Le Conseil national des femmes (CNFL) faisait sa rentrée, mercredi, avec un constat : il y a encore beaucoup de travail pour arriver à plus d’égalité entre les hommes et les femmes. L’organisme profite, cette année, de la présidence européenne du Luxembourg.
Le CNFL a été fondé dans la mouvance du Mouvement de libération des femmes (MLF) en France, mais les Luxembourgeoises voulaient un esprit moins radical. Et c’est chose faite avec le CNFL, qui est devenu un interlocuteur à part entière de la société civile, consulté comme d’autres organismes par le gouvernement lors de l’élaboration des lois. Cela fait 40 ans que le CNFL a été fondé, 20 ans qu’une politique communale des femmes a été mise en place. Deux anniversaires, une génération qui se bat, alors que les avancées sont finalement minces. « C’est comme tout au Luxembourg, tout va très doucement. On est encore très loin de l’égalité », explique Claude Wolf, la présidente du CNFL.
Cette année, la priorité sera l’égalité des chances. Le CNFL profite de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne pour organiser, les 15 et 16 octobre prochains, une grande conférence avec des tables rondes sur l’égalité des chances dans les mondes politique et économique. L’idée est que les femmes se regroupent avec les autres représentantes des petits pays européens, histoire de faire le point sur les différentes situations, suivant les pays, et surtout de comparer. « La situation n’est pas la même d’Islande jusqu’à Chypre, notre but est de comparer des situations dans des petits pays, pour comparer et étudier les bonnes pratiques », poursuit Claude Wolf. Le CNFL travaille également en étroite collaboration avec le Centre européen du conseil international des femmes (Cecif) sur la thématique de l’égalité des chances.
Faire participer les femmes en politique
Le but pour le CNFL est de participer à un programme européen pour promouvoir une plus grande participation des femmes à la vie politique. Parmi 1 500 communes réparties dans 32 pays, 18 communes luxembourgeoises participent à ce programme. D’ailleurs, sur ce point, le CNFL enregistre depuis 1999 des statistiques exhaustives sur la présence des femmes dans les différentes élections : « Les chiffres ne sont pas encourageants. Les femmes ont besoin d’être encouragées, accompagnées. Il ne s’agit pas de les lancer dans l’arène politique sans aucune préparation, juste pour mettre un nom féminin sur une liste. C’est pourquoi nous faisons venir des spécialistes pendant les campagnes électorales, pour coacher ces femmes qui se lancent en politique. »
Mais puisque l’année 2016 ne sera pas marquée par une élection au Grand-Duché, le CNFL va se concentrer sur d’autres thématiques, comme celle de la prostitution, qui fera l’objet d’une conférence au courant de l’année. Le CNFL continue aussi son travail sur l’individualisation des retraites, pour « que les femmes soient assurées, même si elles arrêtent de travailler, à l’exemple de la Suisse qui n’est pas parfaite, mais qui va dans la bonne direction », et sur celle des impôts. Pour Claude Wolf, un autre phénomène va devoir être surveillé de près dans les mois à venir : « Les femmes réfugiées vont devoir faire l’objet d’une surveillance, car elles sont vulnérables », conclut la présidente du CNFL.
Audrey Somnard