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La réforme de la nationalité est votée ce jeudi


Un des objectifs de la réforme est d'assurer une meilleure participation démocratique. (photo archives LQ)

C’est ce jeudi après-midi que doit être votée, à une large majorité, la réforme de la loi sur la nationalité luxembourgeoise. Cette fois il y a consensus, à l’inverse de ce qu’il s’était passé lors de la campagne du référendum désastreux pour le gouvernement. La rapporteure du projet, Viviane Loschetter, en rappelle l’esprit et les enjeux.

La présidente de la fraction parlementaire déi gréng et de la Commission juridique, Viviane Loschetter, est satisfaite du résultat qui va faciliter l’accès à la nationalité luxembourgeoise « dans l’objectif d’assurer une meilleure participation démocratique, car notre préoccupation majeure est la sauvegarde de notre cohésion sociale, la promotion du vivre ensemble et la protection de ce qui est notre atout précieux, le multiculturalisme national », nous livre Viviane Loschetter.

Si le CSV, principal parti de l’opposition, avait milité contre le droit de vote des non-nationaux, il était tout à fait disposé à réformer la loi sur la nationalité et avait d’ailleurs déposé une proposition de loi dans ce sens dont les auteurs du projet se sont inspirés. « Nous avons finalement su trouver le chemin pour rapprocher la réalité démographique et la participation démocratique », explique la rapporteure.

Le nouveau texte introduit le droit du sol, principe également défendu par le CSV dans sa proposition même si le parti le voulait plus restrictif. Majorité et opposition ont mis de l’eau dans leur vin pour obtenir un bon consensus. « Des jeunes gens nés au Luxembourg ou ayant grandi au Luxembourg deviendront automatiquement des citoyens luxembourgeois à leur majorité. Cela concernera la grande majorité des enfants non luxembourgeois qui naissent ou vivent au Grand-Duché. Et cela touchera une partie grandissante de la population du Luxembourg , explique la députée écologiste.

«Par cette réforme, nous n’allons pas seulement éviter qu’à l’avenir une minorité décide pour une majorité, mais nous garantirons également une participation démocratique aux décisions politiques à la majorité des citoyens qui contribuent au développement, voire à la richesse de notre pays , plaide Viviane Loschetter, qui ajoute  : Il s’agit aussi d’accroître la responsabilité civique de tout un chacun qui veut vivre et travailler au Luxembourg .»

«Notre « Heemecht »»

La question la plus épineuse du débat a été celle de la langue luxembourgeoise et du degré de connaissance de la langue du pays. Un assouplissement conséquent des critères aurait été mal vécu par les Luxembourgeois et par le CSV, qui ne voulait pas donner l’impression de brader la nationalité.

« Finalement, le degré de connaissance de la langue requis reste inchangé, mais des mesures de compensation contribueront à faciliter l’initiation à la langue du pays et la réussite de l’examen exigé. Il aurait peut-être suffi de conditionner l’acquisition de la nationalité à la connaissance d’une des trois langues officielles, les trois langues étant parlées par tous les Luxembourgeois car enseignées dès le début de leur scolarité », se risque encore Viviane Loschetter.

Elle rappelle que « la situation géographique et historique particulière entraîne que la connaissance de la langue luxembourgeoise ne fait finalement pas partie du processus d’intégration, mais en est la condition en amont ». Elle se réjouit dès lors de constater que les cours de langue luxembourgeoise sont plus fréquentés que jamais.

Pour la cheffe de fraction, « cette loi facilitera et améliorera la participation démocratique et donnera aux futures générations la possibilité de construire à la fois ensemble et individuellement pour chacun ce qui depuis toujours caractérise notre « Heemecht » », juge-t-elle encore.

« L’actualité nous montre malheureusement que les notions d’accueil, d’intégration, de patrie   –  même d’adoption   – sont sujettes à de graves crises et que la peur de l’inconnu, ou devrait-on dire de la personne inconnue ou différente, prime sur la curiosité, l’hospitalité et le vivre ensemble. Pour se connaître, il faut se parler! Parlons donc de nationalités, parlons de la langue luxembourgeoise, parlons du désir de faire partie de notre communauté, parlons de l’identité, de toutes les identités! », déclare Viviane Loschetter dans un élan d’enthousiasme.

Ce jeudi après-midi, la réforme sera votée et les partis ont déjà livré leur point de vue à de nombreuses occasions. C’est la victoire du consensus.

Geneviève Montaigu