Non non, vous ne rêvez pas : la Jeunesse est enfin parvenue à battre le F91 en championnat (3-1). Et le plus fou : c’est mérité.
Le Quotidien recherche un historien spécialisé dans l’époque médiévale. Sa mission : retrouver la trace du dernier Clasico dans lequel la Jeunesse a mené de deux buts contre le F91. Ce fin statisticien qu’est Marc Thomé ne devait pas non plus avoir la réponse mercredi soir, sur le coup de 20h15 : on l’a vu serrer rageusement le poing au moment où Kevin Sommer capte sans souci une frappe un peu désespérée de Dave Turpel, tandis que M. Durieux renvoie tout le monde aux vestiaires… pour la pause. On ne peut pas l’interpréter autrement que comme ça : même s’il reste 45 minutes à jouer, c’est déjà une petite victoire pour la Vieille Dame.
Et le score n’est pas la seule conquête de la soirée. Sous l’impulsion d’un Lapierre absolument génial offensivement sur son côté gauche et d’un Menessou sauvage dans l’entrejeu, la Jeunesse se redécouvre conquérante comme elle ne l’a quasiment plus été depuis le match aller, fin août. À l’époque, elle n’avait tenu la longueur que sur une mi-temps et sans parvenir à marquer. Hier, elle a rectifié cette faute de goût. Une remise géniale en une touche de Lapierre dans la course de Kyereh force Schnell, débordé, à accrocher l’attaquant dont l’apport de vivacité dans le couloir est probant. Todorovic, sur penalty, enterre le souvenir de son dernier but, cette main gênante contre le Fola, en prenant Joubert à contrepied (1-0, 12e). Un petit quart d’heure plus tard, Lapierre, enfermé au point de corner, dos au but, profite du laxisme consternant de Luisi pour se retourner et s’échapper, avant de servir N’Diaye en retrait, qui place son plat du pied gauche en lucarne (2-0, 28e).
Sommer fait un sacré show
Le F91, globalement maladroit, peine à matérialiser une vraie révolte. En mode pépère, il calcule ses accélérations a minima. Elles font pourtant mal. Mais Stolz rate son plat du pied, seul aux six mètres (33e). Peu après, c’est Laurienté qui manque de lucidité en décroisant trop un plat du pied droit facile sur une passe en retrait de Stolz (36e). Si Dino Toppmöller voulait secouer le cocotier après la deuxième mi-temps un rien désespérante à Rodange, dimanche, il l’a fait un peu trop fort.
Pas un dédoublement, certains joueurs apathiques dans l’acception la plus désespérante du terme. Le coach en fera lui-même le constat au coup de sifflet final : cela manquait d’envie. Et ça coûte la première place, reprise par le Progrès Niederkorn. Car incapable de remuer le bloc eschois, Dudelange va encore se faire surprendre, en contre cette fois, avec une volée de Stumpf parfaite, entre les jambes de Joubert (3-0, 84e).
De l’autre côté du terrain, là même où le Français avait demandé à sortir, dégoûté par la désormais fameuse plaque de verglas du derby eschois, Sommer fait le show. Et repousse une grosse volée avec rebond de Turpel (80e). Il devra s’incliner sur une tête décroisée de Stelvio qui évite une vraie humiliation au champion en titre (3-1, 90+2) mais le mal est déjà fait.
La Jeunesse, elle, a fêté bruyamment ce succès quasi historique, avec ses supporters. «Pour que ce succès ait un sens, il faut gagner dimanche contre Hamm», rappelle Thomé, presque déçu de ne pas pouvoir célébrer ça plus dignement. Mais le meilleur est peut-être à venir pour la Vieille Dame…
Julien Mollereau
Résultats de la 15e journée :
Jeunesse – F91 : 3 – 1
Hamm Benfica – FCD03 : 0 – 1
Rodange – US Esch : 1 – 0
Rosport – Pétange : 0 – 2
Progrès – Strassen : 1 – 1
RFCU – Fola : 2 – 1
Hostert – Mondorf : 1 – 3