Accueil | Politique-Société | [Communales] Déi Lénk : « L’original plutôt que la copie »

[Communales] Déi Lénk : « L’original plutôt que la copie »


Gary Diderich conseiller communal à Differdange et Vera Dockendorf, candidate à Luxembourg. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Face à la récupération de son programme par d’autres partis, déi Lénk stigmatise le «bilan misérable» en matière de logement de ses concurrents.

Depuis 2015, la croissance est de retour au Luxembourg. Et à en croire les prévisions, elle frôlera les 5 % l’an prochain, toujours accompagnée de celle démographique et du boom immobilier que l’on connaît. En même temps que, en raison de la myopie des gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, le logement est devenu une denrée rare, et quasiment inaccessible aux bas salaires.

Cette évolution, déi Lénk a été parmi les premiers à s’en inquiéter et c’est ce que le mouvement a tenu à mettre au clair vendredi, alors que les partis établis, dans un revirement qui aurait tous les traits d’une «farce», ont décidé de faire de la question du logement un de leurs thèmes centraux durant cette campagne des communales, comme le soulevait vendredi Vera Dockendorf, candidate de déi Lénk à Luxembourg, qui a qualifié le bilan des partis établis en matière de politique de logement d’«assez misérable». Plutôt que pour la copie, le parti de gauche radicale conseille donc de voter pour l’original le 8 octobre prochain.

Aux élections communales dans un peu moins d’un mois, déi Lénk se présente avec 145 candidats, dont la majorité sont des femmes. Ce n’est pas le seul aspect à travers lequel la Gauche compte se démarquer de ses concurrents : déi Lénk est également le parti qui compte le plus d’étrangers (29) sur ses listes dans les huit communes où il se présente (Differdange, Dudelange, Esch-sur-Alzette, Hesperange, Luxembourg, Pétange, Sanem et Strassen), et parmi lesquelles se trouvent les sept communes les plus peuplées.

Redonner sens à la croissance

La campagne de déi Lénk est axée autour de trois thèmes : la démocratisation des processus de décision, une planification communale sociale et écologique et, enfin, la création de logements abordables. Pour faire valoir l’autonomie des communes, le parti de gauche radicale mise sur un système de consultations, afin notamment de déterminer un budget participatif et renforcer l’acceptation de ses politiques.

«La croissance doit avoir un sens», martèle Gary Diderich, conseiller communal de Differdange et porte-parole du parti, qui n’hésitera pas une fois élu à profiter des subventions à hauteur de 75 % que l’État accorde aux communes désireuses de construire du logement social. Ou d’activer la loi de 2004 sur l’imposition des dents creuses urbaines, pour lutter contre la spéculation.

Vera Dockendorf envisage même un système de majoration, avec des amendes augmentant d’année en année, des bails emphytéotiques ou encore la création d’une agence immobilière communale pour aider les personnes à la recherche d’un logement et les protéger contre les abus. Pour la candidate à Luxembourg, c’est l’absence de «courage politique» dans le passé qui explique la situation «dramatique» actuelle, où le nombre de personnes dépensant plus de 40 % de leur salaire pour payer leur loyer ne cesserait d’augmenter.

Voilà pourquoi, après le 8 octobre prochain, déi Lénk espère disposer d’élus dans les communes où il se présente pour la première fois et conserver les mandats qu’il détenait déjà. «À Differdange, l’issue demeure incertaine», note Gary Diderich, seul élu déi Lénk de la ville du Sud, qui rappelle toutefois que «partout des gens sont en train de se détourner des partis traditionnellement affiliés à la gauche». Dans la capitale, déi Lénk espère conserver ses deux sièges et se veut «très optimiste» concernant Esch-sur-Alzette, «où le parti dispose d’une base forte et historique».

Frédéric Braun