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Thomas Murer (Top Chef) : « Je veux être un cuisinier différent »


Thomas Murer et son épouse Emeline, dans le restaurant La Mirabelle où ils travaillent, à Luxembourg-Ville. (photo Sylvain Amiotte)

Qualifié lundi pour la 5e semaine du concours Top Chef, Thomas Murer a atteint son pari de figurer dans le top 10. Mais son véritable objectif reste de devenir chef et de partager sa passion dans un restaurant à taille humaine.

« C’est une épreuve que je n’ai pas appréciée. Des volailles, j’en ai fait des milliers, mais là… » Malgré un manque de précision dû au stress, Thomas Murer s’en est tout de même bien sorti, lundi, lors de l’épreuve des Meilleurs ouvriers de France (MOF), durant laquelle les candidats avaient deux heures pour cuisiner un poulet aux écrevisses, avec des pommes dauphines, dans les conditions du concours de MOF.

Alors que quatre candidats ont été éliminés avant la fin pour des fautes techniques, l’Alsacien du Grand-Duché, second de cuisine chargé des sauces et des viandes au restaurant La Mirabelle à Luxembourg, a été l’un des deux derniers à rester en lice jusqu’au bout et s’est qualifié pour la 5e semaine du concours. « Je n’ai jamais été aussi nul, je m’en veux », a-t-il dit devant les chefs.

Et pourtant. Sur les seize candidats de départ, il n’en reste plus que dix, or Thomas s’était fixé au départ l’objectif… « d’arriver dans le Top 10 ». C’est donc du bonus désormais.

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Un peu timoré à l’écran jusqu’ici, le jeune papa, qui ne sert que « du fait-maison » à sa fille d’un an et demi, promet de monter en puissance au fil du concours : « Philippe Etchebest va me dire de me lâcher un petit peu. C’est vrai que je suis moins extraverti que certains. Mais c’est aussi que chaque candidat est casté par la production. Je l’ai vu sur leurs fiches : Pierre Eon c’est l’artiste, Coline (Faulquier) c’est la mère au foyer, moi c’est le « militaire »… C’est comme ça. »

« On n’a quasiment pas d’échange avec les chefs »

Treize des seize candidats retenus pour Top Chef auraient ainsi été « castés », recrutés sur mesure par l’émission, tandis qu’à peine trois, dont Thomas,  sont passés par le chemin de la candidature spontanée et du test de sélection.

Thomas joue le jeu, par amour de la cuisine et de sa famille : « Top Chef me permet de montrer de quoi je suis capable et de me dépasser. » Et ce même si l’univers médiatique lui est quelque peu étranger : « Lors de certaines épreuves dans des lieux spéciaux, il y avait parfois plus de 100 techniciens autour de nous. C’est impressionnant, c’est une très grosse organisation. »

Thomas regrette que les discussions avec les chefs de l’émission aient été aussi limitées durant les enregistrements (répartis sur 6 semaines en octobre-novembre 2015) : « On n’a quasiment pas d’échange avec eux, c’est dommage. Dès qu’on a fini une épreuve, on part en interview. D’ailleurs on y passe énormément de temps et au final ils n’en diffusent que très peu. »

Le résident luxembourgeois goûte au charme de la télévision – « dans la rue, on commence à me reconnaître, c’est marrant » -, son épouse doit gérer sa communication et sa page Facebook pour le soulager… Mais l’essentiel est ailleurs.

Devenir chef et ouvrir son restaurant

À 27 ans, Thomas Murer, second à La Mirabelle, aspire à devenir chef de cuisine et le concours peut lui donner un coup de pouce pour y parvenir. Pour exprimer sa créativité et composer lui-même la carte du restaurant : « Avec Jocelyn (ndlr : Biscarrat, chef de La Mirabelle), on discute régulièrement, mais c’est toujours lui qui a le dernier mot ! », sourit Thomas, qui rêve d’ouvrir son propre établissement avec son épouse Emeline, chef de salle à La Mirabelle.

Depuis le début de l’émission, le cuisinier reçoit des offres, mais ne veut pas se précipiter : « Certains veulent simplement profiter de ma notoriété pour faire de l’argent, ils se moquent de la cuisine. Moi, je recherche un projet sérieux dans une petite structure à taille humaine, un vrai concept où je puisse m’épanouir en faisant ma cuisine, avec uniquement des produits frais locaux. »

« Il faut faire ce métier avec passion »

Le jeune cuisinier imagine des échanges de personnels entre restaurants, des ateliers pour les clients qu’il emmènerait chez les producteurs avant de leur faire déguster ses plats : « L’essentiel pour moi, c’est le partage avec les gens. Je ne veux pas être un cuisinier comme tout le monde. »

« Aujourd’hui, c’est de plus en plus compliqué de trouver du bon personnel, en cuisine comme en salle. Il y a une crise des vocations car les conditions de travail sont difficiles. On bosse 15 heures par jour et pour moi, il faut faire ce métier avec passion. »

Le partage et la passion : l’émission aura conduit Thomas à de belles rencontres humaines, notamment avec Charles et Kevin : « Charles est parti travailler chez Kevin en Belgique. Ce sont vraiment des amis, on s’appelle souvent depuis l’émission. »

Sylvain Amiotte