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Budget : Gramegna assomme l’opposition


Pierre Gramegna a accusé le CSV de «vouloir provoquer la panique partout». (photo Didier Sylvestre

Il a eu réponse à tout et a envoyé le CSV dans les cordes. Le budget a été voté, mais avant cela le ministre a dû en découdre avec ses adversaires.

La passe d’armes était attendue et elle a eu lieu. Quand le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a répondu jeudi matin aux critiques émises par l’opposition la veille, il n’a pas fait dans la dentelle. Le ton était celui d’un candidat qui part en campagne et de bonne guerre. Le CSV de Claude Wiseler n’a pas épargné le gouvernement, mais le ministre a eu réponse à tout, renvoyant souvent ses opposants à leurs responsabilités antérieures et, chiffres à l’appui, il parvenait, à la fin de ses développements, à obtenir le silence.

Il en est ainsi de la réforme fiscale, très critiquée par le CSV qui l’estime onéreuse. Pourtant, Pierre Gramegna la compare à celles qui ont été menées par les gouvernements passés et constate que la sienne grève nettement moins les finances publiques. L’opposition, qui s’agite moins, oublie la question qui semblait lui brûler les lèvres.

Les chrétiens-sociaux avaient pris la défense des veuves et des veufs qui passaient à une classe d’impôt moins favorable, à savoir de la classe 2 à la classe 1A. Là encore, le ministre des Finances demeure stupéfait. Le CSV veut reconsidérer cette décision et s’appuie sur la pétition qui, il y a deux ans, demandait l’abolition de cet article. Elle avait recueilli plus de 4 500 signatures. «Ça coûte très cher et ça n’existe nulle part ailleurs», souligne le ministre. Ce reclassement intervenait auparavant après 5 années de veuvage, et ce délai a été ramené à 3 ans. Faut-il agir en urgence pour les personnes concernées, comme le réclame le CSV? Là encore, plus de questions ni de commentaires.

Pierre Gramegna peut bien comprendre que l’opposition vote contre le budget, «c’est dans la nature des choses», dit-il. Mais il observe que les chrétiens-sociaux, car c’est eux qu’il vise principalement, «voient tout en noir». Il les accuse de «provoquer la panique partout» et juge que cette attitude est mauvaise.

Le CSV surprend

Le ministre des Finances se veut beaucoup plus optimiste que ses adversaires. Il leur rappelle d’ailleurs que les salariés et les entreprises sont confiants et que le pays maintient le cap. Après avoir bien défendu son budget, Pierre Gramegna pensait en avoir fini de débattre avec le CSV. Que nenni.

L’adoption du compte général de l’exercice 2016 a pourtant suscité un débat assez inattendu pour la majorité. Alors que l’opposition, comme tous les membres de la commission de contrôle de l’exécution budgétaire, avait adopté le rapport à l’unanimité, le CSV a émis des critiques jugées d’ordre «politique», alors qu’il s’agit tout bonnement d’adopter les comptes «qui répondent à nos lois», comme le précise Gast Gibéryen (ADR), surpris par la sortie du CSV sur ce point.

C’est Diane Adehm, rapportrice du compte général, qui a mis le feu aux poudres en critiquant la présentation des chiffres qui laisse à penser que le déficit est moindre que dans la réalité. Ce sont les fameuses opérations exceptionnelles comme le remboursement de trois emprunts, l’alimentation du Fonds du rail et la participation financière au Fonds monétaire international (FMI) qui, sortis des dépenses, font varier le déficit de 260 millions d’euros à 1,3 milliard.

Revenu à la tribune, le ministre des Finances n’y voit rien de scandaleux dans la mesure où le déficit de 1,3 milliard est annoncé dès les premières lignes du budget. La présentation des comptes est celle qu’a choisie le gouvernement et le CSV n’a qu’à l’accepter, fait-il comprendre. C’est d’ailleurs une méthode plus transparente, estime encore le ministre.

Le rapport comporte malgré tout une série de recommandations parmi lesquelles une meilleure présentation pour les dépenses des fonds spéciaux de l’État et une évaluation des 258 mesures du paquet pour l’avenir.

Le budget a été voté à l’unanimité ainsi que la programmation pluriannuelle. Le compte général de l’exercice 2016 a lui aussi été adopté à l’unanimité.

Geneviève Montaigu