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[Athlétisme] Championnats d’Europe : une édition historique


Patrizia Van der Weken sera l'une des têtes d'affiche luxembourgeoise aux Jeux. Elle attend de savoir si d'autres athlètes que Bob Bertemes seront également du voyage. (Photo : lukasz szelag/fla)

Les athlètes luxembourgeois ont été exacts au rendez-vous pour la deuxième plus importante échéance de la saison.

Avant même le début de ces championnats d’Europe, cette édition continentale était d’ores et déjà historique pour le Luxembourg. Qui avait qualifié un nombre record de six athlètes. On était même tout près de sept, malheureusement, il a manqué un tout petit point à François Grailet pour rejoindre ses petits camarades. Finalement, ils n’étaient «que» cinq après le désistement à la dernière minute de Charel Grethen, pas encore à 100 % et qui se concentre sur la qualification olympique.

PARTICIPER, ÇA NE SUFFIT PLUS

Il y a encore quelques années, les athlètes luxembourgeois étaient bien heureux de se retrouver au milieu de la crème de la crème internationale. Et, finalement, peu importait la performance. C’était déjà très bien d’être là. Seulement, les temps ont changé. Et les sportifs grand-ducaux ne se présentent plus dans les starts en victimes expiatoires. Ils sont acteurs de leur course. Et bien décidés à prendre leur destin en main. C’est exactement ce qui s’est passé lors de ces championnats. Tous les cinq ont joué crânement leur chance. Et ils sont nombreux à avoir été récompensés.

VAN DER WEKEN, LE CHEF-D’ŒUVRE INACHEVÉ

Un centième. Le Luxembourg était tout proche de vivre sa première médaille dans un championnat d’Europe depuis l’argent de David Fiegen à Göteborg en… 2006. Mais ça n’est pas passé. Pour rien du tout. Bien sûr, tout le monde se souviendra de la ligne droite de Patrizia Van der Weken. Et de l’image des trois sprinteuses enlacées attendant fébrilement le verdict… qui lui fut défavorable. Pour un malheureux centième (11″04), elle échouait à la pire place, la quatrième, juste derrière la Polonaise Ewa Swoboda, deuxième (11″03), et l’Italienne Zaynab Dosso, troisième (11″03), départagées au millième de seconde dans une course remportée par la favorite Britannique Dina Asher-Smith (10″99).

La pièce n’est pas tombée du bon côté cette fois. Mais cette performance exceptionnelle, qui a suivi une demi-finale maîtrisée où la protégée d’Arnaud Starck avait grappillé encore deux centièmes à son record national pour claquer un 11 secondes tout rond montre à quel point Patrizia Van der Weken est désormais entrée dans la cour des grands. Et sa déception légitime est également «un bon signe», comme le confirme son coach : «Elle ne se satisfait pas de cela. C’est dommage, mais c’est une étape vers plus grand.» En clair, Patrizia Van der Weken n’a peur de rien ni de personne. Elle peut regarder n’importe qui dans les yeux. Et un jour, ça pourrait bien lui sourire. En attendant, elle va se concentrer sur la préparation de l’événement de l’année : les Jeux de Paris!

SI PROCHE DE LA MÉDAILLE

Le vieux lion rugit encore : meilleure perf de la saison pour Bob Bertemes, qui n’est qu’à 8 cm d’une médaille.

Lui aussi aurait pu repartir avec une médaille. Il a en effet manqué huit petits centimètres à Bob Bertemes pour quitter la scène continentale par la très grande porte. Mais le colosse de Mannheim, qui vit sa dernière saison de sportif de haut niveau, n’est pas déçu. Après un été très compliqué où il n’avait jamais lancé au-delà des 20,36 m, il arrivait à Rome sans aucun repère. Mais, à l’expérience, il a réussi à arracher sa place en finale à l’issue de son troisième et dernier essai, mesuré à 20,23 m. Son émotion, quand on le voit tomber dans les bras de son coach Khalid Alqawati, fait plaisir à voir. Il sait qu’il ne terminera pas ses derniers championnats continentaux par la petite porte. Mais par la grande.

Le lendemain, comme la veille, c’est son troisième jet qui est le meilleur. Il envoie son poids à 20,86 m et se prend alors même à rêver de médaille. Malheureusement, il s’en faudra de huit malheureux centimètres. Pas de quoi atténuer la joie du vieux grognard qui a livré tant de batailles. Et qui quitte la scène européenne sur une sixième place. Comme à Berlin, en 2018. Il lui reste encore deux mois avant de remiser définitivement son poids dans l’armoire. On le retrouvera à Paris pour, il l’espère, encore deux apparitions sous les yeux du monde entier.

