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Syndicats luxembourgeois : « On est prêts à affronter le patronat »


Le patronat a au moins "réussi à réunir les trois syndicats représentatifs du pays, ce qui n’est pas toujours évident", ironisent-ils. (Photos Julien Garroy)

Les syndicats ont exhorté mardi soir le camp patronal à revenir à la table des négociations. Si besoin, une « contre-offensive » sera lancée. L’ultimatum est fixé au 2 décembre.

Organiser une manifestation syndicale dans un hôtel quatre étoiles est plutôt insolite. Cela n’a pas empêché « plus de 2 000 militants », selon l’OGBL – en réalité plutôt près de 1 500 –, à participer bruyamment à un véritable règlement de compte avec le camp patronal. Dans le viseur s’est plus particulièrement retrouvé Nicolas Buck, président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), un « personnage » qualifié d’« incompétent » par Patrick Dury, président du LCGB.

Le 18 septembre, le patronat a décidé de claquer la porte du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE), réunissant aussi gouvernement et syndicats. « Leur argument est à la fois surprenant, provocateur et historiquement faux. Le modèle tripartite aurait apporté 40 ans de défaites au patronat. L’UEL n’a encore jamais si ouvertement pris ses distances avec le partenariat social », fustige André Roeltgen, président de l’OGBL.

« À quoi bon remettre en question un modèle qui a énormément apporté au pays, y compris aux entreprises », s’interroge de son côté Romain Wolff, président de la CGFP. Le syndicat de la fonction publique n’a pas hésité à rejoindre l’OGBL et le LCGB dans sa démarche pour dénoncer cette attaque, qui représenterait « une claque en plein visage de tous les employés du pays ». « Mais je dois féliciter M. Buck. Il a réussi à réunir les trois syndicats représentatifs du pays, ce qui n’est pas toujours évident », ironise encore Romain Wolff. C’est en comptant sur sa force de frappe collective que le camp syndical veut raisonner le patronat.

Vert, jaune, rouge. Colère tricolore, mardi soir au Parc Hôtel de Dommeldange.

Vert, jaune, rouge. Colère tricolore, mardi soir au Parc Hôtel de Dommeldange.

Le gouvernement appelé à réagir

« Quelqu’un qui refuse de négocier avec les syndicats n’est plus un partenaire social. Et celui qui n’est pas un partenaire social est un ennemi social », met en garde André Roeltgen. « Avec le compromis social se brisera aussi la paix sociale. Cela n’est pas souhaité par les syndicats. Mais si le patronat nous y force, on est prêt à l’affronter ».

Pour l’instant, la main resterait tendue « pour trouver des solutions communes à la table des négociations ». « Mais si le camp patronal continue à démonter le modèle luxembourgeois, on est prêts à lancer la contre-offensive syndicale ». Aucun détail n’a été livré mardi, mais selon Patrick Dury, les syndicats sont « prêts à aller jusqu’à l’extrême ». Un droit à la grève plus accentué est notamment revendiqué.

Un appel a aussi été lancé au gouvernement, « bien trop calme », jugent Romain Wolff et Patrick Dury. « Nous comptons continuer à soutenir le ministre du Travail. Mais le reste du gouvernement doit aussi se solidariser avec Dan Kersch, sans quoi la coalition deviendra un complice du vandalisme social de l’UEL », ajoute le président du LCGB.

L’ultimatum est fixé au 2 décembre, date de la prochaine réunion du CPTE. « On reste prêts à entamer sans réserves les négociations pour un droit du travail adapté aux enjeux liés à la digitalisation », promettent les syndicats. Il reste à savoir si le patronat acceptera la main tendue mardi soir.

David Marques

Un commentaire

  1. Vous reprendrez bien encore un peu de socialisme….
    Si le pays se « francise », la chute sera inéluctable, et c’en sera fini de notre beau petit pays.