Sommé de démissionner par une large frange de l’opposition de Differdange, à la suite d’accusations d’abus de pouvoir, Roberto Traversini reconnaît avoir commis «des erreurs», mais dit «espérer» rester en poste. Il se confie.
Une large partie de l’opposition vous reproche notamment d’avoir pris part au vote du nouveau projet de PAG de la commune, au mois de juin, afin de faire reclasser une maison (sise à Niederkorn), dont vous avez hérité, début 2019, de la part d’un ami décédé, qui avait été mis sous votre curatelle, d’une zone labourable en zone d’habitation. Quelle est votre défense sur ce premier point conflictuel et que s’est-il dit à la réunion du conseil communal de mercredi ?
Premièrement, je rappelle que cette maison a été construite, en 1961, sur la base d’une autorisation de bâtir, de même que le garage attenant, en 1978. Cette maison et ce garage n’ont donc pas été illégalement construits.
Deuxièmement, lors du conseil communal, il a été acté que nous allions re-soumettre le PAG au vote du conseil; l’idée est donc de repasser au vote ce 9 octobre, car l’on m’a reproché d’avoir pris part au vote du mois de juin, en ma qualité de bourgmstre, pour des intérêts personnels, afin effectivement de pouvoir faire reclasser un morceau de terrain en terrain habitable. Mais je n’étais pas le seul : un conseiller communal, que je ne nommerai pas, a fait de même. De plus, d’après la jurisprudence, j’avais un droit de prendre part au vote, car il était question d’une saisine, c’est-à-dire qu’on met le PAG « en route ».
Mais pour ne perdre ni temps ni argent devant les tribunaux, le conseil a décidé d’organiser à nouveau ce vote. Cela étant, je tiens à souligner que ma maison, dont il est question dans cette affaire, n’est pas la seule maison à avoir était incluse dans ce PAG : il doit y en avoir quatre ou cinq qui ont également été reprises.
Dès que j’ai su qu’il fallait une autorisation, j’ai fait arrêter les travaux
Les partis d’opposition précités vous ont également accusé d’être en train de rénover un abri de jardin en « chalet », alors qu’il se trouve en zone protégée « Natura 2000 ». Que répondez-vous à cela ?
C’est juste : cet abri se trouve effectivement en zone protégée « Natura 2 000 », mais il ne l’était pas encore lors de sa construction, dans les années 1970. Par ailleurs, je rappelle que si l’on souhaite effectuer des travaux de rénovation, on a besoin d’une autorisation du ministère de l’Environnement. Or, j’ai entamé ces travaux sans être en possession d’une telle autorisation. Mais dès que j’ai su qu’il en fallait une, j’ai immédiatement fait arrêter les travaux et ai fait la demande, le 9 juillet pour obtenir cette autorisation, qui m’a été accordée le 12 août.
Certains de vos détracteurs ont évoqué le fait que vous auriez pu avoir bénéficié d’un « traitement de faveur » de la part de la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, en obtenant cette autorisation rétroactive, parce qu’elle est issue du même parti politique que vous-même (déi gréng). À nouveau, que répondez-vous à celà ?
Certaines autorisations sont accordées endéans une semaine…en ce qui me concerne, j’ai souscris ma demande d’autorisation et l’ai obtenue cinq à six semaines plus tard. Je crois que cela correspond aux délais que le ministère se donne ! Je n’ai, en tous cas, et à aucun moment, communiqué avec la ministre à ce sujet.
Un autre reproche formulé à votre encontre concerne le fait que vous auriez créer des dommages environnementaux lors de travaux de déblaiement, qui auraient impliqués des arbres et des haies, ainsi que du déplacement de terre…
Je suis en possession d’une autorisation du garde-forestier pour tout ce qui relève des arbres et des haies. Celui-ci est venu sur place, le 15 novembre 2018, et a constaté que les arbres, malades, étaient en situation de dépérissement : ce qui signifie que je pouvais les faire enlever du terrain. De plus, j’ajoute que le ministère de l’Environnement est en train de faire une enquête, administrative, pour constituer un dossier à ce sujet. Ce dossier devra ensuite passer entre les mains du substitut du procureur et il reviendra au parquet de voir si, en fonction des éléments versés au dossier, cela peut donner lieu à des poursuites – ou pas.
Et comment justifiez-vous la nécessité des travaux effectués dans la rue, qui mène à la maison dont vous avez hérité, autre reproche qui vous a été fait ?
La rue était dans un état catastrophique et la commune l’a refaite. Je tiens à souligner, de manière générale, que beaucoup de choses ont été (re)faites avant que je ne devienne propriétaire de cette maison. En effet, j’ai accéder à la propriété qu’en janvier 2019, alors que beaucoup de choses ont été (re)faites en 2018.
Je suis prêt à rembourser ces 4 heures de travaux
Une large frange de l’opposition vous a également pointé du doigt pour avoir fait réaliser, gratuitement, des travaux par le CIGL (Centre d’initiative et de gestion local) de Differdange, alors que vous êtes président de son conseil d’administration, et que ce service répond aux demandes d’intervention de personnes de plus de 60 ans, handicapées, dépendantes ou convalescentes…
Des membres du CIGL ont effectivement travaillé, durant 4 heures, sur la rambarde du balcon (travaux de refixage et de peinture). C’est une faute que j’ai commise et je le déplore vraiment, car je n’ai pas encore atteint l’âge de 60 ans. Il revient à présent au conseil du CIGL de délibérer, et de me dire ensuite ce que dois faire et ce que je ne dois pas faire. Je suis prêt à rembourser ces 4 heures de travaux, mais il ne s’agit vraiment pas d’une question d’argent!