MATHIAS, COMME AUX PLUS BEAUX JOURS

Elle était la dernière à entrer en lice. Mais Charline Mathias a largement rempli sa part du contrat. Elle qui a si souvent été perturbée par de très graves blessures qui lui ont ruiné des saisons entières, retrouve une seconde jeunesse alors qu’elle vient de fêter ses 32 ans. La doyenne de cette sélection continentale, bien que qualifiée à la dernière minute, était sur une superbe dynamique. Après un hiver conclu avec un nouveau record national pulvérisé de deux secondes, la spécialiste du 800 m avait annoncé la couleur : «Je vise Paris!» Et dès la reprise de la saison estivale, elle avait joint le geste à la parole en signant son deuxième meilleur chrono en carrière avec une course en 2’00″96 et une deuxième place du côté de Karlsruhe. Se sont ensuivies trois autres courses très solides qui lui ont permis de valider son billet pour Rome en 27e position sur 32 qualifiées.

Lundi, dans sa série, elle est encore en retard à l’entame de la dernière ligne droite. Mais à la faveur d’un effort maximal, elle serre les dents, tire à fond sur les bras pour sauter sur la ligne l’Italienne Coiro et prendre la troisième place, directement qualificative pour la demi-finale. Moins de 24 heures plus tard, elle est de retour sur la piste. Mais cette fois, ça ne passe pas : «À partir de 650 m, les batteries étaient à plat.» Elle tentera de revenir sur l’avant de la course, mais ne pourra pas faire mieux qu’une sixième place. Elle termine 12e, comme à Berlin en 2018. Et se consolera en gardant le positif. Et notamment un season best, puisqu’elle a bouclé sa demi-finale en 2’00″78. De quoi aborder en pleine confiance la dernière ligne droite en direction des qualifications olympiques. Il lui reste trois semaines pour multiplier les bonnes perfs. Et grimper encore dans le «Road to Paris». À l’heure actuelle, elle occupe une très fragile 46e place alors qu’elles seront 48 à aller aux Jeux.

DES PREMIÈRES PROMETTEUSES

Ils étaient deux à connaître leur toute première sélection aux championnats d’Europe. Si c’était une grande première pour Ruben Querinjean, on ne peut pas en dire autant de Vera Hoffmann, qui avait déjà participé aux championnats du monde l’an passé. L’un comme l’autre ne se sont pas qualifiés pour la finale. Mais l’un comme l’autre se sont bien battus. Première à entrer en lice, Vera Hoffmann s’est classée huitième de sa série du 1 500 m et d’ailleurs huitième au scratch sur l’ensemble des deux séries. S’il lui a manqué un tout petit peu pour aller chercher la finale – seules les six premières places étaient qualificatives –, elle réalise une course solide en 4’10″43. De quoi également aborder de manière positive les semaines décisives qui arrivent. Actuellement, elle figure au 38e rang sur les 45 qualifiées pour Paris.

Quant au petit dernier, il était déjà très content d’être là. Arrivé presque comme un cheveu sur la soupe, l’invité de dernière minute Ruben Querinjean a réalisé une course plus qu’honorable, lui qui disputait simplement son troisième 3 000 m steeple en carrière. Encore en huitième position à 200 m de la ligne – les huit premiers passaient en finale – il a été rattrapé par le lactique et se classe finalement 11e et même 14e au scratch. Pas mal pour un athlète qualifié in extremis avec le 33e rang sur 34 qualifiés. Place désormais aux trois dernières semaines, car lui aussi peut rêver d’une éventuelle qualification olympique.

VIVEMENT LA SUITE

Une quatrième place à un centième de la médaille, une sixième à 8 cm, un record national, des season bests à l’envi et des résultats meilleurs que ce que le classement de ses athlètes indiquait, ces championnats d’Europe romains ont été une superbe réussite pour un athlétisme luxembourgeois en pleine mutation. De quoi se montrer optimiste pour la suite. Et la suite arrive très vite. Pour l’heure, ils sont officiellement deux qualifiés pour Paris, à savoir Patrizia Van der Weken et Bob Bertemes. Mais ils sont désormais quatre qui peuvent y croire : Charel Grethen, Vera Hoffmann, Charline Mathias et même Ruben Querinjean. Pour tous, il reste trois semaines pour enchaîner les compétitions et surtout les résultats. Six athlètes à Paris? Et pourquoi pas!

Grethen diminué par un parasite

Charel Grethen avait décidé au dernier moment de ne pas se rendre à Rome, s’estimant insuffisamment remis d’un virus attrapé à Marrakech lors de sa première sortie estivale. Le miler luxembourgeois a passé des examens médicaux. Et le verdict est tombé : «Les médecins ont détecté que j’avais un parasite dans mon intestin. Cela peut expliquer mes courses», explique-t-il. La bonne nouvelle, c’est que le mal devrait disparaître de lui-même : «C’est bien de connaître la raison. Le médecin m’a dit que ça devrait aller assez vite.» On devrait le retrouver au départ à Liège, mercredi prochain, avant de le voir disputer les championnats nationaux, à l’INS, dernière compétition qualificative pour Paris. Pour rappel, il est désormais 40e dans le «Road to Paris» alors qu’ils seront 45 à se qualifier. Il doit donc prendre encore quelques points pour valider définitivement son billet pour les Jeux.

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