[Mondial 2018] Les Roud Léiwen font trembler trois pays à la fois

Le Luxembourg tient entre ses petites mains une partie de l’avenir du groupe A. La France et surtout les Pays-Bas sont suspendus à sa prestation contre la Suède, à Stockholm, ce samedi soir.

L’automne s’installe doucement sur Stockholm. Les matinées sont fraîches, les soirées encore plus, mais tout va se réchauffer ce samedi sur le coup de 18h. Une bande de 21 petits Luxembourgeois entrera au contact de 50 000 personnes et de cette monstrueuse Friends Arena. Avec, au bout de ce corps à corps de 1h30, la possibilité d’avoir pesé de tout leur minuscule (mais grandissant) poids sur le sort de ce groupe A qui ne pourrait finalement tenir qu’à un nouvel exploit de leur part.

«C’est un moment important», ont reconnu les journalistes locaux, que cela ne surprend même pas de voir leur stade national établir un record de fréquentation contre le Grand-Duché.

L’envoyé spécial néerlandais de la chaîne NOS, Joep Schreuder, dans la posture de la victime désignée d’avance tant les Pays-Bas sont les plus mal embarqués dans toute cette histoire, les comprend : «On est en panique chez nous, chaque but compte.» Janne Andersson, le coach suédois, qui possède trois points et six buts d’avance au classement avant les matches de ce week-end, a donc dû s’expliquer devant la caméra de NOS sur ses attentes en matière de goal-average contre le Luxembourg et s’est débattu avec des phrases toutes faites : «Peu importe, il faut juste qu’on gagne. Surtout que le Luxembourg a beaucoup grandi durant cette campagne, surtout défensivement.»

Vous imaginez bien que cela n’a pas calmé Joep du tout. Il a remis ça deux heures plus tard devant Luc Holtz, qu’il n’a pas interrogé à proprement parler, mais plutôt supplié de faire quelque chose pour le bien de la nation batave : «Vous êtes l’espoir des Pays-Bas, alors je vous pose la question sérieusement : pouvez-vous faire la même chose contre la Suède que ce que vous avez fait contre la France ? Est-ce possible ?» «Tout est possible en football», lui a répondu le sélectionneur luxembourgeois, reconverti d’un coup en gourou salvateur.

Et là, sous les yeux ébahis des représentants de la FLF, a débuté un petit jeu très courtois mais assez invraisemblable entre les émissaires des deux pays se battant pour une place en Russie, en juin prochain. Une cour de récréation avec les Roud Léiwen en arbitre omnipotent.

«Bonne réponse», monsieur Philipps

Chris Philipps s’est vu demander qui méritait le plus d’y aller, à ce Mondial. Il a répondu qu’il préférait «le style suédois.» «Bonne réponse», lui a lancé dans un sourire complice le journaliste ravi.

Alors les Néerlandais sont revenus à la charge, demandant à Holtz s’il estime qu’il est normal de retrouver les Pays-Bas en position de se retrouver éliminer dès ce week-end. Sa réponse a dû les refroidir : «S’ils ont plus de points que vous, oui. C’est le football.»

Cela n’empêchera pas tous les Bataves amoureux du football de croiser les doigts pour qu’un mois plus tard le Grand-Duché sorte un nouvel exploit improbable. Ou au moins, s’il doit perdre, qu’il fasse en sorte de prendre le moins de buts possible, tout étant susceptible de se jouer sur cette donnée versatile.

Les héros de Toulouse sont pourtant là pour frapper un nouveau grand coup et faire en sorte que toute l’Europe continue de parler d’eux. Un mois après les Bleus, de toute façon, ils sont encore au centre de toutes les conversations, jusque dans l’Hexagone, puisque L’Équipe va consacrer un large article à ce duel qui pourrait permettre aux Bleus de se qualifier directement pour le Mondial.

«Il y a un mois, on ne se serait pas du tout intéressé à ce duel Suède – Luxembourg. Mais là, on est obligés. Le regard sur vous a changé», indique Hugo Delom, journaliste au célèbre quotidien sportif français. En tant qu’arbitres crédibles d’un bras de fer à trois, les Luxembourgeois font le job !

A Stockholm, Julien Mollereau