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Affaire Bettel / Kemmer : l’heure de vérité ce mardi après-midi


Xavier Bettel serrant la main d'André Kemmer le 19 février 2013, avant son audition par la commission d'enquête parlementaire sur le SREL. (photo archives LQ)

Devant les députés ce mardi après-midi, le Premier ministre, Xavier Bettel, sera mis sous pression par un CSV qui veut toute la vérité sur la rencontre qu’il a eue en secret avec André Kemmer.

Le Premier ministre s’est mis dans une mauvaise posture, mais il est prêt à prendre des coups de bâton. Il a fait une énorme gaffe, amplifiée par les différentes versions qu’il a livrées sur les motivations de sa démission de la commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements du SREL. L’ombre de Jean-Claude Juncker va planer au Marché-aux-Herbes.

Xavier Bettel a tendu le bâton pour se faire battre et les chrétiens-sociaux vont se retrousser les manches, ce mardi à la Chambre des députés, pour lui faire passer une sale heure d’actualité. Elle est consacrée, sur demande du groupe CSV, à la rencontre entre l’ex-agent du Service de renseignement de l’État du Luxembourg (SREL) et l’actuel Premier ministre alors que celui-ci, député de l’opposition, coiffait la casquette de vice-président de la commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements du SREL.

Cette rencontre aurait eu lieu en décembre 2012, donc peu de temps après que la Chambre eut donné son feu vert, le 4 décembre 2012, à la mise en place de la commission d’enquête. Depuis que RTL Radio et le Wort ont révélé cet épisode et sa conséquence, l’audition de Xavier Bettel par un juge d’instruction à l’automne dernier, le CSV ne lâche pas son os.

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Certes, Xavier Bettel a démissionné de la commission d’enquête et n’a pas participé à la rédaction du rapport final. En revanche, entre le 17 décembre 2012 et la date de sa démission, le 9 avril 2013, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Surtout, il a assisté à l’audition d’André Kemmer par la commission d’enquête lors de laquelle il n’a pas hésité à « poser une trentaine de questions », à l’ex-agent du SREL, se souvient le CSV.

Et forcément, ça fait désordre. Il ne parle à personne de cette rencontre et encore moins au président de la commission d’enquête, Alex Bodry. Quand il décide de démissionner, il invoque une surcharge de travail. « C’était faux! », s’insurge aujourd’hui Claude Wiseler qui ne lâche pas la pression.

Lundi, lors des petits déjeuners de l’opposition, le chef de file des chrétiens-sociaux en a remis une couche, quitte à se répéter. « Depuis, nous avons eu une autre version, celle qu’il a donnée au micro de RTL et dans laquelle il explique avoir eu le sentiment d’être instrumentalisé par André Kemmer », rappelle Claude Wiseler.

Xavier Bettel, témoin dans quelle enquête?

À ses côtés, Marc Spautz, président du parti, a trouvé une troisième version. Le 29 septembre 2013, lors d’une table ronde en pleine campagne électorale, Xavier Bettel a avancé qu’il avait finalement jeté l’éponge parce qu’il se sentait «bloqué» par le CSV et que cela était «frustrant». Pour le CSV, il s’agit là encore d’un mensonge.

Aujourd’hui, face aux députés, Xavier Bettel sera invité à faire toute la transparence sur cette entrevue. « Nous voulons connaître le contenu de cet entretien et notamment et pouvoir vérifier ce que nous lisons dans la presse », enchaîne Claude Wiseler. Avant tout, il y a une déclaration précise qui taraude le CSV : « Ça ne peut plus continuer avec Juncker », aurait dit Xavier Bettel à André Kemmer, selon les déclarations de ce dernier devant le juge d’instruction. Mais à quoi Xavier Bettel faisait-il référence? À la tutelle calamiteuse du SREL? Au penchant pour l’alcool qui est souvent reproché à l’ancien Premier ministre et actuel président de la Commission européenne?

Les débats risquent d’être aussi enflammés que ceux du 10 juillet 2013 qui se sont soldés par la décision d’organiser des élections anticipées. « Pourquoi Xavier Bettel a-t-il le sentiment d’avoir été manipulé, instrumentalisé? », interroge Claude Wiseler qui compte bien obtenir une réponse ce mardi.

En revanche, le CSV se dit surpris de la demande de déi Lénk. « Ils veulent une heure d’actualité au sujet des enquêtes judiciaires ouvertes suite aux constatations de la commission d’enquête sur les dysfonctionnements du SREL puisqu’on ne discute pas d’affaires judiciaires en cours », juge Claude Wiseler.

Plus précisément, déi Lénk veut savoir dans le cadre de quelle enquête a été entendu Xavier Bettel en octobre dernier. «Contre quelles personnes et pour quelles infractions a-t-elle été diligentée?», demande la Gauche.

Reste à savoir si Xavier Bettel apportera toutes les réponses à ces questions, ce mardi après-midi, devant les députés.

Geneviève Montaigu