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Deschamps et Cantona règlent leurs comptes au tribunal vendredi


Les deux champions ne sont pas prêts de se réconcilier. (Photo / AFP)

Eric Cantona et Didier Deschamps ont rendez-vous au tribunal vendredi pour régler un vieux contentieux: le sélectionneur des Bleus accuse l’ancien roi de Manchester de l’avoir diffamé en agitant la question sensible des origines pour expliquer les mises à l’écart de Benzema et Ben Arfa, avant l’Euro-2016.

Selon leurs avocats ou entourage, les deux anciens joueurs de l’équipe de France, qui s’étaient croisés sous le maillot bleu dans les années 90, avaient l’intention d’être présents devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris ce vendredi. Sauf si l’audience est reportée en raison de la grève des avocats contre la réforme de leur régime autonome de retraite, une « hypothèse réelle » selon eux.

Mai-2016. C’était une époque où les Bleus, qui n’avaient qu’une étoile sur le maillot, s’apprêtaient à disputer l’Euro à domicile, dans un pays encore traumatisé par les attentats islamistes survenus l’année précédente. Dans ce contexte, les mots d’Eric Cantona, dans le quotidien britannique The Guardian, le 26 mai, avaient attisé la polémique. « Une chose est sûre, Benzema, (exclu des Bleus à cause de sa mise en examen dans l’affaire de la sex-tape visant son partenaire Mathieu Valbuena, NDR) et Hatem Ben Arfa (alors sur la liste des réservistes, finalement non retenu, NDR) ce sont les deux meilleurs joueurs en France et ils ne joueront pas à l’Euro. Ce qui est certain également c’est que leurs origines sont nord-africaines. Donc oui, le débat est ouvert », avait déclaré Canto, ancienne idole de Manchester United, connu pour ses coups de génie, ses coups de sang et ses coups de gueule.

« Deschamps a un nom qui sonne bien français. C’est peut-être le seul en France à avoir un nom aussi français. Personne ne s’est jamais mélangé avec personne dans sa famille. Comme les Mormons en Amérique », avait ajouté l’ancien « red devil ». Deschamps avait immédiatement annoncé qu’il portait plainte pour diffamation publique. D’après une source proche du dossier, le patron des Bleus veut une « condamnation de principe » et compte reverser ses dommages et intérêts à une association s’il a gain de cause. L’avocat de Deschamps, Me Carlo Alberto Brusa, n’était pas joignable pour confirmer cette information.

« En vouloir ce serait un faible mot, je ne peux pas oublier »

Quelques jours après l’intervention de Cantona, la polémique avait repris de plus belle quand Benzema lui-même avait accusé, le 1er juin, Didier Deschamps d’avoir « cédé à la pression d’une partie raciste de la France ». Les Bleus, sans l’attaquant du Real Madrid ni Ben Arfa, avaient atteint la finale de l’Euro-2016, mais des mois plus tard, Didier Deschamps n’avait toujours pas digéré les mots de « Canto ». « En vouloir ce serait un faible mot, je ne peux pas oublier », avait-il déclaré fin 2016.

De son côté, l’avocate d’Eric Cantona, Me Céline Bekerman, défend sa « liberté de parole ». « Il assume ce qu’il a dit. Il n’insinue rien contre Didier Deschamps, contre qui il n’a pas d’animosité. Mais il a posé une question que beaucoup de gens se posaient », explique-t-elle. Sous le maillot bleu, Cantona et Deschamps n’avaient déjà pas vécu une idylle parfaite. Cantona, qui n’avait pas hésité à qualifier « DD » de « vulgaire porteur d’eau » en 1996, a toujours soupçonné l’ex-capitaine des Bleus d’avoir contribué à l’écarter de l’équipe de France pour l’Euro cette année-là.

 

LQ / AFP