Camille Gira, secrétaire d’État au Développement durable, estime que la centrale nucléaire de Tihange, située à 70 km du Grand-Duché, ne devrait pas redémarrer. Il doit rencontrer ce lundi le ministre belge de l’Intérieur, Jan Jambon, et la ministre de l’Energie, Marie-Christine Marghem.
« D’après nos connaissances actuelles, nous trouvons irresponsable de remettre en route cette centrale nucléaire (ndlr : de Tihange) », a affirmé Camille Gira dans une interview à la radio Bel RTL.
« La cuve au cœur du réacteur a présenté des fissures, les marges de sécurité deviennent de plus en plus petites. S’il y a un élément pour lequel il ne doit y avoir aucun doute, c’est la cuve. Les événements des derniers mois ne sont pas rassurants. (…) Un de nos spécialistes a pu assister à une réunion de 50 experts de 15 pays la semaine passée, mais il reste plus de questions après cette réunion qu’avant. (…) Même après trois ans d’investigations, on a l’impression qu’on est toujours pas sûr de la raison fondamentale de ces fissures, ni si elles n’évoluent pas dans le temps. La mise en route d’une nouvelle cuve avec ces défauts là ne serait pas acceptée. »
« De graves dangers pour la population »
Le secrétaire d’État doit rencontrer ce lundi le ministre belge de l’Intérieur, Jan Jambon, « pour vraiment faire part de nos peurs, pour avoir des informations supplémentaires, pour avoir des explications sur les causes profondes mais aussi pour voir si vraiment cette centrale peut rester active avec tous ses défauts ».
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« Le Luxembourg respecte à 100% la politique énergétique de ses pays voisins. Mais on a le droit et même l’obligation de se mobiliser pour protéger nos citoyens. On le fait depuis des années avec la centrale française de Cattenom, qui se trouve dans notre jardin à 8 km du Luxembourg. Ici, même à 70 km, quand on voit ce qui s’est passé à Tchernobyl ou à Fukushima, il y a de graves dangers pour la population. »
« On a des échanges plus rapides et réguliers avec la France »
Si Camille Gira a salué la transparence des autorités belges, il regrette que la collaboration n’aille pas aussi loin qu’avec les autorités françaises sur le sujet : « Nous avons une transmission plus régulière et plus rapide avec la France. (…) J’ai entendu que le gouvernement belge avait accordé des visites à Doel aux autorités néerlandaises et allemandes, même si le Luxembourg est un pays plus petit, on a le droit d’être traité sur un même pied d’égalité que les pays voisins. »
Et d’enfoncer le clou : « On a l’impression qu’on va dans la même direction qu’en 2013, comme lorsque, après un premier arrêt, on a laissé la centrale tourner après avoir fait une première enquête. Et seulement 18 mois après, on a vu qu’il y avait des problèmes plus substantiels. Aujourd’hui on a l’impression de vivre le même cas de figure. On laisse démarrer une centrale où toutes les questions ne sont pas résolues et cela, c’est dangereux avec le nucléaire. »
Le Quotidien
Rien à voir avec les superstitions à l’arrivé d’un nouveau millénaire. La peur est justifié, avez vous si vite oublié Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011 ?
Surtout qu’ici la balance bénéfice/risque est faussé par le profit.
Ah, la peur! Finalement, les hommes n’ont guère évolué depuis mille ans. Ce fut, à l’époque, la grande peur de l’an mille où tout devait s’écrouler, l’humanité comprise. On a juste changé l’objet de la peur.