Bob Jungels sera à partir d’aujourd’hui au départ de l’Étoile de Bessèges. La première course d’une très longue saison pour le coureur de 22 ans, qui attaque sa troisième année chez les pros.
Pour Bob Jungels, les choses sérieuses commencent dès aujourd’hui sur les routes de l’Etoile de Bessèges. (Photo : DR)
> Votre saison débute ce mercredi (aujourd’hui). Comment l’avez-vous préparée ?
Bob Jungels : Après le stage du mois de décembre, j’ai passé pas mal de temps au Luxembourg, avec ma famille. Le 8 janvier, je suis parti pour Majorque avec Frank (Schleck) pour nous entraîner pendant une semaine. On a passé beaucoup de temps sur le vélo. Et on a terminé en mettant plus d’intensité pour être prêts pour le stage avec l’équipe, du 15 au 28. Je suis rentré quelques jours chez moi et maintenant, je suis prêt pour la première course.
> Votre préparation a-t-elle évolué par rapport à d’habitude ?
Non, pas vraiment. J’ai seulement plus de kilomètres que la saison passée. Et plus d’heures. Mais sinon, c’est le même processus que les années précédentes.
> Sur le plan de l’alimentation, avez-vous modifié quelque chose ?
Non. À un moment, quand je voulais m’améliorer comme grimpeur, j’avais tenté de changer quelque chose, mais en fin de compte, ce n’était pas la bonne solution. J’ai un corps costaud et ma force reste mon atout principal. Je suis resté à un poids constant tout l’hiver, autour de 71 kg. J’ai le même poids mais plus de force qu’avant. Et sinon, on brûle tellement de calories qu’on peut sans problème manger un dessert. Bien sûr, pas tous les jours du gâteau au chocolat. Mais je fais ce qu’il faut à l’entraînement, je fais attention à ce que je mange et j’évite de me prendre la tête avec mon poids.
> Le principal changement, c’est votre nouvelle vie en Suisse. Vous n’avez aucun regret par rapport à ce choix ?
Absolument aucun. Pour ma carrière et pour ma vie personnelle, c’est un très grand pas. C’est la première fois que j’habite seul et que je dois relever le challenge de faire le ménage et la cuisine. Sinon, on a un beau groupe d’entraînement, tous les terrains possibles à notre disposition et une qualité de vie semblable à celle du Luxembourg. Les routes sont comparables à celles du Grand-Duché même s’il y a plus de trafic sur les routes principales. Mais on s’entraîne souvent sur des routes secondaires où on croise peut-être dix voitures sur une sortie de quatre heures. C’est très agréable.
> Avec qui vous entraînez-vous ?
Généralement avec Grégory Rast mon coéquipier, Marcel Aregger et Martin Elminger d’IAM Cycling ou encore Michael Schär de BMC. Et puis certains de leurs copains. On trouve toujours du monde !
> On sent que vous appréciez de vivre là-bas…
Oh oui. J’ai une vie très tranquille, j’habite pas loin du lac de Zoug. C’est formidable en été pour se relaxer et en hiver pour faire du ski. Je peux sortir avec des copains ou rester seul chez moi, c’est parfait.
> Des conditions idéales pour préparer la saison. Qu’en attendez-vous ?
J’espère franchir encore un pas dans la bonne direction. À l’entraînement, j’ai vu une certaine progression, c’est un bon signe avant de commencer. J’ai gagné beaucoup d’expérience en World Tour et l’objectif c’est de faire des résultats dans ces courses.
> Quand vous parlez d’expérience, concrètement, cela se manifeste comment ?
Déjà, le niveau World Tour est beaucoup plus élevé que celui des autres courses. Tout le monde veut prendre les points, il faut choisir son moment pour attaquer et savoir lire les courses. Je pense avoir démontré l’an passé que j’étais capable de le faire. L’expérience, c’est aussi mieux connaître ses adversaires. Et je peux vous dire que si je suis encore échappé avec Betancur, je ne vais pas attendre les 100 derniers mètres!
