Le milieu de terrain Julien Humbert poursuit sa bataille juridique pour s’extirper définitivement de son contrat avec le F91, qui voulait l’envoyer à Hamm alors qu’il a signé au RFCU.
Julien Humbert ne répond pas aux questions. D’ailleurs, il a arrêté de décrocher son téléphone tout court. À 33 ans, son entourage, au RFCU, explique que sa croisade n’a qu’un but : rejouer au ballon le plus vite possible et que pour ce faire, le joueur ne veut braquer personne. Ni à Dudelange, «où il a gardé d’excellents contacts», assure un de ses coéquipiers lui aussi passé au F91 ni à la FLF, partie prenante de cette «affaire», puisque c’est elle, aussi, qui ne veut pas mettre les pieds dans le plat en délivrant une licence tant que l’arbitrage de la FIFA n’a pas été rendu.
Il faut donc se contenter des vieilles déclarations d’un garçon qui, à l’époque déjà, les considérait comme un peu trop franches et pas utilisables dans les médias. Il y a trois mois, le milieu de terrain annonçait en effet se lancer dans «une quête de liberté et sans regrets».
«Je ne suis ni un idiot ni un enfant»
On est en octobre, il n’a toujours pas rejoué. Ou alors si : en amical. Notamment dans une rencontre face au F91 qui l’a vu discuter sans animosité particulière avec Dino Toppmöller, l’entraîneur qui l’a cantonné à l’équipe 2 la saison passée. Le problème, ce n’est de toute façon pas le technicien allemand. Plutôt ses dirigeants, qui ont refusé un bon de sortie à un élément sans histoires après deux ans de présence au club, quand Humbert a demandé à pouvoir aller jouer au RFCU. À ce moment, on lui fait comprendre que non, il sera plutôt prêté à Hamm.
En mai, il refuse tout net et bondit de fureur : «Je ne suis ni un idiot ni un enfant. J’ai mon bac, trois gosses, des responsabilités. Qu’on me dise ce que je dois faire, ça allait quand j’étais pro, mais là…» Puisqu’il lui reste une saison en option accolée à celle qu’il doit encore disputer en 2017/2018, Humbert préfère ne pas prendre le risque d’être bloqué deux ans par Dudelange et prend ses responsabilités : il en appelle à la justice. Cette partie de son combat, ce sont ses nouveaux dirigeants qui la racontent.
La FIFA, donc, a été saisie. Assisté par deux syndicats de joueurs pros (l’UNFP et la Fifpro), d’un cabinet d’avocats français spécialisés dans le droit du travail, notamment sportif (il s’occupe actuellement de l’épineux cas d’Hatem Ben Arfa, mis au placard au PSG) mais aussi de son épouse, licenciée en droit, Humbert enclenche deux actions dont une auprès de l’instance internationale, se référant à un chapitre de ses statuts, «la juste cause sportive».
«Il veut prouver que le foot, c’est un plaisir»
C’est là que la FIFA a un peu perdu le fil puisque jamais, a priori, ce principe n’avait été évoqué auprès de ses services. Et pour cause : un joueur professionnel très bien rémunéré n’ira pas forcément au clash juste pour jouer au ballon. Tant que son club le paie… En DN, où le joueur non amateur (mais pas pro) n’est que très correctement traité financièrement (surtout à Dudelange d’ailleurs), on aurait donc la possibilité d’invoquer le droit à l’amusement pour être libéré d’un contrat? C’est ce que Julien Humbert a plaidé. Son droit à jouer au foot où il veut histoire de prendre du plaisir. Les règlements protectionnistes de la fédération étant potentiellement en contradiction avec ce droit au bonheur, selon ses défenseurs.
Dans l’entourage du joueur, on se dit optimiste, les jurisprudences de cet ordre allant toutes dans le même sens. Reste à savoir quand elle prendra la bonne direction pour Julien Humbert. Car en attendant, RFCU – F91, ce week-end, ce sera sans lui… L’un de ses porte-paroles dans l’équipe raconte que ça ne le touche pas trop : «Il vient à l’entraînement, se donne. Il veut être un exemple et prouver que le foot, c’est un plaisir…»
Julien Mollereau