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Xavier Bettel se mêle du recrutement au Palais grand-ducal


Le Premier ministre Xavier Bettel. (Illustration : Archives LQ)

Il y a eu une longue série de départs à la Cour grand-ducale et le dernier en date a fait réagir le gouvernement qui a décidé de se mêler des embauches. La Grande-Duchesse a très moyennement apprécié.

C’est parce qu’elle était en colère contre le gouvernement qu’elle aurait boycotté la récente visite du président roumain et de son épouse. C’est ce que la rumeur dit. Elle dit aussi que le gouvernement aurait critiqué cette bouderie qui «écornerait l’image du pays». Pourtant, la Grande-Duchesse fait bien plus pour l’image de ce pays que tous nos gouvernants réunis. Elle fait dans la microfinance et les droits des femmes, pas dans l’optimisation fiscale.

Les seuls communiqués envoyés vendredi par la Cour grand-ducale concernaient la remise de décorations dans l’Ordre civil et militaire d’Adolphe de Nassau et une visite du Grand-Duc Jean au Mudam. La Cour n’allait tout de même pas réagir au fait que le gouvernement entend désormais mettre son grain de sel dans sa politique de recrutement.

L’information livrée hier matin par le Feierkrop et relayée par RTL nous a été confirmée vendredi. Désormais, le gouvernement «contrôlera» les embauches. Il ignore encore comment il procédera, mais il aimerait corriger quelques erreurs de casting qui ont entraîné un turnover impressionnant du personnel de la Maison grand-ducale.

L’ultime épisode en date concerne Chantal Selva, consultante externe, psychosociologue en charge de la modernisation de la Cour, rien que cela. Or cette dame, professeur à l’ENA, n’aurait jamais dû entrer au service de l’institution, car présentant un casier judiciaire non vierge. Elle a donc été remerciée manu militari, mais non sans provoquer cette fois une certaine irritation du côté du gouvernement, car c’est bien lui qui a levé le lièvre en procédant aux vérifications d’usage pour tous les récipiendaires d’une médaille lors de la fête nationale. Et Chantal Selva était sur la liste.

C’est à cet instant que la coalition a décidé d’exercer un contrôle sur les embauches des collaborateurs du Palais. Il n’en fallait pas moins pour mettre la Grande-Duchesse en colère, à la veille de la visite officielle du président roumain et de son épouse, dit la rumeur. Cette même rumeur va plus loin. Elle veut faire croire que la Grande-Duchesse Maria Teresa est partie bouder en Suisse et a manqué à ses obligations d’épouse du chef de l’État. Officiellement, elle s’est absentée en Suisse pour raisons familiales. Et il n’est pas dans les usages de la Cour d’en dire davantage. Pas plus que de réagir à des rumeurs.

Le gouvernement, non plus, ne compte pas communiquer sur le sujet. « Le Premier ministre n’a pas à évoquer ses relations avec le chef de l’État, il se contente de veiller au bon fonctionnement des institutions », lâche laconiquement le chef de cabinet du Premier ministre, Paul Konsbruck. La Cour étant une institution, il compte donc veiller sur elle. Et quand on postule à un poste auprès d’une institution publique, on joint un extrait de son casier judiciaire… Le gouvernement ne compte pas éplucher les candidatures qui parviendront à l’avenir au Palais. Il rend surtout attentif au fait que la Cour a tout intérêt à améliorer ses critères de recrutement.

La Grande-Duchesse et l’image du pays

La Grande-Duchesse est souvent présentée comme «une personnalité difficile», disait Chantal Selva qui, lors de la présentation de la nouvelle organisation de la Cour en octobre dernier, voulait précisément faire taire cette «légende urbaine». Il se peut pourtant que la Grande-Duchesse ait voulu montrer sa colère en boycottant la visite du chef de l’État roumain.

Mais quand on lit que le gouvernement se serait plaint de cet épisode «qui écorne l’image du pays», on croit rêver. La Grande-Duchesse, jusqu’à preuve du contraire, n’est pas associée à la sulfureuse réputation du pays et à son image de paradis fiscal qui lui colle à la peau. Elle n’a rien à voir avec les LuxLeaks ou les Panama Papers, avec le fait que le personnel de PwC seconde de façon tout à fait naturelle l’administration des Contributions directes dans ses missions.

Depuis qu’elle a posé un pied sur le sol grand-ducal, il faut reconnaître qu’en dépit de sa supposée «personnalité difficile», elle a bien plus œuvré pour l’image de ce pays que n’importe lequel de nos gouvernants, par ses nombreux combats pour l’accès des plus démunis à la microfinance, dont elle est une ambassadrice, et par sa lutte pour les droits des femmes et l’éducation des filles dans les pays en développement.

À méditer.

Geneviève Montaigu

Un commentaire

  1. je ne veux pas etre désagréable (envers la journaliste) mais je fais juste « remarquer » que ce que la Grande Duchesse fait (très bien et je la remercie en plus de la féliciter) pour la micro finance ou le droit des femmes est permis par… l’argent de la place financière (élément moteur des rentrées fiscales) donc n opposons pas les deux, merci