Après Greenpeace lundi, c’est déi Lénk qui s’est attaqué mercredi à la gestion du Fonds de compensation (FDC) et sa part dans l’industrie des énergies fossiles. Le constat fait par la Gauche luxembourgeoise « démontre un manque de cohérence complet de la part du gouvernement ».
Greenpeace Luxembourg a introduit lundi un recours devant le Tribunal administratif, après s’être penché su le rapport annuel du Fonds de Compensation de la Sécurité Sociale en 2018. Selon l’ONG, « le fonds de pension a investi dans 27 des 50 plus grandes multinationales dites Carbon Majors » et « depuis 2015, les investissements dans le secteur du charbon ont augmenté d’un tiers ».
Déi Lénk a fait de même pour calculer le total des investissements du FDC dans les énergies fossiles. Son constat est « accablant : le fonds détient des actifs à hauteur d’au moins 545 millions d’euros dans des entreprises liées directement à l’exploitation des énergies fossiles ». Dans le même temps, « le FDC n’investit que 21 millions d’euros dans les énergies renouvelables ».
La Gauche note que le montant de 545 millions d’euros « correspond aux investissements que le rapport attribue aux différentes catégories en lien avec les énergies fossiles. Le chiffre réel doit probablement être évalué à un montant beaucoup plus élevé, ce en raison des investissements indirects et des investissements dans des entreprises mixtes ».
« Privilégier les profits à court terme en investissant dans ce secteur (des énergies fossiles) est hautement irresponsable face aux défis énormes posés par le changement climatique », fustige déi Lénk. Pointé du doigt dans ce dossier, le ministre de la Sécurité sociale Romain Schneider a réagi dès lundi, insistant sur les « nombreux efforts » du gouvernement « pour mettre en œuvre une politique d’investissement plus durable et socialement responsable ».
Des « incohérences manifestes »
Cette dernière « reste largement symbolique », tance déi Lénk, du fait que « la liste d’exclusion du FDC ne contient actuellement que 54 entreprises ». Or « le FDC continue d’investir dans de nombreuses entreprises responsables de violations des droits humains ou de conventions internationales », d’après les recherches de déi Lénk, qui pointe « d’autres incohérences manifestes ».
Ainsi, quand « le gouvernement se positionne contre les OGM, le FDC investit dans des entreprises comme Bayer/Monsanto ou Syngenta ». Quand « le gouvernement réclame la fermeture de Cattenom, le FDC investit dans EDF ». Et quand « le gouvernement veut lutter contre le tabagisme, le FDC détient des actifs de Philipp Morris ou British American Tobacco », liste l’opposition.
Pour ce qui est de la réforme stratégique du FDC en 2017, soulignée par Romain Schneider dans sa réaction écrite, déi Lénk la juge « largement insuffisante » sinon « très problématique ». En particulier dans certains compartiments labellisés ESG (label qui s’assure de la mobilisation de capitaux pour les secteurs de l’investissement responsable, NDLR), où se retrouvent « des investissements dans l’industrie pétrolière ».
Fort de ce constat, déi Lénk estime que « la politique d’investissement du FDC doit être complètement revue ». De même, « un large débat public s’impose sur la manière dont nous voulons utiliser ou sauvegarder les réserves de la sécurité sociale ».
LQ