Dans les bureaux de Post voués à la fermeture, les clients oscillent entre résignation et déception.
Après avoir écouté la direction dire que les bureaux de poste désignés pour la fermeture ne voient presque pas de clients, c’est une surprise de voir défiler une douzaine de personnes en une petite demi-heure dans le bureau de poste de Bissen, près de Mersch. Le préposé a appris, la veille, avec la venue de RTL à son bureau, qu’il allait devoir baisser le rideau dans quelques semaines. Il ne sait pas encore où il sera affecté, juste qu’il conservera son salaire. «Nous, les fonctionnaires, ça va, mais ce sont les employés de Post qui ne savent pas ce qu’ils vont devenir.»
À Bissen le bureau n’ouvre que de 13h30 à 17h, le bureau vient à peine d’ouvrir qu’une jeune femme vient récupérer un paquet. Elle habite à Luxembourg, mais son petit ami vit à Bissen. Elle est venue chercher un paquet pour lui, alors la nouvelle ne l’émeut pas plus que ça. Un autre vient au bureau de poste tous les deux mois, lui aussi n’est pas touché par la nouvelle.
Les habitués, eux, sont par contre peinés de perdre leur bureau de poste : «Mais où vais-je récupérer mes paquets alors?», se demande cette dame. Un autre réalise qu’il va devoir probablement aller à Mersch à l’avenir pour récupérer ses colis. «C’est seulement à dix minutes d’ici, mais quand même, ça fait un détour.» Les clients s’enchaînent, des recommandés avec des dames qui parlent peu ou pas les langues du pays. «Il faut improviser et s’adapter», explique avec le sourire le préposé.
Les pros et les personnes âgées touchés
Une fois que la question est posée, les habitués ne parlent plus que de ça. Leur poste, c’est un endroit convivial, où l’on connaît la personne derrière le guichet. «Quand c’est les remplaçants, c’est la cata», glisse un client. Les personnes les plus touchées par cette fermeture sont les professionnels et les personnes âgées. Comme ce secrétaire d’une entreprise basée à quelques rues de là qui se rend tous les jours au bureau de poste : «On en a déjà parlé avec ma patronne, non seulement, il va falloir aller à Mersch mais en plus, là-bas, on peut attendre jusqu’à une demi-heure alors qu’ici on peut tout faire et ça va vite.»
Les seniors, eux, s’inquiètent, comme ce monsieur de 87 ans qui se déplace avec sa canne : «Je viens une fois par semaine. Là, j’ai encore ma voiture, mais pour combien de temps ? Je vais devoir aller à Mersch ou encore Ettelbruck où il n’y a jamais de place devant pour se garer. Ils ont tout fermé à Bissen !» Cet autre usager va regretter les services : «Les timbres, les recommandés et puis surtout les lettres à peser, car je ne sais pas toujours combien affranchir ma lettre. Et puis les paquets. Il va donc falloir prendre la voiture pour aller à la poste», se résigne-t-il.
Audrey Somnard