Les micromaisons, ou tiny houses en anglais, ont le vent en poupe dans les pays voisins. L’intérêt est grand aussi à Luxembourg, comme en témoigne une conférence qui a fait le plein la semaine dernière.
Le Luxembourg Center for Achitecture (LUCA) avait prévenu la veille que la salle était complète. Le thème de la soirée consacrée aux tiny houses a donc attiré un public intéressé dont le ministre du Logement, Henri Kox.
Le ministre avoue être resté sur sa faim. «C’était une chouette soirée, une bonne approche, mais il y a encore des réflexions à mener», nous déclare-t-il. Si le ministère était associé au LUCA pour organiser cette conférence dédiée aux micro-maisons, plus connues sous leur nom anglais «tiny houses», ce n’est pas forcément pour en faire la promotion.
La salle affichait complet la semaine dernière au siège du LUCA, rue de l’Aciérie. Le public était plutôt acquis à la cause des tiny houses et le conférencier, Van Bo Le-Mentzel, architecte berlinois et CEO de la Tiny Fundation, a rejoint le ministre Henri Kox sur un point : les micro-maisons, sur roues ou sur fondation, ne sont qu’un élément dans la panoplie de solutions pour résoudre la crise du logement.
C’est fait pour les « nomades urbains »
L’intérêt au Luxembourg prend de l’ampleur. «Les gens dans le public venait de toutes les couches de la société et tous les métiers. Des gens qui veulent devenir propriétaires et qui sont prêts à vivre dans 20 m²», témoigne la directrice du LUCA, Andrea Rumpf. Les motivations sont différentes : en Allemagne, c’est pour la philosophie nomade. Ici, davantage pour le prix ou pour marquer son attachement à l’anticonsumérisme. Mais certains sont prêts à tout pour avoir un toit à un coût abordable et la tiny house leur apparaît comme la solution.
Les Allemands ont une expérience en la matière que l’architecte a décrit comme une initiative privée. «Il s’agit d’individus qui s’associent et demandent des autorisations pour poser leur tiny house sur un terrain privé pour une durée déterminée», nous explique la directrice du LUCA, Andrea Rumpf. Il ne s’agit en aucun cas d’un mode de vie perpétuel. Vivre dans un espace de 10 m², cela ne peut qu’être transitoire, en effet. «C’est pour une période de leur vie, c’est fait pour les « nomades urbains »», ajoute la directrice, amusée par cette expression.
Le conférencier a expliqué que la tiny house ne pouvait pas remplir tous les besoins. Ses occupants sont souvent des jeunes qui travaillent et qui sortent le soir, vont travailler dans des cafés équipés de wifi (ou pas) où ils font des rencontres. On ne peut rester que six mois sur les campings, sinon la tiny house devient un logement fixe. Soit on part, soit on accepte d’être dans l’illégalité…
Nous n’avons pas d’exemple encore au Luxembourg
Le ministère du Logement dit ne pas être compétent en matière d’autorisations car ce sont les communes qui décident si oui ou non, une telle installation est compatible avec leur règlement des bâtisses. Les tiny houses peuvent être assimilées à des roulottes, des camping-cars donc il existe des endroits dédiés pour ça. «Nous n’avons pas d’exemple encore au Luxembourg», reconnaît Andrea Rumpf, sinon l’expérience menée par la maison de la transition dans le sud du pays avec son écovillage de tiny houses.
Le LUCA, de son côté, ne compte pas en rester là. Il organisera un atelier de travail en été avec deux tiny houses. Mais le gros problème au Luxembourg, c’est le terrain et les autorités n’ont pas très envie de les voir investis par des micromaisons. «On peut songer à les installer sur des terrains où il n’y a encore aucun projet, au lieu de les laisser vides on pourrait louer le terrain», suggère Andrea Rumpf.
En tout cas, le LUCA va essayer de trouver un emplacement pour ses deux tiny houses pour «un essai réaliste». Pour l’heure il est en quête d’habitants pour son expérience. «Nous sommes en discussion avec le CELL (Centre of Ecological Learning) et la Maison de la transition», précise la directrice de LUCA.
Elle sent l’intérêt grandissant pour ce type de logement mais reconnaît ne pas avoir encore toutes les réponses.
Geneviève Montaigu
Plutôt de la hauteur
Comme ce genre d’habitation très minimaliste n’est pas fait pour une famille pendant dix ans, il ne peut être considéré comme une solution à la crise du logement au Luxembourg. C’est en tout cas la position du ministre Henri Kox qui dans toute cette discussion, retient surtout qu’elle a donné des pistes sur la façon de se loger à l’avenir. «Au Luxembourg, on est toujours fixé sur la maison avec jardin», rappelle-t-il, alors que la discussion actuelle tourne autour des nouvelles formes de logement. «On est en train de discuter du bail à loyer, de la colocation», explique le ministre.
Dans le cadre du Pacte logement, les communes sont invitées aussi à faire des efforts concernant l’espace public, à se diriger vers les espaces partagés alors voir des tiny houses squattés des parkings ou des places de village ce n’est pas ce que défend le ministère. «Je préfère une solution dans la hauteur», déclare Henri Kox. Cela étant dit, il n’est pas opposé à l’idée des micromaisons. «Il y a sûrement des communes qui vont les autoriser pour quelques mois, mais il faut des solutions plus durables qui vont au-delà d’un an», défend-il. Par exemple, l’Agence immobilière sociale réfléchit à des modèles amovibles qui seront aménagés selon les besoins du moment et qui ont une durabilité plus longue qu’un an. «On doit encore réfléchir sur ces concepts mais sur une durée de 5 ou 10 ans», explique-t-il.