Nos confrères du journal lusophone Contacto ont mené une vaste enquête autour de la mort du jeune rappeur portugais, retrouvé noyé au fond du lac de Remerschen, prisonnier des algues. Édifiant.
Tout a été soigneusement recherché, jusqu’aux moindres détails. L’enquête de nos confrères du journal lusophone Contacto a essayé de livrer, témoignages à l’appui, ce qui s’est réellement passé le jour où le rappeur portugais Puto G s’est noyé dans le lac de Remerschen. C’était le 30 juin dernier et cette date restera comme la pire journée jamais vécue par les amis de la victime.
Un samedi après-midi caniculaire qui appelait à piquer une tête. C’est précisément ce qu’a fait la victime en arrivant au lac après s’être acquitté de son billet d’entrée à quatre euros. Sauf que le malheureux qui a plongé sous les yeux d’une amie n’est jamais remonté et elle a eu beau donner l’alerte ainsi que ses amis avec elle, rien n’y a fait.
La bande de jeunes Cap-Verdiens qui s’excitait sur les bords du lac craignant à juste titre pour la vie de leur copain n’a reçu en retour que dédain et venin. L’enquête journalistique démontre, témoignages à l’appui, que l’équipe vêtue de t-shirts rouges n’est nullement qualifiée pour des sauvetages et aucun de ses membres n’est possesseur d’un brevet de maître nageur.
Ce constat n’est pas le pire. En dehors de ses qualifications, si au moins la petite dizaine de surveillants pouvaient avoir eu la présence d’esprit de réagir à l’alerte, le pire aurait pu être évité. Une personne capable de plonger pour aller secourir un nageur prisonnier des algues. Mais non, rien de tout cela.
Les amis de Puto G n’ont pas été pris au sérieux et ont clairement été victimes d’un délit de faciès révoltant, comme le révèle la lecture de l’article mis en ligne exceptionnellement en français afin que le plus grand nombre comprenne que les secours ont été appelés une heure après l’alerte. La lecture de l’article vaut le temps qu’il faut y consacrer car l’enquête est exhaustive. Et révélatrice d’un racisme ordinaire. La preuve ? Peu de médias ont repris l’info qui circule pourtant sur les réseaux sociaux depuis vendredi dernier alors qu’ils scrutent chaque pet de travers émis sur la toile.
Qui est responsable ?
Finalement, les questions qui brûlent les lèvres et dont chacun est en droit d’attendre des réponses claires ont été posées par les députés socialistes Alex Bodry et Franz Fayot. Si aucune question parlementaire n’avait été adressée au gouvernement sur ce fait très précis, l’indignation aurait été plus grande encore. Les deux députés sauvent l’honneur car les faits sont graves, s’ils sont avérés. Les témoignages recueillis qui alimentent la thèse du « je-m’en-foutisme » le plus total de la part des responsables de la base nautique sont précieux.
«Cet article allègue une série de faits et de comportements qui, si avérés, seraient particulièrement dérangeants de la part du personnel en charge de la surveillance des lieux, mais témoigneraient aussi d’un défaut de signalisation des dangers liés à la baignade dans le lac de Remerschen», soulignent les deux députés. Depuis, des pancartes alertant de l’absence de surveillance ont été placées sur le site ce qui n’était pas le cas lors des deux noyades de cette année car il faut malheureusement ajouter qu’un citoyen bulgare s’est noyé dans ce même lac un mois plus tard.
«Est-il correct, comme le rapporte l’article de Contacto, qu’aucun membre du personnel employé par la commune de Schengen pour la surveillance du lac de Remerschen, ne dispose d’une quelconque qualification de maître nageur ou de sauveteur ?», veulent-ils savoir.
«Est-il exact, comme le rapporte l’article, que les responsables du ‘Baggerweier’ ont mis presque une heure avant d’appeler les secours, et n’ont dans un premier temps pas réagi aux appels à l’aide des compagnons de la victime ?», poursuivent-ils. Ils veulent encore savoir si l’exploitant du plan d’eau dispose de procédures établies pour déterminer qui est responsable, dans quels cas et dans quelles circonstances, et surtout à quel moment, pour appeler les secours en cas d’incident. Et savoir quelles sont les conditions qu’un exploitant d’un lieu de baignade doit remplir en matière de sécurité.
Concernant les algues qui ont «infesté à tel point le lac de Remerschen qu’il est dangereux de s’y baigner à certains endroits ne conviendrait-il pas de procéder régulièrement et rapidement aux travaux de nettoyage qui s’imposent afin de minimiser tout risque de noyade ?», questionnent les deux députés socialistes.
Geneviève Montaigu