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Une élue française accusée de détenir un compte non déclaré au Luxembourg


Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire de la ville de Puteaux près de Paris, aurait retiré 102 lingots d'or et 860 000 euros en liquide sur un compte caché au Luxembourg entre 2008 et 2009. (Photo : DR)

L’histoire avait été rendue publique en 2011 par le Canard Enchaîné qui avait révélé que Joëlle Ceccaldi-Raynaud disposait d’un compte non déclaré au Grand-Duché. Alors que la justice se pose aujourd’hui la question de l’origine de ces fonds, le site Mediapart révèle ce jeudi une enquête qui éclaircit certaines zones d’ombre de cette affaire.

Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire de la ville de Puteaux, près de Paris, aurait retiré 102 lingots d’or et 860 000 euros en liquide sur un compte caché au Luxembourg en 2008 et 2009. Selon des documents dévoilés par le site Mediapart, le butin représenterait en tout plus de 3 millions d’euros.

Pour affirmer ces chiffres, le site s’appuie sur les relevés du compte en question qui ont été transmis à la justice française par le Grand-Duché. Le compte au nom de la fille de l’élue aurait ainsi été vidé à partir de la fin de l’année 2008. L’opération aurait duré pendant une année entière. Une année durant laquelle un ou deux inconnus mandatés par la maire se seraient rendus à la banque Edmond de Rothschild à Luxembourg pour solder le compte caché de l’élue.

Selon le site Mediapart, « ces opérations ne collent pas avec les explications de la maire de Puteaux ». En effet, Madame Ceccaldi-Raynaud assure que le compte a été régularisé, mais le fait d’avoir retiré l’argent en lingots et en liquide suscite de nombreuses interrogations. L’élue a d’ailleurs expliqué en juin 2013 au juge d’instruction de Nanterre qu’elle avait donné cet argent à sa fille. Cette dernière l’aurait alors rapatrié en France.

Dénoncée par son propre père

La justice a pris connaissance de l’existence de ce compte par le biais du père de l’élue, Charles Ceccaldi-Raynaud, avec qui elle est en conflit ouvert dans une affaire de corruption et de pots-de-vin. L’ancien député-maire de Puteaux a en effet écrit à de nombreuses reprises au juge d’instruction de l’époque pour accuser sa propre fille. « Je vous communique des informations que j’ai recueillies de ma fille elle-même, dans des mouvements de panique. (…) Se doutant que je vais vous informer, Joëlle Ceccaldi est en train de faire vider son compte au Luxembourg » avait-il avancé à la police.

Un héritage introuvable

Joëlle Ceccaldi-Raynaud justifie l’origine de ces fonds par l’obtention d’un « héritage de grand-mère ». C’est en tout cas ce qu’elle avait affirmé dans le bureau du juge d’instruction en août dernier, mais jusqu’à présent les enquêteurs n’ont trouvé aucune trace de l’héritage en question.

Au total, depuis l’ouverture de cette enquête en 2002, cinq juges d’instruction se sont succédé dans cette affaire et le dossier a été clôturé à deux reprises, mais à chaque fois la cour d’appel a ordonné sa réouverture.

Mathieu Rosan