Les incendies meurtriers qui ont sévi au Portugal ne laissent pas indifférente la communauté présente au Grand-Duché, et avec elle les Luxembourgeois qui veulent aider un pays ami endeuillé.
La solidarité s’organise via les réseaux sociaux pour venir en aide aux familles sinistrées. Les collectes de dons battent des records et il est temps maintenant de récolter des fonds. De nombreuses associations s’en chargeront pendant la fête nationale.
Tout a été dit sur le Portugal concernant le drame des incendies meurtriers qui frappent le pays depuis samedi dernier. Mais à part les messages officiels des autorités luxembourgeoises pour «le pays ami» endeuillé, rien ou pas grand-chose n’a filtré sur la vaste action de solidarité qui s’est déployée au Grand-Duché. Ceux qui suivent les réseaux sociaux ont bien compris que quelque chose se tramait. Il y a eu des appels du pied de la part de Flavio Da Costa, d’abord pour la partie privée de l’opération. Il s’agissait de venir en aide aux familles sinistrées du centre du pays, région la plus touchée par les incendies dont le dernier bilan fait état de 64 morts et de 135 blessés.
Un drame suffisamment important pour que le Portugal décrète trois jours de deuil national et pour que la solidarité s’organise au Grand-Duché, pays accueillant la plus grande diaspora portugaise au monde, toutes proportions gardées. Comment rester les yeux fermés face à ces feux de forêts désormais répertoriés comme les plus meurtriers de l’histoire récente du pays.
Inutile de revenir plus en détail sur les motivations du Luxembourg à apporter son aide aux familles sinistrées portugaises, il suffit de dire que ce drame n’a pas laissé indifférents une bonne partie des résidents de ce pays, qu’ils soient d’origine portugaise ou non. En essayant de dresser l’état des lieux de l’aide qui prend son départ depuis Luxembourg, nous avons eu affaire à une pléthore d’interlocuteurs.
Ce drame touche bien sûr bon nombre de Portugais, même si la région reste peu connue de la communauté locale. Mais il touche aussi les Luxembourgeois qui se sont spontanément manifestés pour se joindre aux différents mouvements de solidarité. Comment s’y retrouver dans ce vaste élan de générosité?
Les adeptes des réseaux sociaux auront sans doute remarqué l’action coordonnée par Flavio Da Costa sur Facebook. «Dimanche soir, une amie m’a contacté pour entreprendre quelque chose et elle avait créé une page Facebook. Lundi matin, une autre amie qui avait eu la même idée a créé une autre page et je les ai mises en contact. Ensuite, chacun a mis son réseau à disposition, mais est resté à dix contacts à la base pour accueillir les dons», raconte celui qui a alerté sur le réseau social. Avec ses dons de graphiste, qui est en partie son métier, Flavio a créé une carte des points de stockage répartis dans le pays (voir ci-dessous).
«Ce qui nous a étonnés, c’est la rapidité de réaction des gens! Après 48 heures, les points de stockage ont été pris d’assaut. Il fallait transporter tout le matériel jusqu’au Portugal et nous avons trouvé un transporteur et vendredi on fait le tour des points de stockage et on charge le camion», se réjouit-il, alors que nombre de Luxembourgeois se sont également mobilisés pour secourir les familles en détresse. Même si la majorité étaient d’origine portugaise.
«On a été en contact avec les casernes du Portugal pour qu’elles nous disent de quoi elles avaient besoin. La liste était très précise. Une société nous a fourni quatre palettes pour des pansements spécifiques aux brûlures», énumère, reconnaissant, un Flavio Da Costa pris entre quatre feux.
De l’argent pour reconstruire
«Je retiens l’aventure humaine et la rapidité d’exécution de l’opération», déclare-t-il. Et de poursuivre sur un ton plus moribond : «Ce qui est déplorable, c’est la vétusté du matériel des pompiers sur place. Il faut que l’on puisse apporter des biens logistiques», conclut-il.
La collecte c’est une chose, mais ce dont les familles ont également besoin aujourd’hui c’est d’argent. «Ce n’est pas la CCPL (Confédération de la communauté portugaise au Luxembourg) qui organise l’aide depuis le Luxembourg, mais nous essayons de regrouper tout le monde autour d’une même cause», dit José Coimbra de Matos, le président de la CCPL. «Les autorités portugaises disent qu’elles sont submergées de dons. Les casernes sont débordées, elles n’arrivent plus à coordonner le tout. Donc, ce qui est important pour la reconstruction, c’est de l’argent», déclare José Coimbra de Matos.
Car tout n’est pas pris en charge par les assurances ou le gouvernement, comme les étables pour les animaux et autres dépendances. La fête nationale qui sera célébrée ce soir et demain à travers tout le pays donnera l’occasion de récolter des fonds en attendant les comptes bancaires officiels pour les virer. Caritas Luxembourg se charge également d’en récolter.
Geneviève Montaigu