De manière générale, que vous inspirent toutes ces attaques, vous qui évoquez le fait que l’opposition ait lancé une «chasse aux sorcières» contre votre personne?
Si je devais retenir quelque chose, c’est que je ressens une sorte de harcèlement de la part de certains conseillers communaux. Si l’un d’entre eux se poste derrière les haies de ma maison pour prendre des photos de celle-ci, s’il appelle le voisin pour avoir des informations, ou si chaque plaque d’immatriculation de véhicules se rendant à mon domicile est secrètement notée, j’estime qu’on puisse aisément parler de «chasse aux sorcières». Je trouve d’ailleurs qu’il s’agit d’une drôle de manière de faire de la politique. Cela dit, je crois que chacun est responsable de ses actes; chacun doit pouvoir se regarder dans la glace le matin, et j’ai effectivement commis deux à trois erreurs que je vais assumer, car je dois les assumer!
Certes, j’ai été imprudent, mais il y a aussi beaucoup de choses qui ont été racontées, qui sont complètement fausses. Mais je ne regarde pas ce que les autres font; je regarde ce que j’ai moi-même fait. Je vais en tirer les conséquences. Étant donné que j’ai beaucoup de casquettes (politiques, mais aussi dans des associations et syndicats), je vais voir où je peux arrêter et donc démissionner, et où je dois arrêter, pour que tout celà ne se reproduise plus.
Je souhaite ralentir mon rythme de travail
Vous comptez donc quitter certaines de vos fonctions à court terme ?
Je souhaite ralentir mon rythme de travail, dans les deux à trois prochains mois. Je suis engagé dans beaucoup de syndicats, je suis président de beaucoup d’associations, et je constate que même si l’on fait un travail énorme, il arrive que l’on fait quand même beaucoup d’erreurs. Cela me fait dire que c’est peut-être le moment de me dire « ça suffit », et d’un faire un peu moins. Je n’ai plus 30 ans…j’approche des 60 ans et c’est fatiguant!
Les partis d’opposition du DP et de déi Lénk vous ont clairement sommé, la semaine dernière de démissionner, car ils estiment que vous n’êtes « plus crédible », ni tenable en tant que bourgmestre de Differdange: une nouvelle fois, que leur répondez-vous?
Aucune motion, allant dans ce sens, n’a été déposée ce matin (hier matin), lors de la réunion de notre conseil communal. Nous avons eu des discussions et certains membres du conseil ont émis « des doutes » sur ma personne, et je les comprends.
Cela étant, je vais rester bourgmestre parce que j’estime qu’il revient, en premier lieu, aux instances juridiques d’apprécier les erreurs que j’ai pu commettre, avant, pour elles de se prononcer et de juger des éventuelles suites à donner. Enfin, j’ajoute que je suis totalement motivé à l’idée de continuer à jouer mon rôle de maire de cette ville et ce, pour très longtemps, je l’espère!
Dans quel état d’esprit êtes-vous actuellement ?
Sur l’échelle du « bien-être » qui irait de 1 à 10, je dirais que me trouve au niveau 2,5 voire 2. C’est très dur et je suis profondément blessé de devoir inviter la presse ici, sur ce terrain décrié par une partie de l’opposition politique de Differdange. Mais il s’agissait sans doute de la seule façon de montrer exactement de quoi on parle et de prouver que l’envergure des travaux n’est certainement pas telle que comme décrite par les opposants. À l’image de ce qu’ils qualifient de transformation d’un abri de jardin en un « chalet », alors qu’on peut se rendre compte que ce n’est pas du tout le cas.
Avez-vous l’impression d’avoir été exagérément sali, vous-même ainsi que vos proches, après le grand déballage de cette affaire sur la place publique ?
Oui forcément…c’est dur et pas seulement pour moi; ça l’est également pour mes proches et mes amis.
Estimez-vous que cet « acharnement » public puisse être un semblant injuste ?
Beaucoup de personnes répondront par l’affirmative et beaucoup d’autres personnes répondront par la négative….
Entretien avec Claude Damiani
je re-poste de Coco car oui les faits sont graves.
-Il hérite des biens d’un homme dont il était le curateur/tuteur,
-Il a fait des travaux sans aucune autorisation,
-C’est une de ses camarades politiques qui les fait légaliser rétroactivement (peu commun)
-La construction reste illégale car le permis n’a jamais été délivré pour une maison (donc il a menti aux journalistes en disant le contraire)
-le CIGL -qu’il préside- réalise les travaux gratuitement (ça non plus il ne savait pas qu’il fallait payer les travaux personnels?)
-Il fait refaire la route qui mène à son bien,
-Il fait passer un terrain agricole en terrain constructible (multipliant alors la valeur) lors d’un PAG de 5 maisons dans une zone ultra protégée…
maintenant il dit « C’est très dur et je suis profondément blessé »… Très fort pour inverser le sroles. Les électeurs ne l’ont pas mis en place pour magouiller ainsi.