Était-ce judicieux de maintenir une conférence de presse en plein air, ce lundi à Luxembourg à l’occasion d’une visite liée au Brexit, non loin des manifestants pro-Europe de la Place Clairefontaine ? Douché par les huées dès son arrivée, le premier ministre britannique est du coup remonté dans sa voiture directement après la séance de travail.
Boris Johnson ne s’est pas arrêté au pupitre de la conférence de presse, laissant le premier ministre luxembourgeois bien seul face aux questions initialement réservées à Johnson !
« Je ne suis pas le porte-parole de Boris Johnson » ou encore, « le Brexit n’était pas mon choix, je ne peux pas vous répondre » : voici le genre de phrases qu’a dû sortir Xavier Bettel, face à la presse internationale restée sur sa faim.
Il est 16 heures ce lundi, quand Boris Johnson sort du ministère d’État accompagné de Xavier Bettel. Boris Johnson s’engouffre dans une berline directement. Les deux hommes ont trois quarts d’heure de retard sur le protocole diplomatique. Est-ce la seule raison du lapin posé pour la conférence de presse ? Pas sûr.
« C’est assez insensé »
Plus tôt dans l’après-midi, Boris Johnson avait été douché par les huées d’une petite foule massée devant les grilles de la place Clairefontaine de Luxembourg. Or, les deux pupitres pour la conférence finale avaient été dressés à quelques centaines de mètres des manifestants ! Un protocole qui a peut-être effrayé « Hulk ». « C’est assez insensé d’avoir laissé les pupitres proches de la foule, déplore une journaliste croisée parmi le « grouppetto » de la presse internationale. Évidemment que si Johnson avait pris la parole dans un cadre pareil, nous n’aurions rien entendu ».
Depuis Londres, Boris Johnson s’est ensuite expliqué sur ce raté. Il a effectivement évoqué un problème de bruit trop fort au micro de la BBC.
“I don’t think it would have been fair to the prime minister of Luxembourg »
Boris Johnson explains why he did not take part in a press conference alongside Luxembourg PM Xavier Bettel saying « there was clearly going to be a lot of noise” from protesters https://t.co/IdVgyC8rBd pic.twitter.com/PcxlmXT2gO
— BBC Politics (@BBCPolitics) September 16, 2019
Sur les réseaux sociaux, l’événement a été largement commenté. Des observateurs pro-Brexit ont jugé que cette façon d’accueillir devant les huées de la place publique était indigne, et relevait du piège. Il est vrai que d’autres chefs d’état en difficulté, notamment Emmanuel Macron en septembre 2018 (dans une atmosphère prè-Gilets jaunes) ont souvent eu le droit à des tribunes préservées lors de leur passage au Grand-Duché : conférence de presse en intérieur et débat avec un public accepté sur inscription pour le président français.
D’autres observateurs, telle que la Luxembourgeoise Viviane Reading, ont estimé que Boris Johnson n’avait rien apporté pour faire avancer le débat, donc rien à dire.
Johnson refuses to join Bettel for the press conference:empty chair-policy showing empty hands an no new announcements to make to the press.Where there is nothing,you cannot present something… https://t.co/EB4FdgQtyl
— Viviane Reding (@VivianeRedingEU) September 16, 2019
Le Quotidien