Pour la troisième déclaration sur l’état de la Nation, Xavier Bettel est resté fidèle à la tradition. Pas de grandes annonces. La situation de la nation telle qu’elle est. La seule surprise n’a pas plu au patronat.
Toutes les réformes ont été présentées depuis ces deux dernières années. Le Premier ministre, Xavier Bettel, n’avait plus qu’à les résumer. En revanche, le gouvernement a pris ses responsabilités dans le dossier du temps de travail. La flexibilité est accordée aux entreprises, mais en contrepartie de jours de congé supplémentaires. Le patronat se sent trahi.
Tout va mieux. Le Premier ministre, Xavier Bettel, en dressant l’état des lieux de la nation, peut s’enorgueillir, avec son équipe gouvernementale, d’avoir sorti le pays du marasme dans lequel il se trouvait il y a deux ans et demi. La situation économique, sociale et financière du Luxembourg est souriante et ce sera l’attaque du discours, sans grande surprise, de Xavier Bettel.
Sauf une, et elle sera de taille la surprise : le gouvernement a tranché en ce qui concerne la réforme du temps de travail. La période de référence passera donc d’un mois à quatre mois, comme le revendiquait le patronat. Mais il s’est toujours farouchement opposé à une augmentation des jours de congé comme contrepartie. C’est pourtant ce que vient d’accorder le gouvernement pour la plus grande satisfaction des syndicats, provoquant des réactions instantanées sur Twitter de la part d’un patronat qui se sent trahi.
Xavier Bettel explique dans son discours que les entreprises qui le souhaitent pourront introduire plus de flexibilité, mais devront accorder des jours de congé supplémentaires à leurs salariés. Voilà, le gouvernement « a pris ses responsabilités », dans un dossier qui était dans l’impasse totale après de longues négociations avec les partenaires sociaux.
Congé parental urgent
Concrètement, le gouvernement a cherché l’équilibre. Rien ne change pour la majeure partie des entreprises qui fonctionnent, selon Xavier Bettel, sur une période de référence d’un mois (173 heures prestées), ni pour leurs salariés. Ceux qui introduisent la flexibilité sur une période de référence allant jusqu’à quatre mois accorderont entre un jour et demi et trois jours et demi de congé supplémentaire à leurs salariés, selon la flexibilité choisie. L’horaire mobile ne change pas, mais les délégations du personnel devront être associées aux décisions concernant son aménagement. « Tout ceci n’est valable que pour les entreprises qui ne disposent pas de conventions collectives. Pour celles qui en ont une, les partenaires sociaux disposent de leur autonomie tarifaire et ne sont pas concernés par ces nouvelles mesures. »
Xavier Bettel venait juste de vanter les mérites de la réforme du congé parental, « adaptée aux familles modernes » et qui assure à chacun des parents un revenu de remplacement allant jusqu’à 3 200 euros. Pour l’heure, le projet de loi est entre les mains du Conseil d’État avec le tampon «urgent» du gouvernement.
Le patronat se sent trahi parce qu’il a soutenu le gouvernement dans la réforme du congé parental accordant plus de flexibilité aux salariés. Il avait certainement conditionné cette largesse. Dans le cadre des négociations sur la réorganisation du temps de travail, le patronat n’avait cessé de rappeler qu’il avait déjà fait un geste pour le bien-être des salariés et s’attendait à recevoir un bonbon de la part du gouvernement. Il l’a obtenu puisque la période de référence est étendue à quatre mois si les entreprises sans convention collective le désirent. En face, l’OGBL réclamait une compensation sous forme de six jours de congé supplémentaires. Le gouvernement a coupé la poire en deux, grosso modo.
Si c’est la seule nouveauté que contenait cette déclaration sur l’état de la Nation, Xavier Bettel a accordé une large place à l’action gouvernementale en faveur de l’économie et de sa diversification. Avant de se lancer dans une longue énumération des actions menées dans le domaine de la famille, de l’éducation, de la fiscalité en faveur des plus modestes et des chômeurs toujours moins nombreux.
Le Premier ministre ne dira pas un mot sur les affaires LuxLeaks ou des Panama Papers. En toute logique, il ignorera complètement le chapitre «nation branding» qu’il avait décliné l’année précédente, et donc tout le travail de la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener.
Geneviève Montaigu et David Marques