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Luxembourg : la voiture de société en danger


Pour les voitures de société, la taxation de l'avantage en nature du véhicule passera dans la catégorie la plus défavorable, avec l'entrée en vigueur de nouvelles normes de contrôle (illustration : Isabella Finzi).

La révision de l’imposition des voitures annoncée en début de semaine pourrait marquer un coup d’arrêt pour le secteur automobile du pays et les voitures de société.

Après l’annonce d’une augmentation sur les accises des carburants en plus d’une nouvelle taxe carbone (20 euros par tonnes de CO2), le gouvernement a annoncé mardi l’entrée en vigueur en mars de nouvelles normes WLTP (World Harmonised Light Vehicle Procedure) et une révision de l’imposition des voitures.
Si le premier paquet de mesures concerne la lutte pour le climat, le deuxième paquet est finalement la conséquence du dieselgate. C’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre le ministre François Bausch.
Mais les professionnels du secteur automobile luxembourgeois, représentés par la House of Automobile (HOA), s’inquiètent des effets négatifs des nouvelles normes WLTP et surtout de la révision de l’imposition des voitures dès l’année prochaine.
En effet, selon la House of Automobile, cela risque d’entraîner un effet négatif sur le secteur, notamment sur les véhicules de société, qui au Luxembourg représentent 47 % des nouvelles immatriculations et 23 % du parc roulant. «Il faut s’interroger sur l’impact escompté et sur l’impact réel de ces mesures. Penser qu’en taxant plus les véhicules les gens vont choisir des voitures moins polluantes ne reflète en rien la réalité» a soupiré Gerry Wagner, membre de l’HOA et directeur général d’Arval Luxembourg.
En s’appuyant sur la présentation du ministre Bausch, la HOA a indiqué que la taxe de circulation pour un véhicule diesel de 120g/km CO2 (qui passera à 154g/km avec la nouvelle norme WLTP), après le 1er mars, passera de 86 euros à 166 euros, soit une augmentation de 93 %. «Evidemment, on peut se dire que pour un particulier, 100 euros de plus sur l’achat d’une voiture, cela ne changera pas grand-chose dans son choix de voiture et donc cette taxe servira juste à taxer un peu plus le consommateur. Mais pour les voitures de société, la taxation de l’avantage en nature du véhicule passera dans la catégorie la plus défavorable et le taux augmente de 1,5 % à 1,8 %, soit une augmentation de 20 %» a expliqué Gerry Wagner.

Un danger pour l’avenir du secteur automobile

Une augmentation qui risque, selon l’HOA, d’avoir des conséquences sur l’ensemble du secteur automobile. «Les voitures de société représentent un peu près la moitié des immatriculation au Luxembourg dont la moitié bénéficie aux frontaliers. La voiture de société n’est pas un cadeau gratuit. C’est compris dans la rémunération d’un salarié qui peut aussi faire le choix de renoncer à cette voiture et prendre de l’argent à la place. Si aujourd’hui, il y a un petit avantage au niveau fiscal à prendre une voiture de société, avec ce vers quoi l’on se dirige, il n’y aura plus d’avantage et le salarié n’aura plus intérêt à la prendre. Dès lors, on en vient à la conséquence, il achètera sa voiture, pour la moitié à l’étranger, et gardera cette voiture beaucoup plus longtemps que sa voiture de société» a souligné Gerry Wagner.

Ce dernier a d’ailleurs rappelé que contrairement aux idées reçues, les véhicules de société «contribuent significativement à la réduction des émissions du parc roulant luxembourgeois». En effet, tous les deux à trois ans, les voitures de sociétés sont renouvelées, soit trois fois plus que les voitures des particuliers. Et un parc automobile avec des voitures plus récentes émettent moins de CO2 qu’un parc plus vieux du fait de l’évolution technologique des motorisations. «En achetant une voiture à l’étranger, un frontalier paiera ses taxes, son entretien, son assurance à l’étranger. Tout ce chiffre d’affaires va disparaître, il ne sera plus au Luxembourg mais ailleurs, le tout avec un résultat négatif sur l’environnement car il gardera sa voiture beaucoup plus longtemps».
Pour information, l’âge moyen d’une voiture en France est de 9 ans, de 8 ans en Belgique et en Allemagne, de 11 ans en Europe contre seulement 6 ans au Luxembourg.
Conscient des enjeux climatiques, la HOA ne les négligent pas et assure avoir été en discussion avec le ministre Bausch et même avoir trouvé un accord pour faire de l’année 2020 une année charnière permettant d’implémenter le changement de cycle de test des émissions dans de bonnes conditions et de préparer la mise sur le marché progressive de nombreux nouveaux modèles à zéro ou faibles émissions venant compléter l’offre disponible en 2019 tout en anticipant l’arrivée massive de motorisations alternatives en 2021.
Autrement dit, la HOA demandait juste du temps. Ce que le ministre a visiblement refusé. «On ignore pourquoi le ministre est revenu sur cet accord. Cela va apporter de la confusion auprès du consommateur et va perturber le marché 2020 qui va pourtant voir l’arrivée de 60 nouveaux modèles avec des motorisations alternatives» s’est insurgé Ernest Pirsch, porte-parole de l’HOA.

Jeremy Zabatta

L’ACL veut des réponses

L’automobile club Luxembourg s’interroge également sur le sens des mesures récentes du gouvernement. Si l’ACL s’est positionné favorablement envers une mobilité plus durable, elle ne semble comprendre en «quoi les mesures annoncées permettront actuellement d’atteindre cet objectif» explique-t-elle dans un communiqué où elle a tenue à afficher son désaccord avec le timing de ces annonces et aimerait que le gouvernement réévalue les dates de mise en application de ces différentes mesures.
L’ACL souhaite également savoir comment seront utiliser les revenus supplémentaires générés par les récentes mesures misent en avant par le gouvernement et qui vont représenter des coûts supplémentaires pour les automobilistes.

Un commentaire

  1. Edouard Bondue

    Je suis contre faisons une pétition