux voies à une ruelle, puis enfin la route s’élargit dans les derniers hectomètres. Sur ce terrain, a priori, Sagan est difficile à battre.
Mais je pense que si les sprinteurs s’accrochent, ils auront des chances de s’imposer, car sur le haut de la bosse, c’est beaucoup moins dur. Ce sera une étape spéciale, très nerveuse. Au-delà de la 25 e place, il y a aura sans doute des cassures, donc tous les leaders s’efforceront de se placer devant. Ce sera chaud!
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Vous voilà au départ de votre quatrième Tour de suite. Cela vous inspire quoi?
Que le temps passe vite. Si je regarde l’équipe de 2014 pour mon premier Tour, il n’y a que deux rescapés. Romain (Bardet) et moi. Cela me rend fier, car cela veut dire que je suis utile. Cela n’était pas garanti en début de saison, puisque mon premier grand tour était le Giro. Et je suis vraiment content d’être là!
Votre rôle sera…
D’aider Romain!
Dans l’officialisation de la sélection d’AG2R La Mondiale, Vincent Lavenu expliquait que vous reprendriez le rôle de lieutenant qu’aurait dû tenir Mikaël Cherel, blessé.. .
Tout dépendra des situations, mais Mikaël est un peu meilleur grimpeur que moi. D’un autre côté, avec Oliver Naesen et Jan Bakelants, l’équipe est mieux armée pour gérer les situations compliquées sur le plat. Je me considère comme un coureur polyvalent.
Et le fameux troisième pour le classement par équipes, comme en 2014. Expliquez-nous comment ça marche, car cela reste quelquefois confus de l’extérieur…
Oui, le classement par équipes intéresse toutes les équipes, car cela donne une idée de la performance d’un groupe et les sponsors sont généralement intéressés. Sur chaque étape sont additionnés le temps des trois meilleurs de chaque équipe, qui ne sont pas toujours le temps des mêmes coureurs. Et on additionne ces temps sur les 21 étapes. Moi, je me souviendrai toute ma vie de notre succès en 2014.
Pour moi c’était sans doute une occasion unique de monter sur le podium des Champs-Élysées. Certes, avec un classement par équipes, on ne peut rien s’acheter, c’est symbolique, mais l’image est belle pour une équipe sur un grand tour.
Ce Tour 2017 qui s’annonce, vous le voyez comment?
C’est un Tour particulier de par son tracé. Habituellement le Tour de France est surtout composé des deux grands blocs montagneux que sont les Alpes et les Pyrénées. Là, nous aurons les Vosges, le Jura et le Massif central. Et pour une fois, la dernière semaine ne sera pas monstrueuse. Par contre, en deuxième semaine, nous aurons trois étapes dures. La dernière semaine paraîtrait presque la moins dure, mais nous aurons un chrono à Marseille décisif le samedi.
Le 9 juillet, la 9 e étape, entre Nantua et Chambéry, est-elle de prime abord la plus dure?
Oui, je le crois volontiers. C’est l’étape que je connais le mieux après celle de Longwy. Nous devrons gravir trois cols hors catégorie, mais c’est surtout la caractéristique des routes, étroites, sinueuses, qui rendent mal avec un revêtement rugueux, et des descentes très techniques qui feront la différence. Il faudra toujours rester concentré, mais on pourra aussi prendre des risques. On a souvent affaire à des cols à fort pourcentage mais avec un revêtement lisse et des routes larges. Là, avec cette étape, ce sera complètement différent. Je l’ai reconnue récemment lors de mon stage et je pense que ça fera mal.
Cela devrait convenir à Romain Bardet, non?
Normalement, oui. Et puis notre équipe connaît bien l’endroit, Chambéry c’est un peu chez nous…
Quel braquet comptez-vous mettre au plus dur de la pente?
J’ai hésité entre 39×30 et 39×32. Ce sera 39×32…
Le plateau de ce Tour de France, vous en pensez quoi?
C’est comme tous les ans, très relevé. Le Tour reste la course la plus disputée. Chris Froome voudra encore l’emporter, mais avec Richie Porte, Nairo Quintana et, je l’espère, Romain (Bardet), il aura à qui parler…
Denis Bastien