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Affaire du SREL : le CSV veut la tête de Bettel


Les députés CSV (de g. à dr.) Paul-Henri Meyers, Claude Wiseler et Marc Spautz exigent que toute la lumière soit faite dans cette «affaire». (photo C.D.)

Des révélations font état d’une rencontre privée entre le Premier ministre, Xavier Bettel, alors vice-président de la commission d’enquête sur le SREL, et un agent secret du service avant son audition. Le principal parti d’opposition, le CSV, s’est immédiatement engouffré dans la brèche et demande que toute la lumière soit faite dans cette «affaire» et que le Premier ministre en tire toutes les conséquences.

Le Parti chrétien-social n’a pas tardé à s’emparer des révélations faites par RTL Radio Lëtzebuerg et le Luxemburger Wort, lundi, pour mettre l’actuel Premier ministre dans une situation délicate.

Selon les éléments dévoilés, Xavier Bettel aurait rencontré, dans un cadre privé, un ancien agent du Service de renseignement de l’État (SREL), André Kemmer, le 17 décembre 2012. Or cet agent se trouvait à l’époque au centre du scandale des écoutes via un micro intégré dans une montre qui avait permis au SREL d’enregistrer l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker à son insu.

André Kemmer avait reconnu devant la commission d’enquête, en février 2013, avoir fourni à Marco Mille, ancien directeur du SREL, ladite montre enregistreuse, à la suite d’une demande de ce dernier, faite en 2008.

Ces aveux avaient été faits devant la commission d’enquête en présence de Xavier Bettel, qui en avait cependant démissionné deux mois plus tard, en avril 2013. Raison invoquée ce lundi par l’actuel Premier ministre pour justifier cette démission? Le fait de vouloir «éviter d’être manipulé et instrumentalisé (…) avant la remise du rapport final». Dans ce contexte, toute la question est de savoir ce qui s’est dit entre Xavier Bettel et André Kemmer, lors de leur discussion privée de 2012 et notamment s’ils se sont accordés sur ce qu’il fallait répondre aux membres de la commission d’enquête.

«La crédibilité de Bettel pourrait être engagée»

Pour couronner le tout, les révélations faites lundi font état d’une audition de Xavier Bettel, alors Premier ministre, par un juge d’instruction au mois d’octobre dernier.

Bref, il n’en fallait pas plus pour que le principal parti d’opposition, le CSV, s’empare de ces révélations afin de mettre la pression sur Xavier Bettel, qu’il souhaite voir démissionner, à terme. «Il est tout à fait inacceptable qu’un membre de la commission d’enquête reçoive individuellement un témoin et avant que celui-ci n’apparaisse devant la commission d’enquête elle-même. Cette démarche est contraire à tout principe juridique», fustige le chef du groupe parlementaire du CSV, Claude Wiseler.

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Le deuxième reproche fait à l’actuel Premier ministre est qu’il n’a pas informé la commission d’enquête de cet entretien privé, alors que celle-ci constitue «un organe qui agit dans son ensemble et non un membre individuel qui a le pouvoir d’un juge d’instruction, comme l’a dit Xavier Bettel, hier (lire lundi)».

En ce qui concerne la raison qui aurait poussé Xavier Bettel à la démission de la commission d’enquête (avril 2013), le CSV se montre sceptique et met Xavier Bettel face à ses déclarations «contradictoires», selon lesquelles il aurait «immédiatement démissionné» après son entretien privé avec l’ancien agent du SREL (décembre 2012).

«C’est archifaux!, rétorque Claude Wiseler. Xavier Bettel n’a démissionné que quatre mois plus tard et a même pris part à une tenue de ladite commission, au cours de laquelle il a même posé une trentaine de questions à André Kemmer», s’indigne encore Claude Wiseler, qui estime que si les faits étaient avérés, la crédibilité du Premier ministre serait remise en question.

Claude Damiani

Bodry, Bausch et Meisch mis en cause : «Qui savait quoi?»

Si le CSV exige que toute la vérité soit faite sur les allégations de Xavier Bettel, il profite aussi de l’occasion pour remettre en question l’implication du président de la commission d’enquête, Alex Bodry, son rapporteur, François Bausch, et son autre vice-président, Claude Meisch. «Étaient-ils au courant de l’entretien privé entre Xavier Bettel et André Kemmer, et connaissent-ils les véritables raisons de sa démission de la commission d’enquête? Qui savait quoi?», s’interroge Claude Wiseler.

Le député CSV a en tout cas prévenu que si toutes les révélations étaient avérées, la confiance avec le Premier ministre serait «rompue». Le groupe politique du CSV est d’ailleurs «prêt à utiliser tous les moyens parlementaires en sa possession pour faire toute la lumière dans cette affaire».