Les quatre partis de l’opposition parlementaire ont publié ce vendredi une lettre ouverte, dans laquelle ils appellent le Premier ministre à revoir sa position et saisir le comité d’éthique pour trancher le possible conflit d’intérêts reproché à la ministre de la Famille. Corinne Cahen avait fustigé la gestion du chantier du tram alors qu’elle reste associée du magasin de chaussures familial, situé en plein quartier Gare.
Xavier Bettel avait tenté d’étouffer l’affaire en soulignant dès mardi qu’il n’existait «pas d’éléments» pour que Corinne Cahen démissionne du gouvernement. Dimanche soir, nos confrères du Wort avaient révélé que la ministre de la Famille avait utilisé son compte mail professionnel pour fustiger la gestion du chantier du tram par l’Union des commerçants de la Ville de Luxembourg (UCVL). Corinne Cahen, elle même ancienne présidente de cette association, reste associée du magasin de chaussures familial situé avenue de la Liberté. Les travaux pour réaliser le tronçon du tram se trouvent donc juste devant la porte du commerce, gérée avant son entrée au gouvernement par Corinne Cahen.
Après le CSJ, l’aile jeunes du CSV, qui avait dénoncé dès lundi le conflit d’intérêts dont se serait rendu coupable la ministre, l’ensemble de l’opposition parlementaire est montée ce vendredi au créneau pour fustiger la décision du Premier ministre de classer l’affaire sans suite. Dans une lettre ouverte adressée à Xavier Bettel, les chefs de file du CSV, de l’ADR, de déi Lénk et du Parti pirate disent rester «perplexes» devant le refus du chef du gouvernement à saisir le comité d’éthique, chargé de trancher d’éventuelles entraves au Code de déontologie du gouvernement. Vu la teneur de la lettre que Corinne Cahen a signé en tant que ministre de la Famille, l’opposition parlementaire veut savoir s’il y a eu entrave aux articles concernant les «conflits d’intérêts potentiels» et les «activités extérieures pendant l’exercice du mandat de membre du gouvernement».
«Curieux qu’elle mentionne son magasin»
«Plusieurs éléments plaident en effet en faveur d’un éventuel conflit d’intérêts dans la personne de Madame Cahen», affirment les signataires de la lettre ouverte. Ils font référence au fait que Corinne Cahen a avoué s’être adressée dans sa fonction de ministre de la Famille à l’UCVL pour défendre l’intérêt des commerçants alors que cette tutelle politique est entre les mains du ministre des Classes moyennes, Lex Delles.
Les excuses formulées dès lundi par la ministre sur son compte Facebook n’ont en rien adouci les partis de l’opposition. «Il est pour le moins curieux de lire dans son courrier d’avril qu’elle relate à maintes reprises son magasin de chaussures situé dans le quartier de la Gare (…) et qu’elle affirme avoir « investi 15 à 20 000 euros dans la pub pour le magasin » (…)», poursuit la lettre.
Le fait de s’être aussi adressée au directeur de Luxtram, l’exploitant du tram, dont deux tiers des actions sont détenus par l’État, irrite également l’opposition. La «potentialité d’un conflit d’intérêts» supplémentaire serait donc donnée. Par conséquent, le Premier ministre devrait revoir sa décision et saisir le comité d’éthique afin que celui-ci puisse se déterminer si Corinne Cahen a «violé la lettre» ou l’«esprit» du Code de déontologie auquel sont soumis les ministres.
David Marques
la Commission Nationale d’Ethique doit enfin intervenir, elle peut parfaitement le faire « A SA PROPRE INITIATIVE » puisque le premier Bettel ne semble pas comprendre la causa Cahen ! cf. statuts de la CNE