Bob Jungels sera l’un des grands leaders de l’équipe Quick Step Floors, qui a été présentée mercredi à Courtrai. Le champion national luxembourgeois aura le Giro comme objectif central.
La présentation de l’équipe vient de se terminer et Bob Jungels n’est pas le moins sollicité. L’instant d’avant, Patrick Lefevere, le manager de l’équipe Quick Step, a glissé un lapsus (révélateur?) évoquant sa place de leader dans le Tour. C’est bien du Giro dont il faut parler. Ce Tour d’Italie où il avait fait un tabac l’an passé en terminant sixième du classement final mais aussi en portant le maillot rose et en terminant en blanc à Milan.
Bob Jungels, dont le programme ressemblera à celui de 2016 à la différence près qu’il effectuera également la Vuelta en fin de saison, en prévision des Mondiaux, se montre ambitieux pour 2017. Il peut l’être, il n’a que 24 ans…
Le Quotidien : Parlez-nous de votre programme…
Bob Jungels : La grande course de la saison, ce sera le Giro. Puis la Vuelta et les Mondiaux. Mais tout d’abord, je vais commencer au Tour de Dubai. Je poursuivrai avec le Tour d’Oman. Ensuite, je serai au départ des Strade Bianche, puis de Tirreno-Adriatico (NDLR : qu’il avait terminé à la 3 e place l’an passé). Après, comme l’année dernière, j’effectuerai un stage d’entraînement en altitude. Puis j’enchaînerai avec l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne, le Tour de Romandie et le Giro.
Et ensuite?
Je reprendrai comme l’an passé avec les championnats nationaux et on verra quelle course de préparation je ferai pour préparer la Vuelta, avant de finir avec les Mondiaux.
Comment s’est déroulée l’élaboration de votre programme?
Cela s’est fait avec l’équipe, mais personnellement, j’avais pris la décision de faire deux grands Tours afin de faire le prochain pas pour bien évoluer. Cela va me rendre encore plus fort. Si un jour je veux refaire le Tour, je veux y aller pour faire un résultat. Je pense que c’est encore un peu tôt pour le moment pour être dans les premiers. Mon choix était clair.
Et le Tour d’Italie, c’est là où vous avez brillé l’an passé…
C’est ça oui. L’an passé, j’étais déjà content avec mon choix de changer d’équipe, c’était le mieux que je pouvais faire. J’avais bien commencé avec mon succès d’étape sur le Tour d’Oman, puis j’avais bien enchaîné sur Tirreno-Adriatico, puis donc le Giro. On a vécu une très belle aventure sur le Giro, avec les résultats que nous avons faits. C’était exceptionnel.
Le Giro sera très relevé cette année. Votre avis?
C’est vrai, l’an passé, il n’y avait pas de Quintana. Il y aura encore Nibali et d’autres coureurs. Mollema, Dumoulin seront là. On verra comment ça se passe. C’est un Giro très dur et la troisième semaine sera capitale, elle sera extrêmement dure. Mais avec les deux chronos au menu, cela devrait me convenir. Si je peux répéter le même résultat que l’an passé, on sera très content.
Ce sera votre premier grand objectif?
Oui, ce sera mon grand objectif. Le premier sera Tirreno-Adriatico avec deux chronos au menu. Cette course me convient bien également. Les montées ne sont pas trop, trop dures. On verra.
Le Giro 2016, vous en avez retenu quoi?
Beaucoup d’émotion. Avant le Giro,je me sentais fort dans les classiques et le Tour de Romandie. Mais dès le début du Giro, aux Pays-Bas, il s’est passé quelque chose. C’était différent des autres courses. C’est difficile à décrire. Ce sont des émotions. Je n’avais pas pensé au maillot blanc. L’avoir 17 jours, c’est quelque chose. Après, le maillot rose après une journée exceptionnelle (passation des pouvoirs au sein de la même équipe entre Gianluca Brambilla et Bob Jungels).
Comment décrivez-vous votre progression?
Je veux progresser encore, avec ces deux grands Tours, c’est bien. En ce moment, et avant de commencer la saison, je me sens parfaitement bien. J’ai sans doute fait moins que l’an passé, mais je suis déjà sur un autre niveau. C’est parfait. Avec l’équipe, le niveau est tellement haut que tu n’as pas trop le choix.
Savez-vous déjà qui vous accompagnera sur le Giro?
Dans notre équipe, on va retrouver Eros Capecchi (NDLR : le coureur italien présenté par Patrick Lefevere comme étant le coéquipier embauché pour se mettre au service de Bob Jungels sur le Giro), Philippe Gilbert, Zdenek Stybar, Fernando Gaviri, qui aura deux coureurs pour lui lancer les sprints, dont Maximiliano Richeze. Il y aura aussi un jeune comme Laurens De Plus.
Vos conditions d’entraînement ont-elles été bonnes cet hiver?
À la maison, ce n’était pas idéal, mais lors des stages ça allait et comme on est toujours en Espagne, il n’y a pas de problème. Avec le poids, tout va bien. Je suis prêt.
Ressentez-vous davantage de pression pour cette saison?
De la pression indirecte, je pense. Tu vois qu’ils font des choses pour toi, qu’ils recrutent même des coureurs pour toi. La pression, je me la mets moi-même, car personne ne te dit « il faut ça et ça ». C’est une pression indirecte et personnelle. C’est mon caractère. Il me faut franchir le prochain palier.
Beaucoup de personnes imaginaient l’an passé que vous ne pouviez pas briller dans les grands Tours. Cela doit vous faire du bien d’avoir prouvé le contraire?
Oui, c’est un bon sentiment de montrer à ces personnes qu’elles n’avaient pas raison. Après mon premier grand Tour, la Vuelta, en 2014, j’étais convaincu que je pouvais briller sur ces épreuves. Maintenant, à moi de confirmer.
Vous vous retrouvez dans la peau d’un grand leader dans une grande équipe…
Oui, c’est ça…
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Vous travaillez de manière spécifique dans l’optique de vos objectifs?
De plus en plus, je m’entraîne en altitude. Il y a des petites vis qu’on va tourner encore. On va aussi commencer à travailler sur la nutrition. Il faut s’améliorer partout. Pour ça, j’ai tout le support de l’équipe avec des gens d’expérience.
Quel regard portez-vous sur la configuration 2017 de votre équipe?
Il y a eu des départs comme Maes et Vandenbergh qui étaient importants pour l’équipe des classiques de pavés. Ensuite, d’autres coureurs comme Tony Martin sont partis. On a eu des recrues importantes comme Philippe Gilbert et des jeunes qui sont arrivés. De ce que j’ai vu aux entraînements, je pense que le niveau est encore plus haut que l’an passé. En montagne, on sera plus fort, je pense. Par exemple, Capecchi a été recruté pour nous escorter moi et Dan Martin. On avait vu des petits manques l’an passé et l’équipe a réagi, c’est bien.
Chez Quick Step Floors, tout le monde peut gagner des courses…
Ce n’est pas une concurrence interne, ça ne frotte pas, mais chacun veut se montrer, c’est bien.
Denis Bastien, à Courtrai