> Cette année encore, vous avez décidé de privilégier les Ardennaises aux Flandriennes, alors que vous avez gagné Paris-Roubaix chez les espoirs…
Oui, mais le niveau n’a rien à voir. Ce jour-là, chez les espoirs, j’étais tout simplement le plus fort. Mais en Pro Tour, c’est vraiment très dur. Il faut attendre des années pour pouvoir espérer faire un résultat sur le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix. On retrouve chaque année les mêmes alors que dans les Ardennaises, on peut jouer avec du punch. Dans les Ardennaises, il y a toujours un ou deux jeunes qui se mettent en évidence. Je pense que ça peut me convenir, notamment l’Amstel et plus tard, Liège.
> Dans quelle course faut-il attendre un coup de Bob Jungels en 2015 ?
La première course, c’est mercredi et je suis très motivé. Sinon, Paris-Nice sera le premier combat des grands. Un bon résultat dans une étape me donnerait confiance pour la suite de la saison. Ensuite, les Ardennaises arrivent vite. J’espère pouvoir être performant sur les deux épreuves.
> Et sur l’Étoile de Bessèges ?
Il fera froid, il y aura du vent et ce sera très nerveux. Il y a quatre étapes un peu vallonnées et le dernier jour, le chrono devrait bien me convenir. Il fait 12 kilomètres, les 9 premiers sont plats et les 3 derniers en montée. Ça peut être une belle course pour se montrer.
> Si vous deviez résumer votre état d’esprit ?
J’ai vraiment envie d’y aller. Je me suis assez entraîné, j’ai passé les derniers jours à faire du rouleau. Maintenant, je constate que les jambes ne sont pas mal et j’ai envie de le montrer.
> Que peut faire Trek cette saison, selon vous ?
Ce n’est jamais évident la première année d’une équipe, cela prend du temps d’établir une relation, que ce soit entre les coureurs ou avec le staff. Mais j’ai le sentiment que l’équipe est plus relax cette année. On a vu à Majorque que les coureurs étaient en forme. Sur le papier, le niveau est plus élevé que l’an passé. Mais, au final, ce qui compte, ce sont les résultats.
> Votre rôle va-t-il être différent en 2015 ?
J’aimerais bien être un des leaders. Ce n’est pas tant une question d’âge que de performance. C’est vrai que sur les courses par étapes, on a des leaders comme Frank ou Bauke. Mais si elle se présente, je saisirai ma chance!
> On sait depuis longtemps que vous faites partie de la présélection pour le Tour…
J’ai envie d’y participer. Le parcours me convient bien avec un chrono, des étapes dures aux Pays-Bas, les pavés… Mais l’équipe ne prendra que les meilleurs. Et l’objectif prioritaire sera le classement général.
> Récemment, le site rouleur.cc a écrit un article sur vous dont le titre était « Je veux être une légende ». Que vouliez-vous dire ?
Quand on est jeune à l’école et qu’on demande ce qu’on veut faire plus tard, les autres disaient policier. Moi, j’ai répondu que je voulais être une légende. On m’a rétorqué que ce n’était pas un métier. Mais j’ai toujours ça dans un coin de la tête. Être une légende n’est pas un objectif, mais peut être un rêve. Et je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver.
> Quel regard portez-vous sur votre trajectoire ?
Pour le moment, je n’ai pas de regrets. Je pense avoir progressé régulièrement en passant par les étapes obligatoires. J’ai été performant en équipe continentale. J’ai eu de bons résultats sur ma première année chez les pros. Et l’an passé, je suis monté sur les courses World Tour. Maintenant, j’espère franchir de nouveaux paliers pour être le plus compétitif possible sur ces grandes courses.
> Quel type de coureur êtes-vous ?
Pour le moment, ce qui me convient le plus, ce sont les courses d’une semaine et les classiques. Mais j’espère que dans le futur, je serai capable de bien figurer dans les Grands Tours. Mais évidemment, je suis encore très jeune et il faut voir comment le physique va se développer.
De notre journaliste Romain Haas