On a beaucoup parlé du tram ces derniers jours, mais très peu de ceux qui vont le conduire. Mais le Landesverband a rencontré la direction de Luxtram, mercredi. Le premier contact a permis aux deux parties de faire connaissance. Car la FNCTTFEL (Fédération nationale des cheminots, travailleurs du transport, fonctionnaires et employés Luxembourg) ne cache pas son intention de s’implanter fermement dans la nouvelle société.
L’affaire avait mal commencé. En choisissant de transformer Luxtram d’un groupement d’intérêt économique (GIE) en une société anonyme (SA) de droit privé, l’État et la Ville de Luxembourg (les deux actionnaires de Luxtram, à 70/30) se mettaient d’emblée à dos les syndicats. Jean-Claude Thümmel, président de la FNCTTFEL, ne le cache pas : « Nous aurions préféré que ce soit une société de droit public qui construise, exploite et entretienne le tram, mais ce n’est pas le choix qui a été fait… », regrette-t-il.
Pourquoi miser sur une société anonyme? Parce que l’État ne voulait pas créer une nouvelle entreprise publique, nécessairement plus coûteuse (notamment en termes de rémunération du personnel) qu’une société anonyme (SA). La version officielle explique, elle, qu’il est plus simple et plus rapide de passer des marchés avec une SA qu’avec un établissement public. Soit. Comme le dit Jean-Claude Thümmel : « Nous sommes mis devant le fait accompli et nous n’avons pas d’autre choix que de faire avec. »
La comparaison CFL/CFL Cargo
Pour tâter le terrain, le syndicat, qui représente 70 % des employés du rail, a fait mercredi la connaissance de la direction de Luxtram. «Le ton a été très aimable, s’est félicité le Landesverband. Le climat était très bon, pourvu que ça dure comme ça!»
Le Landesverband a déjà prévu sa stratégie concernant ce qu’il considère être «un grand challenge». Une fois que Luxtram aura embauché le personnel nécessaire à l’exploitation du premier tronçon (dont 40 conducteurs), le Landesverband ira se présenter avec l’intention de s’implanter solidement.
« Le but est d’atteindre la représentativité que nous avons ailleurs », admet son président. Avec une vingtaine de syndiqués, la FNCTTFEL pourra mettre en place une section «tramway Luxembourg», « c’est le souhait du conseil exécutif », assure Jean-Claude Thümmel. Et une fois la délégation du personnel élue, il sera alors temps de négocier la convention collective. À partir de ce moment-là, pour que l’entente reste cordiale, il faudra que la politique salariale de Luxtram soit à la hauteur des espérances des futurs syndiqués.
La FNCTTFEL dispose déjà d’un référent pour négocier la convention collective : celle des employés privés des CFL Cargo. «La situation entre les chauffeurs de bus des AVL (NDLR : Autobus de la Ville de Luxembourg, où les chauffeurs sont fonctionnaires communaux) et les futurs conducteurs de trams devrait être assez similaire à celle qui existe entre les fonctionnaires des CFL et les employés des CFL Cargo.»
Luxtram est prévenu
Entre les fonctionnaires et les employés, dans ce dernier cas, le salaire est inférieur de 25 % en moyenne, « mais nous avons pu négocier un bon contrat collectif », explique le président du Landesverband. « Les conditions de travail font partie intégrante de la convention collective et la grille de salaire comme les conditions d’avancement sont intéressantes .»
Bref, si elle ne s’était pas encore penchée sur la question, la direction de Luxtram ferait bien d’aller y jeter un œil pour se mettre en tête le gabarit des revendications à venir! «C’est une base de travail qui nous permettra de travailler», confirme le Landesverband qui mettra un point d’honneur à défendre les intérêts du personnel roulant. « À ce titre, la proposition de l’OGBL de porter la durée des congés payés à six semaines est très intéressante », souligne Jean-Claude Thümmel. Luxtram est prévenu !
Erwan Nonet
« Le projet du tram est une vraie satisfaction »
On s’en serait douté : la FNCTTFEL considère l’arrivée du tram comme une très bonne nouvelle. « On en entend parler depuis tellement longtemps que c’est une vraie satisfaction de voir ce projet se concrétiser enfin! », s’enthousiasme Jean-Claude Thümmel. Il se félicite également du matériel qui vient d’être choisi : « CAF (NDLR : le constructeur espagnol) est un excellent choix car il est impératif que ce tram soit à la pointe du progrès. Sans compter que les cadences et la capacité des rames seront très intéressantes. »
Même s’il ne croit pas aux miracles et qu’il estime que « le tram ne pourra pas résoudre tous les problèmes de circulation à lui tout-seul », il porte un regard bienveillant sur les efforts en cours. « La création de la gare du pont Rouge, en parallèle du tram à proprement parler, est une initiative très intéressante qui permettra de désengorger la gare centrale et les 60 000 personnes qui y passent tous les jours .»
Rémunération du personnel : « Laissez-nous le temps d’y travailler ! »
André Van Der Marck, le directeur de Luxtram, explique que les niveaux de rémunération du personnel n’ont pas encore été définis.
Pour le directeur de Luxtram, l’entrevue de mercredi matin « était un bel échange qui a permis de faire connaissance, un rendez-vous normal qui fait simplement partie de la vie courante d’une société d’intérêt public ». Il affirme que le Landesverband n’a pas fait part d’éventuelles revendications.
Selon lui, il n’est de toute façon pas encore temps d’entamer ces discussions puisque les niveaux de rémunération ne sont pas encore définis. « Laissez-nous le temps, nous y travaillons, a-t-il déclaré en souriant.
L’exploitation de la société est un sujet complexe au timing calibré. La question des rémunérations est très compliquée et nous prendrons les décisions au fur et à mesure du développement de Luxtram. » Il a rappelé que si la société compte embaucher une quarantaine de conducteurs à la fin de l’année pour assurer le fonctionnement de la première phase, « les recrutements sont réguliers ».
Ces derniers mois, Luxtram a, en effet, fait signer un directeur financier et une nouvelle directrice de la communication.