Gilles Muller a continué sur sa lancée de Rosmalen en sauvant 11 balles de match jeudi dans une rencontre complètement folle face à John Isner (ATP 17), se qualifiant du même coup pour les quarts.
« Gilles a réalisé un match de titan ! » Voilà les premiers mots d’Alexandre Lisiecki, l’entraîneur de «Mulles» après l’incroyable rencontre livrée par le Schifflangeois. Et c’est vrai qu’on ne voit pas une meilleure formule que «titan» pour qualifier la prestation qu’il a réalisée jeudi.
Imaginez, mené un set à zéro, le numéro 1 luxembourgeois (ATP 41) a réussi à l’emporter 3-6, 7-6, 7-6 (au bout de 2h25 de jeu) après avoir sauvé un total de… 11 balles de match (sept dans le tie-break du deuxième set, quatre dans celui du troisième). Une performance qui constitue presque un record absolu sur le circuit ATP, puisque seul l’Allemand Tommy Haas a réussi à en sauver plus (12), un jour de 2013 à Roland-Garros.
«Le genre de match qu’on ne peut pas oublier ! Isner ne l’oubliera sans doute pas non plus. Après la rencontre, il est devenu un peu fou. Ce fut chaud dans le vestiaire. Il n’en voulait évidemment pas à Gilles, mais s’en est un peu pris à l’arbitre. Il était très fâché de l’issue de cette partie», expliquait Lisiecki.
Très très fort mentalement
«De son côté, Gilles s’est battu du premier au dernier point. Ce fut un vrai combat. En un mot, il a juste été exceptionnel !», continuait son coach. On peut même dire qu’il n’a jamais été aussi fort mentalement qu’à l’heure actuelle. En quelques jours, il a ainsi réussi à enchaîner des succès contre le 14e mondial (Ferrer), le meilleur serveur au monde (Ivo Karlovic) et jeudi, celui qui a aligné le plus d’aces depuis l’entame de cette saison : John Isner (43, tout près du record de 45 aces de Karlovic). Le tout sur gazon et en remportant la plupart des points importants. Muller vient d’ailleurs de gagner les cinq derniers tie-breaks qu’il a disputés ces derniers jours (1 face à Ferrer, 2 contre Karlovic et 2 donc face à Isner). C’est vous dire s’il est fort dans sa tête et si le travail qu’il a réalisé après Roland-Garros avec sa psychologue, Marie Lanners, a porté ses fruits. «Elle y est forcément pour quelque chose», glissait Lisiecki. «Mais c’est un travail d’équipe. Quand on voit le niveau physique qu’il a encore affiché ici, on ne peut pas, par exemple, passer sous silence le boulot de Frank Eicher, son préparateur.»
Avec sa forme et son état d’esprit actuel, on peut se demander où va s’arrêter ce Gilles Muller ? Quand on jette un œil à sa partie de tableau, on s’aperçoit que celle-ci, sans être facile, n’est pas non plus la plus compliquée au monde, Andy Murray, le favori de cette semaine londonienne, étant dans l’autre moitié. En quart de finale, il affronte l’Australien Bernard Tomic (ATP 22). Et en cas de succès, il retrouverait en demi-finale Raonic, Bautista-Agut ou Young. Compliqué, mais pas impossible. «Au risque de me répéter, on va prendre tout cela match après match», tempère le Français, qui a été «espionné» jeudi après-midi Tomic dans son match face à Verdasco. «On va essayer de rester calmes, encore savourer quelques minutes le beau succès acquis face à Isner et puis se concentrer sur ce quart de finale.»
Julien Carette