« On est presque tous là… » C’est depuis Majorque qu’Alex Kirsch nous a répondu, vendredi soir. Deux jours plus tôt, la nouvelle du retrait de Cult Energy avait jeté un froid parmi la douzaine de coureurs qui s’étaient donné rendez-vous, à leurs propres frais, pour dix jours de stage personnel.
« La situation est difficile, c’est évident, glisse Alex Kirsch. L’annonce du retrait de Cult a été une surprise pour tout le monde. Personne ne pouvait s’y attendre… » D’ailleurs, lors du premier stage, effectué voici une quinzaine de jours à Gelsenkirchen, où le nouveau maillot de l’équipe fusionnée avait été présenté en avant-première et où les nouveaux vélos Rose avaient été remis aux coureurs, rien ne laissait présager une telle issue.
« C’est d’autant plus surprenant pour nous, les coureurs, que l’UCI avait donné son accord pour que l’équipe parte dans le peloton Continental Pro. Lorsqu’on connaît les règles strictes exigées par la Commission des licences et les garanties bancaires qu’il faut donner, on était alors rassurés », reprend Alex Kirsch.
Effectivement, les difficultés financières de la saison écoulée semblaient devoir être rangées dans le rayon des mauvais souvenirs. D’ailleurs, tous les coureurs avaient reçu leur plan de marche pour 2016. « Moi, explique Alex Kirsch, je devais commencer par le Tour du Qatar du 8 au 13 février. Depuis, j’avais ça en tête. D’ailleurs, l’an passé, on avait dû attendre beaucoup plus longtemps pour toutes ces modalités. J’y voyais un bon signe… »
L’affaire est mal engagée, mais n’est toutefois pas totalement perdue. Car on le sait, le groupe Stölting continue de prospecter afin de trouver une solution de sauvetage et convaincre un deuxième partenaire. Mais Alex Kirsch semble en convenir, les choses sont mal embarquées. « Alors que nous, coureurs, n’avons pas eu d’explication de la part de Cult Energy, nos dirigeants nous renseignent trois fois par jour de la situation. Il n’y a rien à dire. Stölting fait le maximum pour sauver l’équipe. Mais il faut être réaliste, cela ne sera pas facile. Cela aurait été différent si nous étions en octobre. Là, le début de saison approche et il nous faut attendre… »
Mais à écouter Alex Kirsch, l’attente sera de courte durée : « Si la situation doit évoluer, alors cela se fera rapidement, d’ici quelques jours. » On l’imagine aisément, à Majorque où les coureurs ont financé de leur propre denier leur séjour d’entraînement, l’ambiance pourrait être meilleure. « Sur le vélo, ça va, on s’entraîne. Mais c’est vrai qu’avant et après, on pense toujours à ce qui nous arrive. C’est d’autant plus dur qu’il nous faut attendre. »
Mercredi, lorsqu’il retrouvera le sol luxembourgeois, il devrait en savoir plus. Dans tous les cas, il n’a, pour le moment, pas cherché à trouver refuge ailleurs. « Je ne sais pas comment on peut trouver une équipe en aussi peu de temps et à ce stade de l’année. Pour le moment, je n’ai rien fait, car cela ne sert à rien en l’état actuel des choses. Il n’y a qu’une chose à faire, voir si l’équipe peut se sauver. Mais moi, c’est clair, je ne veux pas arrêter ma carrière comme ça, après ma belle saison 2015.»
Difficile, dans ce contexte, de parler de sa petite personne. Mais on l’y invite quand même. « Physiquement, ça va, je sens que je récupère mieux, je m’entraîne plus fort. Tout est en règle et je suis parfois impressionné par mes jambes. »
Denis Bastien