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Réfugiés à Strassen : les habitants s’interrogent


Entre 500 et 600 personnes étaient hier soir à Strassen pour échanger sur l'accueil des réfugiés. (Photo : Isabella Finzi)

L’ancien Centre de logopédie de Strassen a été réquisitionné pour accueillir des demandeurs d’asile. Les habitants ont eu, lundi soir, l’occasion d’échanger avec les autorités à ce sujet.

L’intérêt des riverains de la commune s’est avéré immense, à en juger par le nombre de personnes présentes, lundi soir, au Centre culturel Paul-Barblé.

De 500 à 600 personnes s’étaient en effet réunies au centre culturel pour écouter la ministre de la Famille et de l’Intégration. Mais la réunion d’information s’est avant tout voulue interactive : les questions ont afflué et les habitants de Strassen ont tous eu droit à des réponses, qu’elles les aient satisfaits ou non. Le collège des bourgmestre et échevins de la commune de Strassen, mais aussi des représentants de l’OLAI, de la direction de l’Immigration et de la Croix-Rouge, ont participé au débat interactif et constructif.

Le bourgmestre, Gaston Greiveldinger, a ouvert la soirée en rappelant que trois familles de demandeurs de protection internationale, qui ont reçu le statut de réfugié, avaient élu domicile dans la commune, dans les rues des Romains et Henri-Dunant. Avant d’appeler à éviter l’écueil de l’amalgame entre réfugiés reconnus comme tels et personnes en instance de reconnaissance.

Puis, le bourgmestre de rappeler que 300 à 320 personnes, au total, allaient être amenées à être hébergées à l’ancien Centre de logopédie, place Thomas-Edison. «Le lycée attenant, le LTPS, a fait part de son soutien, en affichant un message visible depuis ses fenêtres», a-t-il souligné. Avant, pour Gaston Greiveldinger, d’évoquer «une base d’humanisme flamboyante» et d’inviter la salle «à en parler ouvertement», car «ces personnes n’ont pas uniquement ramené un ou deux sachets en plastique avec elles, mais bien plus de choses, comme de la culture, mais aussi du savoir». Le bourgmestre a conclu son allocution en indiquant que «l’on n’a pas la science infuse» au sujet de la crise générale des réfugiés.

La ministre de la Famille, Corinne Cahen, s’est pour sa part attachée à fournir des réponses à toutes les interrogations des habitants de la commune. «Les gens ne resteront pas au Centre de logopédie, d’une part, car il sera fermé à l’horizon mi-2016, et, d’autre part, parce qu’il s’agit d’un centre de primo-accueil qui répartit les réfugiés reconnus comme tels par les autorités dans les autres structures», a-t-elle expliqué à certains riverains inquiets quant à leur voisinage. Concernant certaines mères réservées à l’idée de voir leurs enfants côtoyer des enfants de réfugiés, la ministre s’est montrée catégorique : «Vous ne verrez pas ces enfants, puisque la procédure veut qu’ils soient scolarisés durant une année dans des classes d’accueil, à part.»

Inquiétudes sur la sécurité

La discussion a quelque peu dépassé son cadre initial et quelques remarques aux relents populistes, mais légitimes à leurs yeux, se sont invitées au sein du débat. «Je vois des gens au même faciès que celui des réfugiés rôder autour de nos maisons», dit, par exemple, cette habitante. «Est-ce que le commissariat de proximité de Strassen sera ouvert plus que quinze minutes tous les quinze jours?», renchérit un habitant qui craint pour sa sécurité. La ministre Cahen et le bourgmestre Greiveldinger ont tenu à couper court à ces allégations. «La criminalité a toujours existé, où que ce soit, et elle est par ailleurs très basse chez les demandeurs de protection, car ils n’ont certainement pas envie de se faire arrêter par la police», ont-ils tenu à préciser, en chœur. Puis les deux responsables politiques de conclure : «Il ne faut pas généraliser, il y a des bons et des mauvais partout!»

D’ailleurs, toutes les personnes accueillies à l’ancien Centre de logopédie sont identifiées et sont encadrées par un service de sécurité, 24h/24, ajoute la ministre. «Cela dit, on préfère que ces personnes puissent circuler et la Croix-Rouge ne s’est pas montrée enthousiaste quant à la présence d’un employé communal sur place», répond-elle, quelque peu excédée.

Une fois la pseudo-polémique éteinte, d’autres administrés de Strassen ont, quant à eux, abordé la question de l’aide, de toutes sortes, qu’ils pouvaient potentiellement apporter aux demandeurs d’asile dans le besoin. «Plus de mille personnes se sont manifestées auprès de l’OLAI la semaine dernière», a annoncé la ministre. «Toutes les aides sont les bienvenues, mais en ce qui concerne les vêtements, les tailles S et M sont les plus appropriées à la corpulence des Syriens», a-t-elle spécifié, avant d’ajouter que beaucoup de personnes arabophones s’étaient également manifestées bénévolement et qu’elles étaient les bienvenues, notamment en matière de traduction.

Sur un dernier point, certains riverains de Strassen se sont interrogés sur le contact social avec les demandeurs d’asile, sur le voile porté par certaines musulmanes La ministre a rappelé que l’objectif du gouvernement était d’intégrer au plus vite les réfugiés reconnus comme tel et que la burqa était, par exemple, interdite à l’école luxembourgeoise. Bref, les habitants de Strassen ont eu des réponses à leurs questions, même si celles-ci ne les ont pas toujours forcément convaincus. C’est aussi cela, la démocratie.

Claude Damiani

Un commentaire

  1. Une bonne nation, reflets d’une image de la richesse, et le bonne geste, si dialogue entre eux, pour faire d’une tranquilliser au fonds d’une société historiques, comme Luxembourg, la Ministre a bien fait….Grand Merci.

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