Immense exploit de Gilles Muller, lundi, qui se hisse en huitièmes de finale grâce à sa victoire 6-4, 6-3 face à Jo-Wilfried Tsonga. Il rencontrera Roberto Bautista Agut au prochain tour.
Le Luxembourgeois a su d’abord résister, puis ne pas se déconcentrer quand Tsonga, visiblement diminué, a fait longuement appel au médecin. Muller a su rester concentré pour aller chercher une superbe victoire.
Si j’ai le même physique et le même mental que contre Janowicz, je peux battre un joueur comme Tsonga.» Les mots de Gilles Muller, quelques minutes après sa victoire compliquée au premier tour du tournoi olympique face au Polonais Jerzy Janowicz prennent tout leur sens au vu de ce qui s’est passé, hier, sur le court n° 2 du centre de tennis olympique.
Opposé au Français Jo-Wilfried Tsonga, neuvième joueur mondial, Muller a en effet eu besoin de tout son physique. Et de tout son mental pour réussir un immense exploit. Après un départ idéal, avec deux engagements remportés blanc, le tout sous un ciel menaçant et incertain, il doit rapidement faire appel à son mental, en se retrouvant face à une balle de break contre lui. Le couperet n’est pas passé loin, mais il s’en sort.
Alors que Tsonga déroule, «Mulles» se retrouve à nouveau poussé dans ses derniers retranchements. De manière encore plus prononcée, puisque sur un passing raté, il se voit mené 0-40. La situation est grave. Mais pas désespérée. Gilles Muller, 37e à l’ATP, ne lâche rien et parvient à revenir à hauteur de son adversaire, puis à passer devant à la faveur d’un amour de demi-volée, qui vient mourir juste derrière le filet.
Les débats sont engagés. Mais le match va changer radicalement de visage : le jeu ne va pas reprendre avant de longues minutes. En effet, Jo-Wilfried Tsonga se plaint du pied droit. Le soigneur s’affaire alors que le Français grimace de douleur.
Dans les tribunes, plutôt bien garnies et dans lesquelles on retrouvait, côté luxembourgeois, les cyclistes, Frank Schleck et Christine Majerus en tête et les athlètes, venus encourger leurs compatriotes, une murmure enfle : «Il va abandonner.» S’il reconnaîtra, une fois le match fini, que s’il s’était agi d’un tournoi comme les autres, c’est certainement ce qui se serait passé, Tsonga est un dur au mal. Qui a bien l’intention de faire honneur aux couleurs du maillot frappé du coq.
Moins de mobilité et de précision
Mais clairement, l’adversaire de «Mulles» n’est plus le même. Sa mobilité et amoindrie. Et sa précision s’en ressent. Dans ces conditions, ce n’est jamais évident pour un joueur d’affronter une bête blessée : «On se pose beaucoup de questions», concède Muller, qui est d’un coup passé de la position de l’outsider à celle de favori.
Mais il doit oublier que son adversaire souffre. Car même diminué, même sur une jambe, Tsonga reste un redoutable compétiteur. Qui va d’ailleurs remporter son engagement. Pour Muller, l’heure est à la concentration sur ce qu’il a à faire. Le gaucher luxembourgeois repart à l’attaque et s’offre dans la foulée deux balles de sets. La deuxième sera la bonne : 6-4 en 55 minutes.
On se demande si Tsonga ne va pas abdiquer. Faire signe à l’arbitre. Mais non. Il repart au combat. Un combat devenu inégal même si le Français n’en laisse rien paraître. Gêné par sa blessure, il n’en garde pas moins son sens de l’humour, à l’image de ce signe de la main appuyé en direction d’une ramasseuse de balle qui n’avait pas vu qu’il attendait qu’on le serve.
Au fil des minutes, Tsonga, qui mène 2-0 dans ses affrontements avec «Mulles», semble faire fi de la douleur. Et donne le change. Il parvient même régulièrement à mettre Muller en difficulté, sans que celui-ci ne craque, toutefois. À 4-3 en faveur du joueur grand-ducal, Tsonga fait une nouvelle fois appel à son soigneur. Ce sera la dernière. Car derrière, Gilles Muller s’offre une balle de break, sur une magnifique volée à contre-pied qui surprend totalement le neuvième joueur mondial. L’instant d’après, le joueur, tout de rouge vêtu serre le poing en direction de la foule : cette fois, il tient son break.
Cette fois, la victoire est à portée de main. Gilles Muller le sait, il ne doit pas se rater. Une bonne première, deux bonnes actions et le voilà qui se détache à 30-0. Tsonga, qui aura eu le mérite de ne rien lâcher jusqu’au bout va finalement céder. Il s’incline 6-4, 6-3. Quelques minutes plus tard, en zone mixte il confiera : «J’avais mal depuis trois jours. Si ça avait été un tournoi normal, j’aurais certainement abandonné.»
Pour Muller, l’aventure continue donc, avec comme prochain adversaire l’Espagnol Roberto Bautisa Agut, actuel 17e mondial. Un nouveau défi qui ne fait pas peur à «Mulles». Qui fait décidément honneur à son statut de porte-drapeau.
De notre envoyé spécial à Rio, Romain Haas