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Semi-marathon : Julien Wanders fait tomber le record d’Europe


Courir à 2'48"/km pendant 21,1 km ! C'est l'exploit qu'a réalisé Julien Wanders ce matin à RAK. Il devient l'athlète non africain le plus rapide de l'histoire sur cette distance. (Photo © RAS Al Khaimah Half Marathon)

Vendredi matin, aux Émirats arabes unis, le coureur suisse de 22 ans a pulvérisé le record d’Europe de Mo Farah de 19 secondes, en terminant 4e du semi-marathon de Ras al-Khaimah (RAK) en 59’13’’.

Pour sa célébrer sa joie, Julien Wanders, tout sourire, a même emprunté le « Mobot » à Mo Farah... Un clin d’œil sympa ! (Photo ©ATHLE.CH)

Pour célébrer sa joie, Julien Wanders, tout sourire, a même emprunté le « Mobot » à Mo Farah… Un clin d’œil sympa ! (Photo © Ras Al Khaimah Half Marathon)

Il a franchi la ligne les bras levés, le sourire aux lèvres, le sentiment du devoir accompli. Puis a succinctement applaudi avant de taper rageusement dans la main d’un gars qui passait par là. Conscient qu’il venait de réaliser un authentique exploit ! Car avant cela, Julien Wanders avait jeté un œil au chrono : 59’13’’ ! Oui, 59’13’’ ! Record personnel pulvérisé et record d’Europe de Mo Farah (59’32’’) effacé des tablettes. Le Suisse pouvait laisser éclater sa joie, car ce chrono, il a définitivement été le chercher avec ses tripes…

Quelques minutes avant le départ, Julien Wanders, dossard n°17, peaufine son échauffement. Il trottine sur un immense boulevard bordé de palmiers, le long de la mer, à proximité du luxueux hôtel DoubleTree by Hilton. Le mercure affiche 14°C, le vent est quasi nul et, dans le ciel, les premiers rayons du soleil commencent à percer timidement.

L’adversité comme moteur

Julien sert une paluche, puis va gentiment se placer sur la ligne de départ. En première ligne, évidemment. Il se frotte les mains, se touche le nez, réajuste son cuissard. Ce vendredi matin, sur le semi-marathon ultrarapide de RAK, il le sait, il part pour une aventure exceptionnelle. Avec les meilleurs semi-marathoniens de la planète. Treize ont déjà couru sous les 60 minutes. Mais l’adversité, le recordman d’Europe du 10 km (27’25’’), ça ne lui fait pas peur. Au contraire, c’est même son moteur, ce qu’il est précisément venu chercher ici dans le Golfe persique. Tel un boxeur, il ne tient pas en place : le « Kényan blanc » semble pressé d’en découdre.

À 7h, l’émir de RAK, Saoud ben Saqr Al Qassimi, fait retentir la sirène. Les fauves sont lâchés. Les femmes, elles, sont parties 15 minutes plus tôt. Débardeur blanc, chaussures rouges, le Suisse se cale directement aux avant-postes, « au chaud » derrière les lièvres. Comme il y a 100 000 dollars promis à celui qui battra le record du monde (58’18’’), on se dit que ça va partir « au carton », c’est-à-dire sur des bases insensées…

Quand Hadis dynamite la course…

Or, emmené par les pacers (NDLR : meneurs d’allure), le peloton, composé d’une vingtaine de coureurs, franchit le 5e kilomètre en 14’13’’, puis le 10e en 28’15’’, soit un peu plus lentement que prévu (27’50’’). Mais comme on peut le voir sur le visage crispé de l’Éthiopien Amedework Walelegn, on n’amuse pas la galerie ! Au fil des kilomètres, le groupe de tête s’étiole.

Au bout de 35 minutes de course, le favori, Abadi Hadis (21 ans), décide de secouer le cocotier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas semblant… L’Éthiopien place une violente accélération qui provoque de sérieux dégâts. Derrière lui, c’est la soupe à la grimace. Julien Wanders rétrograde même de quelques places. Sa bouche grande ouverte, cherche de l’air. À ce moment-là, le peloton littéralement explose. Courageusement, le p’tit Suisse s’accroche. Mais on sent que le point de rupture est proche.

Ils ne sont plus que cinq aux avant-postes (37′), puis très vite deux (38′). Seul le Kényan Stephen Kiprop arrive à s’accrocher aux basques de Hadis, qui multiplie les coups de boutoir. À l’image d’un roseau, Julien Wanders plie mais ne rompt pas. Il lâche néanmoins centimètre après centimètre et se retrouve à batailler dans un groupe de poursuivants, avec l’Éthiopien Haftu et le Kényan Gachaga. Le trio mène la chasse et a la tête de course en ligne de mire.

Entretemps, chez les femmes, la victoire se joue au sprint et à ce petit jeu-là c’est l’Éthiopienne Senbere Teferi (1h05’45’’, meilleure performance mondiale de l’année) qui se montre la plus forte.

Wanders ne compte pas s’arrêter là

Quand on retrouve Julien, il est dans la foulée de l’Éthiopien Hafti. Ces deux-là collaborent plutôt bien, se relayent. Mais dans les deux derniers kilomètres, ça devient dur. Le Genevois commence à se retourner, on sent aussi un rictus poindre sur son visage. Désormais, il faut combattre, lutter. Finir au mieux, sachant qu’en plus, une place sur le podium est en jeu.

Alors qu’à l’avant, Hadis, impressionnant, semble en passe de l’emporter, la réalisation s’attarde sur ce combat pour la 3e place. Mais finalement, Haftu finira plus fort que Wanders, et contre toute attente le Kényan Stephen Kiprop coiffera sur le fil Hadis pour la gagne (58’42’’).

Pour Julien, ce chrono stratosphérique de 59’13’’ à RAK n’est pas une fin en soi… OK, on veut bien le croire. Mais bon, effacer des tablettes Mo Farah et signer son 3e record d’Europe en 5 mois, ça montre toute la classe de ce p’tit gars ! Qui est déjà attendu avec impatience, le 17 février, du côté de Monaco pour un 5 km de gala…

Ismaël Bouchafra-Hennequin

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