Les députés ont passé en revue les grands projets d’infrastructures, même si la crise sanitaire actuelle et ses conséquences vont certainement changer la donne. Question de priorités.
La crise sanitaire ne doit pas faire oublier les projets d’avenir. «Ce serait contre-productif de ne pas regarder au-delà de la crise», prévient Carlo Back (Déi Gréng), rapporteur du débat d’orientation sur le financement des projets d’infrastructures de l’État. Pourtant, personne n’oublie les conséquences économiques qui s’en suivront.
Jeudi, les députés réunis en séance plénière mais répartis dans trois salles pour rester à bonne distance les uns des autres ont donné leur feu vert au gouvernement pour lancer les études nécessaires à la réalisation des projets qui dépassent les dix millions d’euros d’investissements. Une liste d’une trentaine de projets a ainsi été approuvée, mais chacun sait que certains d’entre eux seront plus prioritaires que d’autres selon les capacités financières de l’État. Carlo Back a dressé la liste qui comprend des projets liés au logement, à la mobilité, aux infrastructures scolaires culturelles et administratives ou encore à l’environnement comme le projet de renaturation de la vallée de Pétrusse.
L’école de police à Verlorenkost en fait partie où il est prévu de regrouper les formations actuellement réparties sur plusieurs sites. Autre projet, celui du camp militaire de Waldhof où s’est produit le dramatique accident causant la mort de deux démineurs l’an dernier.
Mais les travaux prévus de longue date n’ont rien à voir avec cet accident, a précisé le ministre François Bausch. Ce camp de 82 hectares est situé dans une zone «verte» Natura 2000 et accueille depuis 1964 le dépôt de munitions et une trentaine de hangars en pleine forêt.
Dans la liste, il y a aussi les Rotondes de Bonnevoie dont le chantier se poursuit, des logements pour jeunes dans l’ancien séminaire au Limpertsberg qui abritait l’université de Luxembourg. Le but du projet «Jugendwunnen» est de mettre des logements à prix modéré à la disposition des jeunes ne disposant pas de moyens financiers nécessaires. Actuellement, aucun internat pour enfants de l’enseignement fondamental n’existe dans la capitale et les communes avoisinantes, une structure d’accueil pour l’enseignement fondamental au Limpertsberg est donc prévue.
La construction du lycée sportif à Mamer, l’assainissement des halls des sports à l’Athénée, la construction de l’école européenne à Junglinster, l’extension du lycée Nic- Biever à Dudelange sont autant de projets qui s’inscrivent dans la volonté du gouvernement de développer et de moderniser les infrastructures scolaires. Un centre d’accueil d’une capacité de 258 lits sera construit route d’Arlon pour les demandeurs de protection internationale.
Avec la crise, des reports s’annoncent
Il y aura aussi des pistes cyclables, dont celle reliant Esch à Belval promise pour l’année culturelle en 2022. Et surtout, le projet de 1 000 logements sur les friches industrielles à Wiltz et le projet Neischmelz à Dudelange, là aussi sur des friches industrielles. Pour la mobilité, relevons l’aménagement d’une piste de covoiturage sur l’A6 (autoroute vers la Belgique) alors que les projets entrant dans le cadre du Fonds du rail ne manqueront pas avec l’aménagement de la gare de Luxembourg et son parking souterrain à vélos prévu à l’emplacement de la gare routière.
Les députés ont accepté à une très large majorité le lancement des études pour une trentaine de projets sans connaître le coût précis de chacun d’eux. Ce sont précisément les études qui le diront et le ministre n’a pas voulu lancer de chiffres approximatifs.
«Il est évident que la crise aura une conséquence sur les investissements», a expliqué le député (DP) Claude Lamberty. Certes, les finances publiques se portent bien et la dette est faible. Le Luxembourg a une capacité d’emprunt appréciable et se fixera des priorités. «Il faudra faire passer les projets essentiels et reporter les autres», indique le député sans préciser lesquels.
Pour Dan Biancalana (LSAP), les neuf projets ayant trait à la jeunesse et à l’éducation sont les plus importants à retenir dans les priorités tout comme l’aménagement du territoire et la mobilité.
Geneviève Montaigu
Mondorf, le Domaine thermal rénové
Unanimité pour la rénovation du centre thermal de Mondorf-les-Bains estimée à 133,5 millions d’euros. Les travaux dureront un peu plus de cinq ans et seront répartis sur plusieurs phases. L’objectif est que le centre ne ferme pas ses portes pendant la période des travaux, afin de ne pas courir le risque de perdre des clients au profit de la concurrence transfrontalière.
Le complexe, qui accueille 1 400 clients par jour en moyenne et occupe 40 hectares, date de 1989. L’eau thermale est très agressive pour les matériaux, ce qui a causé des dommages.
Les locaux nécessitent également un assainissement énergétique et des mises aux normes en ce qui concerne la santé au travail. La construction d’un nouveau bâtiment baptisé «Les Sources» est aussi prévue. Sa mise en service se fera en deux phases. Il sera utilisé pour des traitements liés aux cures pendant la phase de chantier, et accueillera à terme 35 chambres d’hôtel, un centre médical et des locaux techniques. En tout, 8 500 m2 de nouvelles surfaces sont prévus, sur une surface brute de 54 200 m2 pour l’ensemble du projet.