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Paris-Bruxelles : les mêmes hommes


La place de la Bourse, au centre de Bruxelles, hier, devenue lieu de recueillement et de rassemblement. (Photo AFP)

Trois kamikazes des attentats de Bruxelles, tous liés aux attentats de Paris, ont été identifiés, mercredi, alors que les Belges rendaient un émouvant hommage aux victimes des attaques.

Symbole de l’émotion suscitée par ces attaques revendiquées par l’État islamique, qui ont frappé mardi matin l’aéroport international puis une station de métro du quartier européen, la place de la Bourse, dans le centre, transformée en mémorial aux victimes, était envahie de messages à la craie, de drapeaux, de bougies et de fleurs.

À la mi-journée, le procureur fédéral belge avait identifié les deux premiers kamikazes comme étant les frères Ibrahim et Khalid Bakraoui. Ils se sont fait exploser mardi à une heure d’intervalle : le premier à l’aéroport, juste avant 8h, le second à la station de métro de Maelbeek, selon le procureur Frédéric Van Leeuw. Le troisième kamikaze a été identifié comme étant Najim Laarchaoui, ont indiqué des sources policières. Laarchaoui était recherché depuis que son ADN avait été retrouvé dans plusieurs habitations louées par les commandos des attentats de Paris. Ainsi que sur du matériel explosif utilisé lors de ces attaques du 13 novembre.

Un quatrième homme – qui figurait avec Ibrahim El Bakraoui et Laarchaoui sur une photo de vidéo-surveillance en train de pousser des bagages à l’aéroport – était en fuite et activement recherché. Il n’a pas été identifié par les enquêteurs. «Son sac contenait la charge la plus importante». Elle a explosé plus tard que prévu «après l’arrivée du service de déminage», permettant probablement d’éviter un bilan plus lourd.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que l’un des kamikazes avait été arrêté en juin près de la frontière syrienne avant d’être expulsé vers la Belgique, prévenue du risque terroriste qu’il représentait. Un haut responsable turc a précisé qu’il s’agissait d’Ibrahim El Bakraoui. Ces déclarations risquent d’alimenter la polémique sur la responsabilité des services de sécurité dans ces nouveaux attentats, survenus malgré une pression policière très forte sur les réseaux jihadistes depuis les attentats de Paris. Elles devraient aussi nourrir le débat des ministres européens de l’Intérieur et de la Justice, convoqués à une réunion extraordinaire aujourd’hui à Bruxelles.

Elles pourraient aussi être difficiles à entendre pour les familles des victimes, déjà soumises à une longue attente en raison de la difficulté à identifier des corps parfois déchiquetés par les explosions.

Le «testament» d’un homme aux abois

Liés aux commandos de Paris, les frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, respectivement 29 et 27 ans, ont un passé de criminels endurcis. Mais selon le procureur, l’aîné a laissé un «testament» qui donne l’impression d’un fugitif aux abois juste avant de passer à l’acte. Khalid aurait loué sous un faux nom une planque à Charleroi, d’où est partie une partie des commandos du 13 novembre, et un appartement de la commune bruxelloise de Forest, où une perquisition le 15 mars avait permis de retrouver la trace de Salah Abdeslam. Ce dernier, suspect-clé des attentats de Paris, a été capturé vendredi dernier dans sa commune bruxelloise de Molenbeek après quatre mois de cavale.

Selon les informations données par le procureur, Ibrahim et les deux autres assaillants de l’aéroport ont préparé leur attentat depuis un appartement de Schaerbeek, une autre commune de Bruxelles. Outre un drapeau de l’EI, la fouille de cet appartement – dont l’adresse avait été communiquée à la police par le chauffeur de taxi qui a emmené les trois hommes à l’aéroport – a permis de retrouver un véritable atelier de fabrication de bombes : «15 kilos d’explosifs de type TATP, 150 litres d’acétone, 30 litres d’eau oxygénée, des détonateurs et une valise remplie de clous et de vis», selon le procureur.

Dans une poubelle de la rue où se trouvait cette planque, les enquêteurs ont retrouvé un ordinateur contenant un message «testament» d’Ibrahim El Bakraoui. Il y déclare «ne plus savoir quoi faire», «être recherché de partout». Il semble avertir des complices que «s’ils s’éternisent, ils risquent de terminer à côté de lui». Une apparente allusion à Salah Abdeslam, incarcéré à Bruges dans l’attente d’un transfert réclamé par Paris.