C’est à la prison de Schrassig qu’il y aurait le plus risque de radicalisation au Luxembourg, selon Jean-Luc Karleskind., vice-président de la Shoura, l’assemblée de la communauté musulmane au Grand-Duché.
Jean-Luc Karleskind a rencontré le haut commissaire à la protection nationale, Frank Reimen, à la fin du mois d’octobre. À cette occasion, la Shoura a dit ses craintes concernant un risque de radicalisation à Schrassig et a invité le gouvernement à agir pour mettre du personnel compétent à l’écoute de ceux qui sont concernés par ce fléau. Et pas seulement à Schrassig.
Cette rencontre visait à dresser un état des lieux de la radicalisation au Luxembourg et des moyens de la combattre. Le vice-président de la Shoura, Jean-Luc Karleskind, en a profité pour donner des pistes au gouvernement : celui-ci devrait commencer par s’inquiéter du risque de radicalisation qui existe à la prison de Schrassig, selon ses renseignements. « Nous avons signalé ce risque au gouvernement car il n’y a aucune raison que nous soyons à l’abri. Nous sommes effectivement inquiets de la situation à Schrassig qui compte quelque 200 musulmans actuellement incarcérés. Il faut envoyer du personnel qualifié, des éducateurs, des psychologues, qui peuvent parer à cette radicalisation », déclare Jean-Luc Karleskind, contacté lundi par Le Quotidien.
Récemment invité par les paroissiens de Brouch à répondre à leurs questions sur l’Islam, Jean-Luc Karleskind a écouté le témoignage d’un enseignant désarmé. « Il me disait qu’un de ses élèves avait un comportement qui pouvait trahir une radicalisation et m’a demandé où il pouvait s’adresser pour essayer d’engager un dialogue avec l’élève. Nous en avons parlé avec les autorités lors de cette entrevue avec Frank Reimen. À qui les parents peuvent-ils s’adresser ? Il s’agit souvent de jeunes gens, 17 ou 18 ans il faut être à leur écoute. Ce n’est pas notre rôle, il faut des gens compétents et qualifiés comme pour la prison de Schrassig », estime le vice-président de la Shoura.
« Nous invitons le gouvernement à agir »
Quoiqu’il en soit, l’assemblée des musulmans du Grand-Duché a invité le gouvernement « à agir », selon son vice-président. Il cite l’exemple d’un numéro vert, un numéro gratuit auprès duquel les concernés pourraient trouvé une première écoute. « Nous invitons le gouvernement à agir surtout dans les prisons », insiste-t-il.
Et dans les mosquées ? « Ces gens qui se radicalisent ne fréquentent pas les mosquées », déclare-t-il. Pas même celle très controversée de la rue du Brill à Esch, siège de l’Association multiculturelle de l’Ouest (AMCO), étroitement surveillée par les autorités ? « Les médias en ont fait un centre de radicalisation. Nous ne portons pas de tel jugement. Ils ne sont pas membres de la Shoura et n’ont jamais demandé à nous rejoindre. Nous avons essayé de parler avec eux sans beaucoup de succès, je dois dire », affirme-t-il.
Geneviève Montaigu